Après La loi du marcheur en 2010 autour de textes du critique de cinéma Serge Daney, Nicolas Bouchaud et Eric Didry se sont plongés dans un livre de John Berger et Jean Mohr qui raconte la vie d’un médecin de campagne. Comme toujours Nicolas Bouchaud est épatant et énergique. Mais le spectacle est tout de même en dent de scie.
Le style Nicolas Bouchaud, c’est un style direct sur scène. Il regarde le public. Il l’interpelle. Ce qui pourrait être dérangeant avec beaucoup de comédiens est un plaisir avec lui. Car il le fait avec tact. « Je voudrai avoir le temps de voir tout le monde » dit-il au début du spectacle, avoir le temps de citer les noms de chaque spectateur. « Y a pas un médecin, là ? » Personne ne répond. Le médecin, c’est lui. John Sassal, médecin de campagne installé en Angleterre en pleine forêt.
« Le médecin doit être capable de s’incarner dans une personne vulnérable.» Ce guérisseur des maux et aussi un guérisseur de l’âme. C’est l’une des trames du spectacle. Nicolas Bouchaud et Eric Didry nous offrent de belles surprises comme des tours de magie ou un concert désopilant réalisé avec les ustensiles du médecin qui deviennent des instruments de musique. C’est techniquement très bien fait. On aime aussi quand Nicolas Bouchaud utilise la forme interrogative et s’adresse au public sans attendre de réponse. Mais parfois l’attention faiblit. Et lorsqu’il est fait un parallèle entre le roi Lear et la vie du médecin on est moins convaincu. « Le corps naturel de Lear qui lui pousse, c’est la vie » dit Nicolas Bouchaud. On mêlant sa propre expérience de comédien (il évoque aussi Galilée – un des rôles marquants de sa carrière) et l’existence de ce médecin, il arrive à la conclusion que « la poésie , c’est comme un soin ».
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
L’ Angleterre rurale des années 1960, une zone économiquement défavorisée. Après avoir exercé dans la Royal Navy pendant la Seconde Guerre Mondiale, John Sassall travaille aujourd’hui comme médecin de campagne. Dans cette petite communauté à laquelle, par son vécu et sa culture, il n’appartient pas tout à fait, il assiste quasiment à toutes les naissances, il prononce quasiment toutes les morts. Un sacerdoce. Le récit du quotidien professionnel de ce médecin nous est fait par l’écrivain britannique
John Berger dans A fortunate man, un ouvrage publié en Angleterre en 1967 et en France en 2009 sous le titre Un métier idéal, résultat de deux mois d’observation et de dialogue mené en compagnie de John Sassall et du photographe Jean Mohr. En 2005, The British Journal of General Practice écrivait que le livre était « le plus important sur la médecine jamais écrit ». Et sûrement l’est-il. Mais il est aussi bien autre chose… Situé aux confins de la fiction, de l’analyse et de l’enquête sociologique, Un métier idéal frappe par sa nature hybride : récit d’investigation sur les conditions d’exercice de la médecine en milieu rural, le texte camoufle aussi un roman d’apprentissage, une quête philosophique sur l’expérience du temps ou le sentiment d’empathie, mais encore un carnet de route, imprégné d’un goût pour l’aventure qui rappelle les belles pages des écrits de Joseph Conrad. Pour le comédien Nicolas Bouchaud, Un métier idéal offre avant tout l’occasion de saluer ceux, médecins, acteurs ou écrivains, qui, passionnément, envisagent leur travail comme le terrain d’un «questionnement infini, vertigineux sur la nature humaine ». Après La Loi du marcheur, une création centrée sur le grand critique de cinéma Serge Daney (accueillie au Théâtre du Rond-Point dans le cadre du Festival d’Automne à Paris en 2010 et 2011), il retrouve le metteur en scène Eric Didry pour construire un nouveau portrait d’homme en travailleur, inconditionnellement dévoué à sa vocation. D’après dossier de presse.
Un métier idéal
d’après le livre de John Berger et Jean Mohr
Un projet de Nicolas Bouchaud
Mise en scène, Éric Didry
Avec Nicolas Bouchaud
Traduction, Michel Lederer
Adaptation Nicolas Bouchaud, Eric Didry et Véronique Timsit
Collaboration artistique, Véronique Timsit
Lumière, Philippe Berthomé
Scénographie, élise Capdenat
Son, Manuel Coursin
Production Théâtre du Rond-Point / Le Rond-Point des tournées
Coproduction La Comédie de Clermont-Ferrand – Scène nationale ; Cie Italienne avec Orchestre ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation Théâtre du Rond-Point (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
Le livre de John Berger et Jean Mohr est publié aux éditions de l’Olivier.
Avec le soutien de l’Adami
Durée estimée : 1h30
Spectacle créé le 5 novembre 2013 à La Comédie – Scène nationale / Clermont-Ferrand
FESTIVAL D’AUTOMNE à PARIS
Jeudi 21 novembre au samedi 4 janvier 2013
21h,
dimanche 15h30
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