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David Bobée accorde Haendel au féminin

À la une, A voir, Cherbourg, Les critiques, Opéra, Rouen

Photo Arnaud Bertereau

Après avoir monté le Stabat Mater de Pergolèse, David Bobée poursuit son exploration de la musique baroque et propose, avec la complicité du chef d’orchestre Iñaki Encina Oyón, une galerie d’héroïnes haendeliennes. Alliant vocalité et physicalité, la pièce Louées soient-elles est présentée à Rouen et à Cherbourg dans le cadre du Festival Spring.

A Rouen, la chapelle Corneille s’offre comme un sublime écrin. Le cadre est éminemment théâtral, magnifiquement éclairé. Le son y est généreux en réverbération et en plénitude. Les interprètes exclusivement féminines performent sur une scène circulaire installée à la croisée du transept et de la nef, surplombée d’un immense globe réfléchissant, rappelant aussi bien une piste de cirque qu’une roue de la fortune. Agrippine, Lucrèce, Armide, Marie-Madeleine, des femmes aussi amoureuses qu’impétueuses mais aussi souvent brimées, trompées, désolées, sont campées avec panache et délicatesse par un duo fabuleux de chanteuses qui enchaînent en alternance les morceaux de bravoure, élégamment accompagnés par l’orchestre placé devant le retable du maître-autel. A la mezzo Aude Extrémo reviennent les airs les plus furieux et vocalisants, tandis que la soprano Yun Jung Choi explore un registre plus plaintif, tendre et élégiaque.

Il est un peu dommage que David Bobée n’adopte pas de point de vue particulier sur les différentes figures qu’il convoque en scène, ni ne s’attache à les caractériser plus singulièrement. Son propos est ailleurs. Il est avant tout visuel. La mise en scène qu’il co-signe avec Corinne Meyniel comporte en effet une large dimension picturale dans les poses et les expressions des artistes chanteuses, danseuses, circassiennes. Au chant, se superposent des images, des tableaux, souvent beaux, sans doute un peu trop figés.

Au début, les interprètes semblent livrées à elle-mêmes. En costumes impersonnels, elles ébauchent des gestes imprécis, charrient de vieux costumes éparpillés qu’elles endossent à l’occasion. Plus tard, les corps, jusqu’ici dissimulés sous des étoffes en tout genre, se dévoilent et se libèrent. La pièce gagne alors en force. Parmi les plus saisissants passages : le solo musclé et engagé de Ella Ganga, danseuse chez DeLaVallet Bidiefono, imposant une franche organicité pour accompagner tout en spasmes et en secousses irrépressibles la déploration de Cléopâtre (Se pietà di me non senti dans Giulio Cesare). Plus tard, l’Irène de Tamerlano danse, à l’instar d’une Salomé, avec une tête masculine décapitée victorieusement portée en trophée, Agrippina suppliciée chante entre quatre lances sur un champ d’armures, et enfin Melissa (Amadigi) se macule le corps entier de sang et exhibe sa chair écarlate.

Les signataires du spectacle déclarent avoir voulu rendre hommage aux femmes en interrogeant et dépassant les différents canons auxquels sont soumises leurs représentations. On reconnaît bien ici le geste volontariste du directeur du Centre dramatique national de Normandie-Rouen, son goût pour l’hybridité et la transdisciplinarité, sa volonté de promouvoir la diversité. Un épisodique baiser entre deux mariées fait de la Resurrezione un clin d’œil au mariage pour tous. Ces héroïnes haendeleniennes déploient une riche palette de couleurs et de sentiments, elles sont d’hier et bien d’aujourd’hui, en robe à panier ou en jean, les jambes écartées, toujours provocantes, pertinentes et bouleversantes.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Louées soient-elles
Musique extraites des Cantates, opéras et oratorios de Haendel
Direction musicale Iñaki Encina Oyón

Mise en scène David Bobée & Corinne Meyniel
Dramaturgie Corinne Meyniel
Assistante mise en scène Sophie Colleu
Lumières Stéphane Babi Aubert
Création son Félix Perdreau

Soprano Yun Jung Choi
Mezzo-soprano Aude Extremo
Artiste circassienne Elise Bjerkelund Reine
Artistes chorégraphiques Ella Ganga & Xiao Yi Liu

Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie

Production
Coproduction Opéra de Rouen Normandie, CDN de Normandie-Rouen
Spectacle présenté dans SPRING, festival des nouvelles formes de cirque en Normandie du 1er mars au 5 avril 2019, proposé par la Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg – Cirque-Théâtre d’Elbeuf
Les spectacles de SPRING sont soutenus par la Métropole Rouen Normandie sur son territoire.

Durée : 1h30

Rouen, Chapelle Corneille
Les 26 et 28 février 2019, puis les 1er, 19 et 20 mars

Cherbourg, Festival Spring
Les 9 et 10 mars

1 mars 2019/par Christophe Candoni
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