L’aventure des Souffrances de Job débute en 2008 pour Laurent Brethome. Le jeune metteur en scène de 32 ans s’est démené comme un lion pour mener à bien son projet jusqu’à en devenir malade. C’est le Théâtre de Villefranche-sur-Saône qui lui permet de monter le texte d’Hanokh Levin. En 2010 il est sélectionné au Festival Impatience, remporte le prix du public, séduit Olivier Py qui décide de la programmer dans sa saison 2011/2012, il sera l’un des rares directeurs de structure publique (avec le Théâtre Sorano de Toulouse) à avoir ce courage. Par peur des réactions du public (la scène d’empalement de Job) ? Par peur de froisser les religieux ? Il faut savoir qu’en 1981 lors de la création de la pièce en Israël, la ministre adjointe de la culture et de l’éducation est intervenue à la Knesset (le Parlement Israélien) pour s’insurger. La pièce avait été amputée de vingt minutes. Laurent Brethome est allé jouer le spectacle dans le théâtre d’Hanokh Levin, le Cameri, trente ans après sa création à l’invitation de la veuve de l’auteur qui l’avait vu en France.
Les Souffrances de Job est un spectacle maitrisé et tenu de bout en bout. Laurent Brethome explore plusieurs genres dramatiques. De la farce à la tragédie grecque en passant par le cabaret et le cirque. Le tout est porté par une troupe formidable. Le rôle de Job est incarné par Philippe Sire. L’acteur a été le professeur de Laurent Brethome à la Comédie de Saint-Etienne. Il est remarquable, comme tous les comédiens, totalement en confiance, guidé par un metteur en scène qui demande beaucoup, mais rien n’est gratuit, tout à un sens dans sa mise en scène.
Dans cette pièce mythologique de Levin, l’on assiste à la descente aux enfers de Job. Ses enfants meurent, ses biens sont détruits. « Maintenant que tout va mal, je ne connais plus Dieu », clame Job. L’écriture grinçante de Levin pose énormément de questions. Quel sens donner à la souffrance ? Comment représenter la mort sur scène ? Dans la dernier chapitre, les morts, les comédiens apparaissent nus, enduits de gouache noire, et chantent la mort face à Job empalé sur son pieux. L’image est saisissante et force le respect.
Laurent Brethome fourmille de projets. Philippe Minyana lui écrit une nouvelle version de Pièces, qui s’appelle Tac et dont la création est prévue en janvier 2013 au Mans. Il retournera au Théâtre Cameri de Tel-Aviv pour travailler avec la troupe permanente, et prépare le projet H : projet autour de l’ascension au pouvoir d’Adolf Hitler.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr – 22/01/12
Les Souffrances de Job
de Hanokh Levin
mise en scène Laurent Brethome
texte français
Jacqueline Carnaud & Laurence Sendrowicz
dramaturgie
Daniel Hanivel
scénographie & costumes
Steen Halbro
lumière
David Debrinay assisté de Rosemonde Arrambourg
musique
Sébastien Jaudon
paysage sonore
Antoine Herniotte
décorateur
Gabriel Burnod
chorégraphie
Yan Raballand
avec Fabien Albanese, Lise Chevalier, Antoine Herniotte, Pauline Huruguen, François Jaulin, Denis Lejeune, Geoffroy Pouchot-Rouge-Blanc, Anne Rauturier, Yaacov Salah, Philippe Sire
production Le menteur volontaire coproduction La Comédie de Saint-Étienne – centre dramatique national, Le Théâtre de Villefranche, Le Grand R – scène nationale de La Roche-sur-Yon, Scènes de Pays dans les Mauges – Beaupréau, Le Théâtre du Parc – Andrézieux-Bouthéon avec le soutien en résidence de La Fonderie – Le Mans
avec l’aide de l’Adami et de la Spedidam
Le menteur volontaire est en convention avec le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Pays de la Loire, la Ville de La Roche-sur-Yon et le Conseil régional des Pays de la Loire
créé le 13 janvier 2010 – Théâtre de Villefranche-sur-Saône
Prix du public du meilleur spectacle 2010 du festival Impatience
Durée: 1h40
19 – 28 janvier 2012
Horaires du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h
relâche le lundi
2,3 et 4 février 2012 à 20h
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