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Du théâtre éco-responsable avant l’extinction de l’humain

A voir, Bobigny, Les critiques, Théâtre

photo Simon Gosselin

En s’emparant d’Une pièce pour les vivant·e·s en temps d’extinction créée en 2021 au Théâtre Vidy-Lausanne par Katie Mitchell, et en suivant le protocole qu’elle a élaboré en lien avec la thématique écologique abordée, David Geselson signe une version personnelle et poignante qui prend la forme d’une lumineuse veillée funèbre.

La toute première pièce née du projet Sustainable Theatre initié par le Théâtre Vidy-Lausanne et quelques-uns de ses artistes associés se présente comme l’ambitieuse occasion de livrer une réflexion sur les moyens à inventer et à engager pour mener une production théâtrale de dimension internationale face à l’urgence de la crise climatique. Aux manettes de ce spectacle dont le processus de création est bien particulier, la metteuse en scène britannique Katie Mitchell a commandé un texte à l’autrice américaine Miranda Rose Hall traitant du désastre écologique et de la disparition des espèces. Elle l’a ensuite mis en scène en élaborant un cahier des charges permettant de répondre à son exigence d’exemplarité en matière de sobriété énergétique. Premier point d’expérimentation : la pièce ne sera pas diffusée en tournée dans sa version initiale mais sera recréée par des artistes locaux partout où elle est coproduite.

A la MC93, c’est David Geselson qui est en charge de réaliser sa propre version en suivant les principes édictés. Par exemple, celui de n’avoir pas recours à l’électricité. Si Katie Mitchell sollicitait des cyclistes lausannois qui, en pédalant sur scène, généraient l’énergie requise pour le spectacle (la quantité de volts produite était retransmise sur écrans), le metteur en scène français a, quant à lui, opté pour un moyen plus ancestral emprunté au théâtre baroque, l’éclairage à la bougie.

Autre principe stipulé par le manifeste : le spectacle doit être interprété par une femme qui n’est pas issue de la majorité visible de son pays. C’est le cas de la comédienne Juliette Navis. Elle se présente comme la dramaturge d’un spectacle à gros moyens et aux multiples effets qui, pour une raison aussi soudaine que dramatique – l’hospitalisation de la mère du metteur en scène – ne sera pas présenté comme prévu. A la place, charge à elle de se livrer alors à un substitut de performance dont le caractère (faussement) impromptu et impréparé séduit. Celle-ci prend place dans l’ébauche d’un décor en cours d’installation, un espace réduit, baigné d’obscurité, où se laissent deviner des prototypes de paraboles dans lesquels sont disposées des lampes à huile, autant de petites planètes formant une cosmogonie miniature hautement poétique. Plus habituée à penser la manière de fabriquer le théâtre qu’à jouer sur un plateau, selon les dires du personnage qu’elle joue, l’interprète propose alors une réflexion, non experte mais suffisamment documentée, et passionnée, sur le dérèglement climatique et l’imminence de la catastrophe provoquée par l’activité humaine. Elle liste depuis le Bing Bang et la formation de la Terre, une série de six extinctions de masse des espèces, dont la dernière est celle qui survient actuellement, elle déplore leurs conséquences irréversibles et inévitables, elle exhorte à une prise de conscience éco-responsable.

Comment se saisir d’un texte aussi anti-théâtral et désamorcer l’effet « chape de plomb » qu’il pourrait produire ? David Geselson propose habilement un théâtre musical et chambriste qui s’écarte heureusement du pensum didactique au moyen de nuances délicates. Les idées avancées y sont clairement énoncées, et ce avec autant de force de conviction que d’humour et d’émotivité. Le propos délivré ne se place jamais à une hauteur surplombante mais est simplement, spontanément, partagé. L’action et la responsabilisation demeurent au cœur du discours qui se veut concernant et engageant. En dénonçant entre autres les notions d’économie d’extraction et de hiérarchie sociale, l’exploitation sans mesure des ressources de la nature ou de la biosphère, et les inégalités que cela engendre, retentissent la sirène d’alarme et surtout le constat d’un échec, celui de l’Homme, en voie d’extinction.

Christophe Candoni www.sceneweb.fr

Une pièce pour les vivant.e.x.e.s en temps d’extinction
Mise en scène David Geselson
Avec Juliette Navis
D’après la pièce conçue par Katie Mitchell
Texte Miranda Rose Hall
Conception scénographique David Geselson, Jérémie Papin
Création lumière Jérémie Papin

Production MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Compagnie Lieux-dits.

Coproduction Creative Europe dans le cadre du projet STAGES – Sustainable Theatre Alliance for a Green Environmental Shift.

L’écriture du texte de ce spectacle participe du processus de création de Sustainable theatre ?, par Katie Mitchell et Jérôme Bel conçu au Théâtre Vidy-Lausanne.

Photo A Play for the Living in a Time of Extinction – at Dramaten, Sweden. © Sara P Borgström.

Durée : 1h10

MC93
du 27 mars au 7 avril 2024

29 mars 2024/par Christophe Candoni
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