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Les barbares fantômes de Myriam Marzouki

À la une, Béthune, Bobigny, Coup de coeur, Dijon, Les critiques, Reims, Saint-Brieuc, Théâtre

Photo Christophe Raynaud de Lage

L’autrice et metteuse en scène fouille dans l’histoire, les lois et les représentations, à la recherche de ces éléments qui pourraient expliquer pourquoi certains citoyens ne sont pas perçus comme français. Un spectacle d’une remarquable subtilité, loin, très loin des clichés.

« Et maintenant, qu’allons-nous devenir, sans barbares. Ces gens-là, en un sens, apportaient une solution. » Par ces mots du poète grec Constantin Cavafis, ultimes vers d’En attendant les barbares, tout commence et tout finit pour Myriam Marzouki. Alors qu’elle travaillait sur son précédent spectacle, Ce qui nous regarde, consacré aux regards portés sur les femmes voilées, l’autrice et metteuse en scène se heurte à une problématique plus large, celle de la citoyenneté. « Toutes les femmes interrogées m’avaient répondu : on ne me regarde pas comme française. Alors qu’elles l’étaient toutes », explique-t-elle. De ce constat, est né Que viennent les barbares, sorte de patchwork textuel qui veut comprendre pourquoi, et surtout comment, certains citoyens, en raison de leur nom, leur couleur de peau ou leur religion, ne sont pas perçus comme français.

En compagnie de Sébastien Lepotvin, Myriam Marzouki est allée fouiller dans l’histoire et les lois pour remonter le fil des représentations. Par les temps grossiers qui courent, il eût été aisé de sombrer dans les clichés et le manichéisme. Adepte d’un théâtre de la pensée, en lien, toujours, avec l’actualité la plus brûlante, la metteuse en scène évite ces écueils mortifères et décale subtilement le débat. A l’heure où beaucoup d’éditorialistes et d’intellectuels plus ou moins éclairés jugent et assènent sur cette thématique de l’identité, elle préfère explorer et ouvrir le champ des possibles, de la façon la plus fertile qui soit.

De ces recherches, Myriam Marzouki est revenue avec une cohorte de fantômes, qui sont tous le « barbare » d’un autre, selon l’acception antique du terme. Par le truchement de la fiction, directement extraite de la correspondance de Jean Sénac avec Albert Camus, de l’oeuvre de Constantin Cavafis, ou librement inspirée d’entretiens ou de récits de Mohamed Ali, James Baldwin et Claude Lévi-Strauss, elle les convoque, tous et d’autres comme le député révolutionnaire de Saint-Domingue Jean-Baptiste Belley, et leur demande de répondre à nos interrogations actuelles.

Dans leur attitude et leurs mots, les deux journalistes qui interrogent James Baldwin et Mohamed Ali, tout comme l’employée de l’ONFUIT – pour Office national français universel de l’intégration totale – aux prises avec Jean-Baptiste Belley et Claude Lévi-Strauss, ne sont pas, en eux-mêmes, racistes. Tout juste sont-ils les porte-voix d’un universalisme à la française qui, au nom de l’intégration républicaine, veut gommer les différences et ne comprend pas la puissance intime, et parfois politique, des revendications identitaires. Emergent, alors, des éléments de réponse à cette perception, souvent inconsciente, de l’autre comme étranger : son absence calculée de l’Histoire, une législation aux effets pervers, une égalité légale, mais pas réelle.

Dans cette quête intellectuelle, où rien n’est présenté comme définitif, mais où tout donne matière à penser, l’ensemble impeccablement dirigé des comédiens, et tout particulièrement Louise Belmas et Maxime Tshibangu, se comportent tels des passeurs de mots et d’analyse. Non sans quelques pointes d’humour, disséminées ça et là, ils se laissent guider par la remarquable subtilité de Myriam Marzouki et Sébastien Lepotvin, et profitent du travail chorégraphique de Magali Caillet-Gajan et scénographique de Marie Szersnovicz. Tour à tour ring de boxe ou hall d’accueil, salle de bar ou salle de danse, la scène, dans les dernières encablures du spectacle, devient glaçante, et renversante, lorsqu’elle prend les allures d’une exposition universelle, où les femmes et les hommes sont réduits au rang de bêtes de foire. Il y a quelque chose, dans cette image, de l’Exhibit B de Brett Bailey. La polémique en moins.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Que viennent les barbares
Mise en scène Myriam Marzouki
Texte et dramaturgie Sébastien Lepotvin et Myriam Marzouki, avec des extraits de Constantin Cavafis et Jean Sénac, et des passages librement inspirés des interviews et récits de Mohamed Ali, James Baldwin et Claude Lévi-Strauss

Avec Louise Belmas, Marc Berman, Yassine Harrada, Claire Lapeyre Mazérat, Samira Sedira, Maxime Tshibangu
Scénographie Marie Szersnovicz
Lumière Christian Dubet
Son Jean-Damien Ratel
Costumes Laure Maheo
Assistante à la mise en scène et regard chorégraphique Magali Caillet-Gajan
Construction décor Ateliers de la MC93

Production MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
Coproduction Comédie de Béthune — CDN Hauts-de-France, Comédie de Reims — CDN, La Passerelle — Scène nationale de Saint-Brieuc, Compagnie du dernier soir
Avec le financement de la Région Île-de-France, le soutien de la SPEDIDAM, société de perception et de distribution gérant les droits des artistes interprètes, et du théâtre L’Echangeur — Bagnolet. Avec l’aimable autorisation de France Musique.
Ce texte est lauréat de l’Aide à la création de textes dramatiques – ARTCENA.

Durée : 1h40

MC93 — Maison de la Culture de Seine Saint-Denis, Bobigny
Du 13 au 23 mars 2019

La Comédie de Reims — Centre dramatique national
Du 26 au 29 mars

La Passerelle — Scène nationale de Saint-Brieuc
Le 4 avril

MC2 : Grenoble
Du 9 au 11 avril

La Comédie de Béthune — CDN Hauts-de-France
Du 23 au 26 avril

Théâtre Dijon-Bourgogne, CDN, dans le cadre du festival Théâtre en mai
Du 27 au 29 mai

20 mars 2019/par Vincent Bouquet
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