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Un « Faust » qui grise autant qu’il frustre

Les critiques, Lille, Moyen, Opéra, Paris
Denis Podalydès monte Faust de Gounod à l'Opéra de Lille
Denis Podalydès monte Faust de Gounod à l'Opéra de Lille

Photo Simon Gosselin

À l’Opéra de Lille, avant l’Opéra-Comique, Louis Langrée et Denis Podalydès défendent la version originelle du chef-d’oeuvre de Gounod avec autant de flamboyance musicale que de banalité scénique.

C’est une version inhabituelle du célèbre Faust de Gounod qui se laisse découvrir en cette fin de saison à Lille, puis à Paris. L’œuvre y est représentée dans sa version créée en 1859 au Théâtre-Lyrique, une première mouture qui n’a jamais été redonnée depuis autrement qu’en concert ou enregistrée au disque. Inscrite dans la pure tradition de l’opéra-comique du XIXe siècle, c’est-à-dire entrecoupée de dialogues parlés, elle est restituée grâce au récent travail de recherche effectué par le Palazzetto Bru Zane, ainsi qu’aux choix convaincus de Louis Langrée, spécialiste à la fois éclairé et passionné du répertoire français. À la tête de l’Orchestre national de Lille, qu’il fait triomphalement sonner, le chef dirige l’œuvre remarquablement, sans aucune lourdeur, avec une belle et allègre musicalité, et surtout une totale flexibilité prompte à faire se déployer les richesses rutilantes comme le caractère hétéroclite des atmosphères mélodiques que contient l’ouvrage.

De la version « grand opéra » considérée comme définitive et plus connue du public, plusieurs airs à succès sont absents dans le spectacle présenté. L’auditeur fera son deuil de la Ronde du veau d’or, du poignant Avant de quitter ces lieux chanté par Valentin, ou encore du pompeux chœur des soldats, Gloire immortelle de nos aïeux. Si l’ensemble des récitatifs chantés sont coupés, quelques pages inédites ou méconnues font leur apparition. Et surtout, plusieurs scènes parlées. Malheureusement, il faut reconnaître que l’équipe artistique ne parvient pas à faire de ces passages de véritables moments de théâtre, tant les dialogues sont exagérément déclamés.

Denis Podalydès et ses fidèles compères (Éric Ruf à la scénographie, Christian Lacroix aux costumes, Bertrand Couderc aux lumières) assument une représentation assez classique, même un peu ordinaire qui, à l’instar du choix de la version représentée, tend à se départir de la monumentalité qui colle à l’ouvrage. La simplicité prime donc. Soit. Mais aussi une certaine pauvreté imaginative. Le plateau nu, que viennent meubler quelques rares éléments de décors apparaissant des cintres, est nimbé d’un crépuscule caverneux. Une tournette souvent actionnée montre l’inexorabilité du parcours de Faust. Le cercle occupe une place centrale. Podalydès s’est évidemment souvenu de la grande roue lumineuse utilisée dans la production historique de Lavelli et lui fait un clin d’oeil. Pour autant, malgré certaines influences du théâtre de foire ou de tréteaux, et les quelques heureuses envolées offertes par la danse (étourdissante valse du couple Elsa Tagawa et Julie Dariosecq), l’ensemble paraît assez figé, trop peu animé. On demeure assez loin de l’esprit malicieux et vivifiant distillé dans le Falstaff de Verdi présenté par la même équipe il y a quelques années.

Passe l’esthétique, c’est surtout l’approche des personnages un peu trop réductrice et rétrograde qui fait défaut. À commencer par les figures féminines : Dame Marthe est truculente, mais tellement boulevardière ; et surtout Marguerite, que défend Vannina Santoni, compassée dans son rôle d’ingénue corsetée et chantant joliment sa Chanson du roi de Thule derrière sa machine à filer. Moins attendu, Méphistophélès est un diable peu diabolique. Son interprète, Jérôme Boutillier, campe plutôt une sorte de Monsieur Loyal, un personnage fantoche en queue de pie et haut de forme, un peu bonimenteur. La Chanson du nombre treize justement ajoutée pour colorer de noirceur énigmatique ce personnage ne le rend pas plus inquiétant. Pour finir avec le meilleur, Julien Dran ne suscite aucune réserve dans Faust et confirme la fantastique aisance, l’intelligibilité sensible du texte et de la note, qui sont autant de qualités avec lesquelles il a dernièrement pris le rôle à Limoges, puis à Vichy. Contrairement à la mise en scène de Tobias Kratzer, qui dédoublait le Faust d’âge mûr et celui plein de jeunesse recouvrée, le ténor assume la vieillesse grimaçante du marcheur traînant son cabas de courses et sa silhouette courbée sous une loque rouge, puis l’ardeur irradiante du séducteur conquérant. Bien qu’annoncé souffrant, il offre une interprétation complète et surtout une épatante vaillance vocale. L’aigu est superbe, à la fois éclatant et délicat dans la cavatine Salut, demeure chaste et pure, agrémentée dans cette version d’une cabalette au cours de laquelle l’artiste se fait romantique à souhait, aussi bien ombrageux qu’exalté.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Faust
de Charles Gounod
Livret Jules Barbier, Michel Carré, d’après la pièce de Goethe
Direction musicale Louis Langrée
Mise en scène Denis Podalydès
Avec Julien Dran, Vannina Santoni, Jérôme Boutillier, Lionel Lhote, Juliette Mey, Anas Séguin, Marie Lenormand, Alexis Debieuvre, Léo Reynaud, Julie Dariosecq, Elsa Tagawa, Arthur Dreger en alternance avec Alice Leborgne
Chœur de l’Opéra de Lille
Orchestre National de Lille
Collaborateur à la mise en scène Laurent Delvert
Scénographie Éric Ruf
Costumes Christian Lacroix
Lumières Bertrand Couderc
Chorégraphe Cécile Bon
Chef de chœur Mathieu Romano
Chef de chant Nicolas Chesneau
Masques Louis Arène
Maquillage et coiffure Véronique Soulier-Nguyen
Assistant à la direction musicale Sammy El Ghadab
Assistantes scénographie Caroline Frachet, Zoé Pautet
Assistant costumes Jean-Philippe Pons
Assistant chef de chœur Louis Gal
Stagiaire assistanat à la mise en scène Méryl Vourch

Production Opéra de Lille
Coproduction Opéra-Comique – Paris, Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française

Durée : 3h30 (entracte compris)

Opéra de Lille
du 5 au 22 mai 2025

Opéra-Comique, Paris
du 21 juin au 1er juillet

19 mai 2025/par Christophe Candoni
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