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Shakespeare vivifié

À la une, A voir, Les critiques, Lyon, Théâtre
Kenza Vannoni

© Kenza Vannoni

A Toulouse au ThéâtredelaCité, le Théâtre de l’Argument a créé Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare. Une première incursion rondement menée dans le répertoire pour une compagnie rompue aux auteurs contemporains.

Mis en scène par Maïa Sandoz et Paul Moulin, Beaucoup de bruit pour rien constitue une fête de théâtre et pour le théâtre. Cela, le spectateur le saisit avant même son entrée en salle : dans le hall du Théâtre de la Cité de Toulouse, un homme installé au piano s’essaie à un morceau. Sur le vaste plateau, les comédiens vont et viennent, certains installant les quelques éléments de décors (tables et chaises d’une réception à venir), d’autres laissant par leurs actions transparaître leur hâte et leur émoi. Bientôt le rideau de fond de scène tombe, cachant à nos regards les costumes et divers accessoires entreposés derrière, tandis que dans le hall des chants résonnent – les ouvreuses et les ouvreurs nous lance Léonato, père de Héro.

Avec cet escamotage du plateau jusqu’alors intégralement à vue, la focale se resserre sur le récit à venir. Soit le retour de Don Pedro et de ses suivants de la guerre et l’annonce du mariage à venir de Claudio et de Héro. À cette union acquise et consentie s’en ajoute au fil de la pièce une autre : celle de Béatrice et de Bénédict. Et si, c’est entendu, les deux premiers s’aiment, pour les deux autres, l’affaire est plus complexe : refusant l’idée d’une relation amoureuse, ayant tous deux un caractère bien trempé, une impertinence sans faille et une répartie tranchante, leur relation est plutôt tendue. C’est compter sans leur entourage, qui se met en tête de les amener à s’éprendre l’un de l’autre. À un rythme enlevé, les personnages de la pièce fourbissent leurs mots tels des armes, distillant le désir chez Béatrice et Bénédict. Mais le langage comme les regards peuvent être trompeurs et les deux unions n’aboutiront qu’au terme de la pièce, après une tentative de Jean (frère bâtard de Don Pedro) de faire croire à l’infidélité de Héro

Tous les quiproquos et péripéties n’auront au final constitué que beaucoup de bruit pour rien. Les deux unions auront bel et bien lieu, occasion d’une leçon adressée au futur mari et à ses pairs quant à leur faible considération pour la femme, dans le cas de Claudio et Héro ; et d’un retour à l’ordre pour les deux réfractaires au couple, dans celui de Bénédict et Béatrice. Mais « beaucoup de bruit pour rien », cela peut aussi être entendu comme la revendication d’une légèreté assumée. À ce jeu-là, Maïa Sandoz et Paul Moulin excellent, concevant avec leur équipe un spectacle joyeux et énergique. Interprété par neuf acteurs rejoint pour certaines représentations par deux traducteurs en langue des signes française, le spectacle déploie un travail de troupe d’autant plus remarquable que la présence des deux interprètes en LSF se révèle brillamment menée, leurs gestes et interprétation étant parfaitement nouée au travail du reste de l’équipe – et venant amplifier les émotions traversées

La présence de musique live soutenue par de la musique diffusée, les chants et les danses, comme les divers tableaux successifs nous baladent dans des univers riches en images (citons la séquence de mariage entre Claudio et Héro, italienne et cinématographique en diable ; ou celle, fantaisie sylvestre, où Héro et sa suivante poussent Béatrice vers le chemin de son émoi pour Bénédict). Maniant les registres et les genres, travaillant volontiers le burlesque, opérant une transposition contemporaine par les artifices scéniques (costumes, décors simples – chaises tables), la troupe se joue avec un plaisir communicatif de l’illusion, affirme la conscience de celle-ci et bascule sans cesse – telle que le veut la pièce – du comique au romantisme.

Retraduit et adapté pour l’occasion, le texte épuré à l’os prolonge cette actualisation, les régulières adresses de personnages aux spectateurs proposant un méta-théâtre qui renforce le lien et la connivence avec le public. C’est d’ailleurs là notamment que le bât blesse parfois : certains renvois contemporains, qu’ils soient langagiers ou politiques, tendent à écraser le propos. L’actualisation se fait de temps à autre au détriment de la subtilité, certains effets se révélant présents non pas tant pour leur pertinence dramaturgique que pour l’effet de divertissement et d’adhésion qu’ils peuvent susciter. Quant à l’évocation spécifique de l’actualité politique – de « Macron démission » au scandale de la réforme annoncée de l’assurance-chômage –, son aspect problématique réside dans l’illusion sur laquelle elle se déploie. Celle d’un public homogène socialement et politiquement forcément rallié à cette cause et en maîtrisant tous les enjeux. Néanmoins, ces quelques concessions et leurs travers simplistes mises à part, Beaucoup de bruit pour rien s’offre comme une œuvre maîtrisée, sur le fond comme sur la forme.

Caroline Châtelet – www.sceneweb.fr

Beaucoup de bruit pour rien
Texte Shakespeare
Mise en scène Maïa Sandoz et Paul Moulin
Création sonore et musicale Christophe Danvin
Avec Serge Biavan, Maxime Coggio, Christophe Danvin, Elsa Verdon,
Gilles Nicolas, Paul Moulin, Soulaymane Rkiba, Aurélie Vérillon et Mélissa Zehner,
Comédien.ne.s L.S.F : Lucie Lataste et Patrick Gache

Durée: 1h50

18 novembre 2022
Théâtre Jean Vilar, Vitry (94)

2 décembre 2022
Le Figuier blanc, Argenteuil (95)

Du 15 au 31 décembre 2022
Les Célestins, Lyon (69) *LSF

28 Mars 2023
L’Hectare, Vendôme (41)

6 avril 2023
Théâtre Romain Rolland, Villejuif (94)

20 avril 2023
Le Cratère, Alès (30) *LSF

23 juin 2021/par Caroline Chatelet
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