La saison 2023/2024 du Théâtre des Célestins compte 15 productions et coproductions dont 6 créations. 7 compagnies régionales sont programmées.
La saison du Théâtre des Célestins s’ouvre avec ART. 13, création de Phia Ménard dans le cadre de la 20e Biennale de la danse. Partant de l’article de la Déclaration universelle des droits de l’Homme le plus dénié – celui qui garantit à tous la liberté de circulation sur la Terre – Phia Ménard s’attaque au règne sanglant des frontières.
Richard dans les étoiles de Valérian Guillaume – Compagnie Désirades – Lauréat du Prix Célest’1 en 2021 – nous mène hors des sentiers balisés de notre société consumériste. Un conte social qui allie poésie du quotidien et éloge de la lenteur. Entre drôlerie et absurde, Richard dans les étoiles ouvre la voie à la rupture et à l’anticonformisme, et se pose la question de la performance et de l’assignation sociale. Que vaut-on quand on s’arrête de produire ? Quand on ne sert plus aux autres ?
Depuis 2011, le Festival Sens Interdits donne la parole au peuple russe à travers les spectacles du KnAM Théâtre. Aujourd’hui réfugiée en France et associée aux Célestins, la compagnie nous parle du conflit qui déchire son pays avec Nous ne sommes plus… À partir des souvenirs d’enfance, d’objets ramenés mais aussi des témoignages de personnes, Tatiana Frolova questionne les notions de mémoire et de trace. Avec Ordalie, l’artiste libanaise Chrystèle Khodr s’inspire d’une pièce historique d’Ibsen (Les Prétendants à la couronne) pour mettre en lumière la situation sociale et politique de son pays et l’urgence de reconstituer une mémoire collective.
Ambre Kahan [artistes associé·es] – Compagnie Get out – aux Célestins, s’empare de L’Art de la joie, chef d’œuvre de Goliarda Sapienza. Un grand spectacle de troupe qui nous plonge dans l’histoire italienne du XXe siècle à travers la vie hors du commun de Modesta.
La Chute infinie des soleils, de l’auteur et metteur en scène togolais Elemawusi Agbedjidji – Cie Soliloques – croise les destins des esclaves naufragés sur l’île Tromelin en 1761 et d’un étudiant africain en France aujourd’hui en attente d’un statut de réfugié.
Avec Viviane, une merveille, l’autrice et metteuse en scène Myriam Boudenia – Compagnie La Volière – pointe du doigt le sujet encore tabou de la santé mentale des jeunes. Entre théâtre, musique et chansons, Myriam Boudenia tisse une performance singulière sur fond d’heroic fantasy et de légendes du roi Arthur.
Après sa mise en scène du Suicidé, Patrick Pineau revient aux Célestins avec une nouvelle comédie burlesque de Nicolaï Erdman : Le Mandat. Première pièce de l’auteur russe dans laquelle se côtoient bourgeois ruinés par la révolution, anciens tsaristes encore riches, communistes de façade et arrivistes de tous bords. Un théâtre à hauteur d’homme et de femme qui, ici, renvoie dos à dos conservatisme de l’ordre ancien et petite bourgeoisie post-révolutionnaire.
DES VOIX VENUES D’AILLEURS
Les Célestins proposent un troisième rendez-vous dans le cadre du Festival Sens Interdits : Antigone in the Amazon du metteur en scène suisse Milo Rau. Le directeur du NTGent (Gand) poursuit son cycle sur les mythes classiques dans le nord du Brésil pour dénoncer la déforestation, la surexploitation agricole et les violences faites aux indigènes.
Adapté du roman de l’écrivain mozambicain Mia Couto, mis en scène par Victor de Oliveira (né au Mozambique – petit-fils de colons et de colonisés), Les Sables de l’empereur célèbre la richesse des frontières ouvertes et des identités multiples. Une histoire d’amour transgressive au cœur de l’Afrique coloniale.
Accueilli la saison dernière avec son bouleversant Tropique de la violence, Alexandre Zeff nous plonge, cette fois-ci en Irak, dans la réalité d’un crime de déshonneur avec la tragédie contemporaine Que sur toi se lamente le Tigre, Prix Goncourt du premier roman 2021 d’Émilienne Malfatto, nouvelle figure d’une littérature sans frontière.
Après Huit heures ne font pas un jour d’après Rainer Werner Fassbinder, Julie Deliquet adapte à la scène Welfare, le documentaire du réalisateur américain Frederick Wiseman et nous plonge dans le quotidien d’un centre d’aide sociale new-yorkais dans les années 70.
Trois peuples. Trois révoltes. Trois continents. Abdelwaheb Sefsaf – Compagnie Nomade in France & Canticum Novum– rouvre avec Kaldûn les pages de l’histoire coloniale française et fait de son théâtre musical un remède à nos blessures. Avec Le Firmament de la dramaturge britannique Lucy Kirkwood, Chloé Dabert donne souffle à un drame historique dans l’Angleterre rurale du XVIIIe siècle où douze femmes sont convoquées pour statuer sur le sort d’une jeune domestique condamnée à mort.
RÉVOLTE ET ÉMANCIPATION lorsque les artistes éclairent les failles de notre société
Louise Bernard et Louv Barriol, avec le Collectif Fléau Social, mettent en résonance dans L’Homosexualité, ce douloureux problème, les luttes des années 70 avec celles, toujours vives, de notre société contemporaine.
Avec La femme n’existe plus, Céline Fuhrer, Valérie Karsenti, Cédric Moreau et Jean-Luc Vincent signent une comédie féministe aux accents satiriques qui renvoie autant à l’univers de Papy fait de la résistance qu’à l’histoire du MLF.
Lauréat du Prix Incandescences 2022, Sarah Delaby-Rochette – Compagnie Troisbatailles – raconte vingt-quatre heures de la vie d’une femme qui consume tout sur son passage avec Gloria Gloria écrit par Marcos Caramés-Blanco.
Grès (Tentative de sédimentation) de Guillaume Cayet est le récit d’une voix, celle d’un jeune père de famille qui se confie à nous. Un comédien et un musicien donnent à entendre la chronique d’une lutte, d’une révolte, d’une transformation.
Articulant drame, kitch, sublime et burlesque, Louis Arene et les artistes du Munstrum Théâtre [artiste associé·es] mettent en miroir deux courtes pièces de Copi avec 40° sous zéro (L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer et Les Quatre jumelles). Un hommage à la folie de Copi : un antidote aux certitudes et aux enfermements.
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’ARTISTES
Pour la circassienne Raphaëlle Boitel, prévoir le futur est la meilleure manière d’agir sur le présent. Avec La Chute des anges, elle nous plonge avec grâce et poésie dans un conte lumineux, plein d’une fantaisie ténébreuse et de drôleries cruelles. Entre cirque, théâtre, danse et musique.
Révélée dans La Seconde surprise de l’amour mis en scène par Alain Françon, Suzanne de Baecque nous ouvre les coulisses de l’élection de Miss Poitou-Charentes 2020. Tenir debout est son premier spectacle dont elle est l’autrice, la metteuse en scène et l’interprète avec Raphaëlle Rousseau.
Comment s’installe un pouvoir de domination sur une enfant ? Avec Daddy, Marion Siéfert mêle texte, danse, musique et jeu vidéo, pour représenter ce que le numérique fait à nos vies.
Le collectif Les Bâtards Dorés nous invite avec Méduse à rejouer le procès ayant suivi le naufrage de la frégate française, en 1816, au large de la Mauritanie. Une proposition trash et transdisciplinaire qui relie la catastrophe aux dérives du XXIe siècle.
DES GRANDS NOMS DE LA SCÈNE
Après Nosztalgia Express en 2023, Marc Lainé nous entraine cette fois, dans un triangle amoureux pas comme les autres, En travers de sa gorge (Une trilogie fantastique (2)) croise théâtre, musique et cinéma porté notamment par Bertrand Belin et Marie-Sophie Ferdane.
Laure Blatter, Catherine Hiegel et Pascal Sangla donnent vie aux personnages du roman Les Gratitudes de Delphine de Vigan dans une mise en scène de Fabien Gorgeart. Un trio qui questionne la perte du langage.
Avec Lazzi de Fabrice Melquiot, Vincent Garanger et Philippe Torreton nous invitent à une réflexion sur la fin d’une époque. Une grande ode à l’amitié.
Créée par la Comédie-Française en 2022, cette version masquée du Mariage forcé de Molière mis en scène par Louis Arene [artiste associé·es] nous raconte l’histoire d’un projet amoureux qui tourne mal. Dans un clair-obscur intriguant, la troupe de la Comédie-Française fait résonner le génie de Molière avec notre présent.
(Re)connu pour son univers théâtral à la fois visuel, intime et spectaculaire, Joël Pommerat présente une Cendrillon contemporaine d’une beauté et d’une sensibilité stupéfiante. Un conte qui se réinvente aujourd’hui pour s’adresser aux adultes comme aux enfants.
Connu pour ses mises en scène débordantes, Vincent Macaigne crée un théâtre radicalement contemporain. Il interrogera la bêtise et la férocité humaine avec Avant la terreur, libre adaptation de Richard III de William Shakespeare et d’autres textes.
LES SPECTACLES À VOIR EN FAMILLE
À PARTIR DE 7 ANS
20 000 lieues sous les mers
Jules Verne / Christian Hecq / Valérie Lesort
À PARTIR DE 10 ANS
La Chute des anges
Raphaëlle Boite
Les gros patinent bien
Pierre Guillois / Olivier Martin-Salvan
Cendrillon
Joël Pommerat
À PARTIR DE 14 ANS
Hors piste
Martin Fourcade / Matthieu Cruciani
Viviane, une merveille
Myriam Boudenia
Carmen.
François Gremaud
Giselle…
François Gremaud
Le Mandat
Nicolaï Erdman / Patrick Pineau
Les Possédés d’Illfurth
Yann Verburgh / Lionel Lingelser
Tenir debout
Suzanne de Baecque
Bonjour,
Vous n’avez pas cité dans la programmation 23/24 des Célestins à Lyon, « les gros patinent bien » qui sont programmés 1 mois, une très longue série.
Puis-je vous demander pourquoi?
Merci de votre réponse.