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Rêver les yeux ouverts face à la danse juvénile de Jean-Claude Gallotta

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photo Giovanni Citadini Cesi

Jean-Claude Gallotta est de retour au Rond-Point où il a ses habitudes depuis la présentation de son triptyque endiablé, fiévreux et rock’n roll. Avec Le Jour se rêve, sa dernière création, ondoyante et frémissante, hommage délicat à Merce Cunningham, le chorégraphe prouve qu’il n’a rien perdu de l’énergie juvénile qui le caractérise.

Au début, il y a le silence. L’origine de tout. La matrice de tous les possibles, de tous les éclats, de tous les élans. Le temps de la concentration partagée, de l’écoute subtile, le terreau du geste premier. En académique de couleur vive, veste noire et masque intégral (des cagoules moulantes finement décorées), les danseur.ses pénètrent la chair du plateau à nue. Puis vient la musique, confiée à Rodolphe Burger, qui innerve tout le spectacle de sa tonalité rock, sombre et pénétrante, lui conférant sa colonne vertébrale, son découpage, sa dynamique interne. Une bande son pleine de panache qui navigue entre les corps, les électrise, exorcise au fur et à mesure leur sensualité.

Athlétiques et colorées, les silhouettes dessinées par les costumes se découpent sur la toile de fond et son halo de lumière diffractée, forment une nuée graphique et chamarrée. Merveilleuse scénographie évolutive qui imprègne la scène plus qu’elle ne l’habille. Signée Dominique Gonzales-Foerster, artiste expérimentale touche-à-tout, elle distille ici son goût des espaces modulés et atmosphériques. A travers justaucorps brillants, lumières irisées et tableaux changeants, elle répand ses harmonies de couleurs fluctuantes, comme une myriade d’états d’âme qui vient déteindre sur les corps en mouvement. Corps couverts de la tête au pied mais tracés de près par le tissu élastique, jouant sur une perception paradoxale à cheval entre le caché et le montré. Ainsi, les interprètes s’indifférencient, se fondent dans le groupe, anonymes. Jusqu’à cette acmé, ce moment suspendu où ils tombent la veste puis le masque en un geste de dévoilement qui décuple le plaisir du spectateur. Et leurs visages inondent le plateau. Et la danse se personnifie en chacun, s’incarne pleinement jusqu’à cette dernière partie incandescente où la peau s’offre au regard.

Tantôt ensemble, les danseur.ses sculptent l’espace de leurs trajectoires, tout en courses, bonds, jambes déliées et bras girouettes, tantôt répartis en duos haletants, ils semblent tous sans exception portés par le souffle de l’écriture chorégraphique de Gallotta, cette gestuelle frétillante qui n’appartient qu’à lui. Non, Gallotta ne prend pas une ride. Il n’y a qu’à se laisser envahir par les déboulés des danseurs, la dynamique enlevée qui les fait passer des coulisses au plateau. Accélérations, ruptures de rythme et changements soudain de direction, humour toujours saupoudré ça et là, et la joie de danser, immense, palpable et communicative, l’ADN Gallotta est bel et bien là, tapi sous l’hommage à Cunningham qui ne pèse pas, léger et joueur comme la présence en pointillé du chorégraphe. Car Gallotta en personne s’octroie deux solos, intermèdes parlés-dansés où sous couvert d’une naïveté enfantine qui lui colle au corps, l’air de ne pas y toucher, l’artiste esquisse sa gratitude au maître, disparu il y a plus de dix ans déjà. Et c’est là que l’on comprend, tout défile dans notre tête, les académiques, la scénographie comme une œuvre d’art à part entière mais subtile, discrète, et par-dessus tout ce rapport presque nouveau à l’abstraction.

Quand bien même la danse de Gallotta n’a jamais été illustrative ni narrative à proprement parler, elle a souvent été habitée de récits en creux, de mythologie, de figures, d’Ulysse à Don Quichotte, de Marco Polo à Nosferatu, en passant par Daphnis et Chloé. Avec Le Jour se rêve, elle assume son dénuement, son indépendance. Car ici, ni les jeux de lumière de l’espace scénique ni la partition musicale ne semblent venir interférer avec l’écriture chorégraphique, ciselée et ludique. Comme si chaque entité menait sa barque de son côté tout en étant intimement connectée aux autres. Et si l’alchimie entre les trois (corps, espace, son) opère avec une évidence confondante, on jurerait que cet accord souterrain qui se noue entre ces trois lignes conductrices est justement le fruit de leur indépendance souveraine. Nouvel écho au maître absolu, Merce Cunningham, et à son processus créatif, lui qui pratiquait la chorégraphie “pure” avant de lui adjoindre musique et décor. Hommage certes mais pudique, jovial, “gallottien” en diable.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Le Jour se rêve

Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Musique : Rodolphe Burger
Textiles et couleurs : Dominique Gonzalez-Foerster
Avec : Axelle André, Naïs Arlaud, Ximena Figueroa, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Jean-Claude Gallotta
Assistanat à la chorégraphie : Mathilde Altaraz
Dramaturgie : Claude-Henri Buffard
Assistanat aux costumes : Anne Jonathan, Chiraz Sedouga
Lumière : Manuel Bernard

Durée : 1h20

Au Théâtre du Rond-Point
Du 10 au 20 février 2022

Tournée
3 MARS 2022 ESPACE DIAMANT / AJACCIO (20)
12 ET 13 AVRIL 2022 MALRAUX, SCÈNE NATIONALE SAVOIE / CHAMBÉRY (73)

18 février 2022/par Marie Plantin
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