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Orlando, le livre d’images de Katie Mitchell

À la une, Décevant, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Stephen Cummiskey

Au Théâtre de l’Odéon, la metteuse en scène britannique se contente d’illustrer, en vidéo, le roman de Virginia Woolf. Scénographiquement maîtrisée, la démarche est un peu courte pour en révéler la profondeur.

A première vue, Orlando devait aller comme un gant à Katie Mitchell. Par le passé, la metteuse en scène britannique avait maintes fois prouvé son goût pour la thématique des sexes et des genres qu’elle se plait, souvent, à triturer. Dans le sillage de Elfriede Jelinek, elle avait su prendre le contre-pied du mythe d’Orphée avec Schatten (Eurydike sagt) ou transformer la « Madame » des Bonnes de Jean Genet en homme travesti. Habituée aux parti-pris radicaux, elle s’est, cette fois, curieusement pétrifiée et laissée dévorer par le roman de Virginia Woolf, sans ne mener aucun combat théâtral.

La fresque intime et historique dessinée par la romancière britannique avait pourtant de quoi, sous ses airs de fausse biographie, donner du grain à moudre à Katie Mitchell, toujours en prise avec les thèmes sociétaux les plus brûlants. Au long de près de quatre siècles, de la fin du XVIe au début du XXe, elle conte l’histoire d’Orlando, un jeune noble anglais, dont la reine Elisabeth Iʳᵉ fait l’un de ses plus infidèles courtisans. Poète androgyne et rêveur, il ne réussit pas à trouver sa place dans cette société patriarcale, et se cherche au gré des rencontres qui ressemblent à une fuite en avant. De périple en périple, il s’endort un soir, pendant plusieurs jours, et se réveille un matin dans le corps d’une femme. En lui, rien n’a changé, et pourtant la société des hommes lui renvoie une tout autre image, et lui accorde une tout autre place.

Entre ressorts fantastiques et contenu hyper réaliste, Virginia Woolf s’intéresse moins au faire de son personnage qu’à son être, à ses aventures qu’à sa psychologie. Dans ce roman bien sulfureux pour l’époque, la narrateur occupe d’ailleurs une place prépondérante. Loin d’être un simple conteur, il est lui aussi un acteur, qui se met en scène et se pique de commentaires plus ou moins réguliers. Cette grammaire littéraire particulière, Katie Mitchell a choisi de la reprendre à son compte. Avec le même dispositif que dans sa terne Maladie de la mort, elle enferme une narratrice dans un semblant de bocal radio et la charge de dérouler le fil de l’histoire, comme si aucune adaptation n’était nécessaire. Sauf qu’au théâtre, le procédé fonctionne bien plus difficilement qu’en littérature. Tout est d’entrée de jeu mis à distance, tristement et prosaïquement dévitalisé, sans lecture, ni parti-pris apparent.

Les comédiens de la Schaubühne sont alors largement sous-exploités, relégués au rang de figurants d’un théâtre filmé – la marque de fabrique de Katie Mitchell – dans lequel la parole ne leur est que très rarement accordée. Malgré la maîtrise scénographique et la performance de Jenny König et Konrad Singer, l’ensemble se borne à une illustration primaire du roman de Virginia Woolf. Entre images enregistrées et filmées en direct, reliées entre elles par un montage parfois grossier, l’ensemble est englué dans une esthétique cinématographique digne d’une série britannique des années 1980, loin, très loin de la beauté de Schatten (Eurydike sagt). Surtout, la volonté de Katie Mitchell de prolonger la vie d’Orlando jusqu’à nos jours – boîte de tampons et smartphone faisant foi – n’aboutit à rien d’autre qu’une énième pirouette infertile, symbole d’un spectacle où la metteuse en scène n’avait, sans doute et finalement, rien à ajouter au texte originel.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Orlando
de Virginia Woolf
Mise en scène Katie Mitchell
Avec İlknur Bahadır, Philip Dechamps, Cathlen Gawlich, Carolin Haupt, Jenny König, Isabelle Redfern, Konrad Singer et Nadja Krüger, Sebastian Pircher (caméras), Stefan Kessissoglou (perchman)
Adaptation Alice Birch
Collaboration artistique Lily McLeish
Scénographie Alex Eales
Costumes Sussie Juhlin-Wahlen
Conception visuelle Grant Gee
Vidéo Ingi Bekk
Collaboration à la vidéo Ellie Thompson
Musique et son Melanie Wilson
Lumière Anthony Doran
Dramaturgie Nils Haarmann

Production Schaubühne Berlin
Coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Teatros del Canal – Madrid, Göteborgs Stadsteater / Backa Teater, Teatro São Luiz – Lisbonne 
En collaboration avec le réseau européen Prospero
Avec le soutien du Cercle Giorgio Strehler

Durée : 1h50

Odéon Théâtre de l’Europe, Paris
du 20 au 29 septembre

21 septembre 2019/par Vincent Bouquet
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