Gérald Darmanin, le ministère de l’Action et des Comptes publics a décidé d’appliquer un gel de précaution de 3% sur le budget 2018. Celui de la culture n’est pas épargné alors qu’Emmanuel Macron dans sa campagne pour l’élection présidentielle s’était engagé à protéger ce budget. Les président(e)s des associations de structures publiques (CDN, Centres Chorégraphiques, Scènes Nationales, Cirque) demandent dans un communiqué à Emmanuel Macron de tenir ses engagements. Ils constatent sur le terrain que déjà beaucoup de structures sont fragilisées par ce ce gel. Ils demandent au Président de la République et au Premier Ministre de « prononcer de toute urgence, et avant l’ouverture du festival d’Avignon, la levée du gel du budget de la Culture« , voici l’intégralité de leur communiqué.
Le ministère de l’Action et des Comptes publics a décidé d’appliquer un gel de précaution de 3% sur le budget 2018, dont celui de la culture. Il semblerait que la levée de ce gel ne soit pas envisagée avant la fin de l’année, après étude finale de l’équilibre général du budget de l’Etat.
Malgré les engagements du président de la République à ne pas diminuer le budget de la Culture, l’ensemble des structures labellisées et des compagnies indépendantes est donc finalement bel et bien menacé d’une baisse de 3% de ses moyens de création et de fonctionnement.
Si l’application d’un gel de précaution n’est pas une nouveauté, il est sans précédent que le gouvernement refuse de le lever au cours du premier semestre de l’exercice. C’est un comble pour un gouvernement qui revendique sa volonté d’encourager l’esprit d’entreprise, de paralyser par de telles mesures les capacités de projection et d’investissement de tout un secteur public.
Ces quelques vingt millions d’euros de gel commencent déjà à peser sur les structures les plus fragiles, menaçant sérieusement leurs fonctionnements et amputant la capacité des compagnies indépendantes et des scènes labellisées à projeter leurs activités à la rentrée. Sans levée de ce gel, ne doutons pas que cette mesure dite de « précaution » aura à très court terme des conséquences catastrophiques. Des emplois seront menacés dès la rentrée, des déficits structurels seront inévitablement provoqués, des actions en direction des publics (et notamment des publics scolaires) seront nécessairement supprimées…
Au-delà du non-respect de l’engagement présidentiel à protéger le budget de la Culture, nos associations se disent préoccupées sur le fond, par une tension toujours croissante qui s’exerce, année après année, sur l’ensemble des équipes (directions comme salarié.e.s permanent.e.s et intermittent.e.s) employées par les structures culturelles publiques.
L’exigence est au cœur de nos métiers et de nos projets au service des artistes et des citoyens. Ensemble, directions, artistes et salarié.e.s de ces structures, sommes au quotidien les acteur.trice.s engagé.e.s et solidaires du développement d’une seule et même politique culturelle sur le territoire français. La qualité de cet engagement est souvent méconnue par le pouvoir central.
L’affaiblissement matériel et symbolique qui frappe nos structures génère mécaniquement une lente dégradation des conditions de l’exercice de nos métiers et de nos missions. La culture n’est malheureusement pas une exception, et nous faisons ce même constat pour l’ensemble des secteurs publics. Nous partageons ainsi avec l’hôpital, l’université, l’école ou encore la justice, une situation de grande fragilité, dont les effets se lisent jusque dans le fonctionnement concret des établissements dont nous avons la charge.
Parce que nul d’entre nous ne souhaite revoir à la baisse l’ambition de notre projet de société, nous alertons une nouvelle fois les pouvoirs publics sur le caractère extrêmement préoccupant de cette situation générale. Nous en appelons à leur responsabilité, afin que nous puissions collectivement atteindre les objectifs fixés par nos cahiers des charges, au service de l’intérêt général, dans un exercice raisonnable de nos métiers et de nos missions.
Les festivals de cet été ne sauraient se dérouler sereinement alors même que l’ensemble des acteurs culturels publics n’est aujourd’hui plus en mesure de garantir le bon fonctionnement de leurs établissements dès la rentrée du mois de septembre.
Nous appelons en tout premier lieu le président de la République et le premier ministre à prononcer de toute urgence, et avant l’ouverture du festival d’Avignon, la levée du gel du budget de la Culture, dont l’application déstabilise dangereusement le secteur culturel.
Alban Richard,
Président de l’ACCN
Christian Sebille,
Président de l’ACNCM
Joëlle Smadja,
Présidente de l’A-CDCN
Jean-Paul Angot,
Président de l’ASN
Robin Renucci
Président de l’ACDN
Philippe Le Gal,
Président de Territoires de cirque
ACDN – Association des Centres dramatiques nationaux
ACCN – Association des Centres chorégraphiques nationaux
ACNCM – Association des Centres nationaux de création musicale
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