Le palmarès de Stéphane Capron
Meilleur spectacle public : « Je suis Fassbinder » de Falk Richter et Stanislas Nordey (Théâtre National de Strasbourg)
Cette création a donné le ton à la direction de Stanislas Nordey à la tête du TNS. Je suis Fassbinder est une pièce sur l’actualité écrite par Falk Richter. L’auteur allemand fait dialoguer ses mots avec l’univers cinématographique de Fassbinder pour raconter l’Europe d’aujourd’hui.
Meilleur spectacle privé : « M’man » de Fabrice Melquiot (Petit Saint-Martin)
Cette pièce inédite de Fabrice Melquiot, huis clos familial, traverse dix ans de la vie d’une mère et de son fils. De cette écriture fine, Charles Templon parvient à en faire une comédie brillamment interprétée par Cristiana Reali et Robin Causse.
Meilleur comédien : Philippe Torreton dans « Arturo Ui »
Retour gagnant pour Philippe Torreton. Après avoir triomphé dans Cyrano, il retrouve Dominique Pitoiset dans La Résistible Ascension d’Arturo Ui de Brecht. Un rôle politique fait sur mesure pour le comédien.
Meilleures comédiennes : les filles de « F(l)ammes » d’Ahmed Madani
On ressort plein d’énergie de ce spectacle car ces jeunes filles irradient le plateau. On a juste envie de les serrer dans nos bras et de les aimer. Elles racontent la France d’aujourd’hui. Leur regard est plein de vie et d’espoir.
Révélation : Eugène Marcuse dans « La Nuit juste avant les forêts » (Poche Montparnasse)
Jean-Pierre Garnier a confié ce monologue à un jeune comédien de vingt ans. Eugène Marcuse se révèle être un comédien d’exception. Il illumine le plateau.
Meilleure scénographie : Jan Versweyveld pour « Kings of war » mis en scène par Ivo van Hove
Jan Versweyveld a conçu le décor comme une sorte de cabinet royal où se prennent les décisions officielles, mais tout se trame en coulisse dans les couloirs cachés du pouvoir. On voit tout grâce à la réalisation en direct.
Meilleur spectacle issu d’un collectif : FC Bergman
Avec Le pays de Nod, le collectif belge, FC Bergman a fait sensation au 70ème Festival d’Avignon en reconstituant à l’identique la salle Rubens du Musée des Beaux-arts d’Anvers dans un hall du parc des Expositions d’Avignon. Un spectacle muet et burlesque avec de très belles images poétiques. On pourra le voir à Paris en 2017 à la Villette.
Meilleur auteur : Pierre Notte pour « Sur les cendres en avant »
La nouvelle comédie musicale de Pierre Notte est un petit bijou qui met en joie. On sort le cœur léger de cette histoire sur le destin brisé de quatre femmes qui trouvent leur salut grâce à la chanson et à la musique.
Meilleure metteure en scène : Julie Deliquet pour « Vania » (Comédie Française – Vieux Colombier)
Julie Deliquet a apporté un souffle nouveau sur le plateau du Vieux-Colombier avec les comédiens de la Comédie , celui des collectifs. Un spectacle explosif !
Meilleure musique : « Les Taupes » de Philippe Quesne
La musique joue un rôle essentiel dans ce spectacle. Car ces taupes savent tout faire. Elles sont autant agiles à la batterie qu’à la guitare. De notre monde, elles ont conservé le meilleur : la liberté, la musique et l’art de faire la fête.
Meilleure spectacle étranger : « Die Brüder Karamazow » mise en scène par Frank Castorf
Le berlinois Frank Castorf a présenté une adaptation de Karamazov de Dostoïevski flamboyante. Une pièce passionnante emmenée par des comédiens d’exception qui fait l’ouverture du 45ème Festival d’Automne dans la friche Babcock de La Courneuve, lieu éphémère de la MC93.
Meilleur spectacle musical : « L’Interlope » (Studio de la Comédie Française)
On a adoré ce cabaret tout en finesse concocté par Serge Bagdassarian au Studio Théâtre de la Comédie-Française. Une ode à l’amour et à la différence.
Meilleur spectacle de danse : « We love arabs » de Hillel Kogan
We love arabs, un cri du cœur, un cri d’amour. Le spectacle sensation du Off à Avignon programmé par la Manufacture fera l’ouverture de la saison 2017/2018 du Rond-Point.
Découverte danse : « Lucie Augeai » et David Guernez
Lucie Augeai et David Gernez, deux noms à retenir, ils sont les chorégraphes de la jeune compagnie Adéquate créée en 2010. On les a découvert aux Hivernales à Avignon lors de la création deJob, spectacle festif qui célèbre le métier de danseur.
Le palmarès de Philippe Noisette
Meilleur spectacle : « Blake Works I » de Willian Forsythe (Ballet de l’Opéra de Paris)
On y croyait plus et en découvrant en juillet dernier cette œuvre commande du Ballet de l’Opéra de Paris ( et de Benjamin Millepied) le plaisir n’en a été que plus grand. Sur les chansons du prodige James Blake, Bll Forsythe ose un hommage aux maîtres de la danse. Et à son propre travail. On ne s’en est toujours pas remis.
Interprète féminine de l’année : Marlene Monteiro Freitas
Elle peut postuler au titre chaque année. Elle a, avec sa création Jaquar, prouvé l’étendu de sa folie douce. On en redemande.
Interprète masculin de l’année : Hugo Marchand.
Dans « Blake Works I » il était simplement renversant de présence. Dans le programme Kylian il a une nouvelle fois mis tout le monde d’accord. Un futur grand ? Non il l’est déjà.
Meilleure spectacle étranger : « La Belle au bois dormant » d’Alexei Ratmansky (American Ballet Theatre)
Certains n’y ont vu que du kitsch pourtant cette Belle au plus près de l’original de Marius Petipa est une incontestable réussite – une de plus – du russe Ratmansky. Du grand ballet rien que pour vos yeux….
Meilleur spectacle musical : The Red Shoes de Matthew Bourne
Un ballet comme une comédie musicale qui fait revivre sur scène l’univers du plus beau film de danse : « Les chaussons rouges ».
Meilleure performance : « Corbeaux » de Bouchra Ouizguen
De pièces en pièces la marocaine impose son écriture comme un cri lancé au monde. Donné en extérieur ces Corbeaux pour une vingtaine de participantes dont certaines amateurs est un choc de l’année. Et la confirmation du talent insolent de Bouchra Ouizguen
Meilleure compagnie en région : Le Ballet de l’Opéra de Lyon
Aussi à l’aise dans le répertoire d’Anne Teresa De Keersmaeker que celui de Trisha Brown les danseurs lyonnais ont réussi à faire du programme Trois grandes fugues un must de saison.
Meilleur spectacle en région : « Plaisirs inconnus » (Le ballet de Lorraine/CCN Nancy)
Une création avec des chorégraphes inconnus – c’est à dire anonyme… pour l’instant!- qui a transporté le public de Londres à Nancy. Un concept pas si vain.
Meilleur spectacle de théâtre : « Vania » mise en scène Julie Deliquet.
Un Oncle Vania sans samovar -mais avec une machine a café- et sans costumes pesants. Une réussite qui doit également à l’engagement des comédiens du français. Un des grands souvenirs de cette rentrée.
Meillleur spectacle théâtre étranger : « L’empire des lumières » mise en scène d’Arthur Nauzyciel d’après le roman de Kim Young-Ha
Créé à Séoul avec des acteurs formidables du Théâtre national de Corée ce projet reste à nos yeux le plus accompli de Nauzyciel dans une langue étrangère. On espère le voir en tournée par ici.
Meilleure musique : « Awair Leon » pour « Sunny » d’Emanuel Gat
Si « Sunny » est une telle réussite il le doit beaucoup à la partition jouée live par Awir Leon pour la chorégraphie de Gat. Un spectacle à écouter autant qu’à regarder.
Livre de l’année : « Mudra 103 rue Bara. L’école de Maurice Béjart, 1970-1988 » de Dominique Genevois.
Paru aux éditions Contredanse Bruxelles, ce livre manquait pour raconter cette folle aventure, une école selon Béjart.
Personnalité de l’année : Mats EK
We miss you Mats!
Déception de l’année : La programmation danse du Festival d’Avignon.
Toujours un manque de vision ( pour ne pas dire plus…)
Le palmarès d’Hadrien Volle
Meilleur spectacle public : « 2666 » de Julien Gosselin, d’après le roman de Roberto Bolaño (Festival d’Avignon / Théâtre de l’Odéon)
La fresque épique de Julien Gosselin vue à Avignon puis à Paris (parmi d’autres dates de tournée) est de ces spectacles épiques qui vibre comme importants des mois après les avoir vu. Il va fouiller loin dans notre âme pour nous planter des graines de réflexion en forme d’images qui mûrissent longuement.
Meilleur spectacle privé : « Edmond » d’Alexis Michalik (Théâtre du Palais Royal)
Alexis Michalik ne cesse de nous surprendre et de flatter notre émerveillement au fil de ses spectacles. Après Méliès et Houdini dans son Cercle des Illusionnistes, il fait de la figure d’Edmond Rostand un prétexte à d’autres joies scéniques qui portent le public dans les nimbes les plus hautes des rêves les plus enchanteurs.
Meilleur comédien : Xavier Gallais dans « L’Avaleur »
De retour dans un rôle à la hauteur de son talent, Xavier Gallais part pour une longue saison avec les Tréteaux de France dans le rôle d’un trader obèse et cynique qui détruit une honnête entreprise de Cherbourg pour son profit immédiat. A la fois glaçant et brillant d’humour, on est saisi et captivé du début à la fin, notamment grâce à son personnage.
Meilleure comédienne : Anna Cervinka dans « Vania » d’après Anton Tchkehov
La pensionnaire de la Comédie-Française avait jusque là fait preuve d’un talent poli, douée sans être transcendante. Dans ce « Vania », création ambitieuse de Julie Déliquet d’après Tchekhov, Anna Cervinka se révèle d’une sensibilité et d’une humanité assez incroyable pour être soulignée et encouragée.
Révélation : Gaël Kamilindi
D’une belle sensibilité, capable de jouer des rôles de timides comme des rôles de premier plan, l’an passé a été une année « Gaël Kamilindi », puisque le talent qu’il a mis dans ses différents rôles (du « Phèdre(s) » de Krzysztof Warlikowski au « En Attendant Godot » de Jean-Pierre Vincent) lui ont ouvert les portes de la Comédie-Française où il est entré au mois d’octobre.
Meilleure scénographie : Mathieu Lorry-Dupuy pour « Und » mis en scène par Jacques Vincey
D’immenses lames de glaces qui fondent goutte à goutte puis tombent et explosent sur le plateau. De cette phrase seulement on pourrait résumer cette scénographie incroyable de Lorry-Dupuy, et pourtant, l’effet qu’elle procure de part sa surprise ou de part son rendu, reste de longs mois après le spectacle.
Meilleur spectacle issu d’un collectif : OS’O
De nouveau présents à Paris pour présenter leur création Timon/Titus, le collectif Bordelais OS’O prend Shakespeare pour prétexte afin de donner un regard jeune et sanglant sur le monde moderne. Ils n’ont pas volé leur prix Impatience en 2015!
Meilleur auteur : Tiago Rodrigues pour « Antoine et Cléopâtre »
Le metteur en scène et auteur portugais avait présenté ce spectacle fin et sensible au Festival d’Avignon 2015 dans sa langue natale. A la Bastille, où la pièce était programmée à l’automne 2016, nous nous posions la question de savoir si Rodrigues serait parvenu a garder la musique des mots dans cette version française. Le pari a été pleinement réussi !
Meilleure metteure en scène : Julie Deliquet pour « Vania » (Comédie Française – Vieux Colombier)
Quelle joie de voir le Vieux-Colombier en bi-frontal, pour que le public soit installé à la table d’Oncle Vania ! La pièce de Tchekhov, légèrement adaptée, bénéficie d’une mise en scène incroyablement humaine qui nous plonge si profondément dans ce monde tchékhovien que nous fréquentons si souvent, que nous avons eu l’impression de le redécouvrir, en beaucoup plus intense.
Meilleure musique : Khalid K. pour « Les Cavaliers »
Khalid K. donnait toute la dimension merveilleuse à cette adaptation du roman de Kessel, armé de sa seule voix et d’un sampleur. Des bruits de sabots aux ambiances complexes de ville, en passant par les mélodies envoûtantes, il fait du rapport entre le théâtre et la musique un dialogue ininterrompu et finalement nécessaire.
Meilleur spectacle étranger : « Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni » de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Un public clairsemé est venu assister à cette reprise des italiens Daria Deflorian et Antonio Tagliarini. Pourtant, c’est une leçon de théâtre humaniste d’une richesse inouïe sur un plateau nu. Un vibrant aveux d’impuissance du théâtre face aux traumatismes du monde moderne. Peut-être la meilleure posture qu’il soit pour « changer les choses » ?
Meilleur spectacle musical : « L’Interlope » (Studio de la Comédie Française)
Touchant cabaret pour un monde en crise où la différence est montrée pour ce qu’elle est : une richesse. Serge Bagdassarian s’y illustre en meneuse de revue splendide et chatoyante grâce aux nombreux costumes directement fabriqués au Moulin Rouge.
Les comédiennes de F(l)ammes, Anna Cervinka, Julia Bernat, Stella Rabello et Isabel Teixeirales comédiennes de Photo Louis Athena, Simon Gosselin et Aline Macedo
Le palmarès de Christophe Candoni
Meilleur spectacle public : « Splendid’s » de Jean Genet, mis en scène par Arthur Nauzyciel (Théâtre de La Colline)
Arthur Nauzyciel et ses acteurs américains magnifient la beauté virile et ambiguë de la pièce de Genêt entremêlant avec incandescence le désir et la mort.
Meilleur comédien : Laurent Papot dans « Nous sommes repus mais pas repentis » et « Les Palmiers sauvages »
Dans ce doublé présenté par Séverine Chavrier au Théâtre de l’Odéon, Laurent Papot impose une personnalité sensible et écorchée. Alliant douceur et fureur, l’acteur ose tout et exacerbe des sentiments aussi forts que la passion et la rage avec une séduction brute.
Meilleure spectacle étranger : « Die Brüder Karamazow » mise en scène par Frank Castorf
Donné en ouverture du Festival d’Automne dans la halle Babcock de La Courneuve, c’est un spectacle extrême que l’on doit au maître de la scène allemande, Frank Castorf au geste démesuré à l’instar de la performance superlative des comédiens.
Meilleures comédiennes : Julia Bernat, Stella Rabello et Isabel Teixeira dans « What if they went to Moscow » mise en scène de Christiane Jatahy (Théâtre de la Colline)
Ce ne sont pas une mais trois actrices, indissociables, qui se distinguent tant leur généreuse et vivifiante hypersensibilité portait l’audacieuse adaptation des Trois sœurs de Tchekhov que signait Christiane Jatahy à la Colline.
Révélation : « La Taupe » dans La Nuit des taupes
Elle est énorme et velue. Elle n’est pas humaine bien qu’elle en adopte tous les comportements… c’est pourtant la révélation théâtrale de l’année. Travailleuse le jour, musicienne la nuit, la taupe s’est présentée comme un compagnon enchanteur et intrigant dans la dernière création particulièrement réussie de Philippe Quesne.
Meilleure scénographie : Rebecca Ringst pour « Lear » (Opéra national de Paris)
Un espace dépouillé d’une verticalité sèche et baigné d’un lumineux crépuscule où des pans de murs s’effritent à mesure que le roi déchoit. La scénographie est à l’image de la puissance expressive et dévastatrice de la mise en scène de Calixto Bieito comme de la musique d’Aribert Reimann.
Meilleur metteur en scène : Krzysztof Warlikowski pour « Les Français »
Dans son adaptation très personnelle de Proust qu’il intitule d’une façon polémique Les Français, Warlikowski signe une mise en scène ardente et inspirée, à la beauté capiteuse d’où exhalent les parfums d’un monde qui s’éteint.
Meilleur spectacle issu d’un collectif : FC Bergman
Les jeunes et formidables artistes anversois associés au Toneelhuis déploient un imaginaire fantasque et mélancolique, un théâtre d’images de toute beauté qui dit le chaos du monde dans leur création Het Land Nod présentée cet été au Festival d’Avignon.
Meilleur auteur : Falk Richter pour « Je suis Fassbinder »
L’auteur allemand se place sous l’égide de Fassbinder dont il conserve la colère rebelle et emporte son complice Stanislas Nordey et ses acteurs fétiches dans une géniale entreprise de démolition des idées reçues très réactive à l’actualité qui fait l’effet d’une bonne claque.
Meilleur spectacle de danse : « La Nuit transfigurée » d’Anne Teresa de Keersmaeker
Anne Teresa de Keersmaeker recréé pour un duo de danseurs Verklärte Nacht dans une version épurée où fièvre et douleur du désir s’exaltent sans le moindre élément de décor mais dans un geste d’une beauté pure portée aux nues.
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