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Projet Newman, les feux de l’amour au TQI

À la une, A voir, Ivry, Les critiques, Théâtre, Vannes
Baptiste Muzard

photo Baptiste Muzard

Avec beaucoup d’humour et d’esprit, Amine Adjina et Emilie Prévosteau, artistes associés au Théâtre des Quartiers d’Ivry, interrogent l’incroyable pouvoir d’attraction d’un héros de fiction télévisée dans leur réjouissant Projet Newman.

Rivée sur son écran de télévision, une mère de quatre enfants en plein désert affectif regarde les épisodes en diffusion différée des Feux de l’amour et tombe follement éprise du héros Victor Newman. Arrogant pour certains, blâmable pour ses tumultueuses aventures sentimentales émaillées de mariages et de divorces à la pelle, l’homme à la moustache demeure un véritable bourreau des cœurs, ô combien désirable et désiré. Élégance, finesse, intelligence, puissance, virilité, protection, aucune qualité ne semble lui manquer. Si bien qu’un jour, la femme prend la décision de le suivre, de partir le rencontrer. Sans rien dire ni demander à personne, elle disparaît. Dans l’attente, sa famille organise des rituels cherchant à tromper l’ennui, la solitude, le manque, puis prend le parti d’aller à sa recherche en se livrant à un jeu de rôles vertigineux où se brouillent drôlement la fiction et la réalité, le masculin et le féminin, le travestissement et la véritable mise à nu.

Référencée, la pièce mêle les genres et les registres. sous les attraits d’un divertissement léger, se développe une certaine profondeur de pensée qui fait voisiner la satire avec l’étude sociologique. Inspirée du philosophe allemand Günther Anders qui, dans L’Obsolescence de l’homme, décrit et déplore la suffisance d’un monde où l’être a perdu tout contenu et qui, ne contrôlant plus rien, se laisse prendre au piège de l’auto-aliénation, la pièce décrit sans pesanteur la médiocrité, le vide du quotidien, la dislocation de la cellule familiale, le besoin irrémédiable de fantasme amoureux et le désir d’évasion.

Son propos pertinent et sa mise en scène stimulante se voient surtout dopés à l’énergie virevoltante d’un irrésistible trio d’acteurs. En simple slip ou en jupe et bas nylon, arborant une poitrine postiche et des perruques de diva, Romain Dutheil, Guillaume Mika et Maxime Mikolajczak éblouissent en campant tour à tour les jeunes membres de la fratrie orpheline qui conjurent la morosité en s’adonnant au sport intensif et à la musique pop, la figure de la mère à la fois absente et omniprésente, et les héroïnes féminines du feuilleton télévisé. Sans donner dans la caricature, ils font une composition empreinte autant de fantaisie que de sincérité. Ils amusent en reproduisant avec malice la sur-affectation mélodramatique des expressions lacrymales et des poses ostentatoires caractéristiques du soap opéra. Projet Newman apparaît comme un petit miracle scellant la fin d’une période particulièrement troublée au TQI, pour cela aussi, il séduit.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Projet Newman

Conception et mise en scène Amine Adjina & Emilie Prévosteau

Texte Amine Adjina

Avec Romain Dutheil, Guillaume Mika, Maxime Mikolajczak, Emilie Prévosteau

Régie générale Azéline Cornut
Scénographie Mathieu Lorry-Dupuy

Création sonore Fabien Aléa Nicol

Création vidéo Nicolas Comte

Création lumières Bruno Brinas

Costumes et maquillage Majan Pochard

Régie générale et plateau Olivier Fauvel

Régie lumière et vidéo Olivier Modol

Administration, Production Adeline Bourgin

Production Compagnie du double

Co-production Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN Val de Marne, l’Agora-Desnos – Scène nationale d’Evry et de l’Essonne, La Halle aux grains – Scène nationale de Blois, le Théâtre de Chartres, le Théâtre de la Passerelle – Scène nationale des Alpes du Sud, le Gallia Théâtre – Scène conventionnée d’intérêt national d’Art et Création de Saintes et Théâtre du Fil de l’Eau à Pantin.

Avec l’aide à la résidence et l’aide à la création de la DRAC Centre Val de Loire

Avec l’aide à la création de la Région Centre Val de Loire

Avec le soutien Fonds de dotation Porosus, CAPEtoile à Montreuil, Théâtre du Chevalet – Noyon (60), et Les Plateaux Sauvages (75)
Résidences: Théâtre du Chevalet – Noyon (60), Théâtre de la Colline – Paris et Le Grand Parquet – Théâtre Paris Villette sous la programmation des Plateaux sauvages, Le Théâtre de la Passerelle-Scène nationale des Alpes du Sud.

La Compagnie du Double est en résidence au Théâtre le Fil de l’Eau à Pantin avec le soutien du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis.

Projet Newman reçoit l’aide de l’ADAMI : L’Adami gère et fait progresser les droits des artistes-interprètes en France et dans le monde. Elle les soutient également financièrement pour leurs projets de création et de diffusion. La culture avec la copie privée.

Durée : 1h45

Création au Théâtre de Vanves – Mercredi 16, Jeudi 17 et Vendredi 18 Octobre 2019

Théâtre des Quartiers d’Ivry
mar 10 déc 20h30
mer 11 déc 20h30
jeu 12 déc 19h30
ven 13 déc 20h30
sam 14 déc 17h00
dim 15 déc 15h00
mar 17 déc 20h30
mer 18 déc 20h30
jeu 19 déc 19h30
ven 20 déc 20h30
sam 21 déc 17h00
dim 22 déc 15h00

Scène nationale de l’Essonne, Agora-Desnos
Jeudi 9 janvier 2020 à 19h
Vendredi 10 janvier à 20h

19 décembre 2019/par Christophe Candoni
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