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Un Don Carlos magnifiquement chanté et théâtralement dépouillé

À la une, A voir, Les critiques, Opéra, Paris

Jonas Kaufmann (Don Carlos) et Ludovic Tézier (Rodrigue) photo Agathe Poupeney

Production phare de la saison lyrique de l’Opéra de Paris, Don Carlos ne se hisse pas totalement au niveau des attentes superlatives. Un plateau vocal d’exception défend le retour de la rare version originale en français et en cinq actes de l’opéra de Verdi, mais dans un spectacle très modérément inspiré.

Force est de constater qu’à enchaîner sans discontinuer les grosses productions lyriques, Krzysztof Warlikowski se trouve pour Don Carlos à bout de souffle et d’idées. Sa capacité à investir et révéler les endroits les plus tacites des livrets d’opéra se voit bien contredite par une lecture paresseuse reposant sur des procédés aussi ordinaires que le flash-back et le resserrement intimiste des intrigues auxquels s’ajoutent quelques systématismes convoquant l’autocitation de certains invariants propres à son langage scénique et des emprunts tel un étonnant cheval Castelluccien. A aucun moment son théâtre organique, électrique, fantasmatique ne parvient à exister vraiment. Warlikowski plombe Carlos qu’il emprisonne dans un grand espace rituel et statique, hanté par le chic et le vide. Aux antipodes de propositions certes scandaleuses mais beaucoup plus fortes et passionnantes, ce vain spectacle restera de loin l’un de ses plus plats.

De la distribution luxueuse réunie sur la scène de la Bastille, on retient d’abord la présence incendiaire de deux cantatrices exceptionnelles. Sonya Yoncheva et Elīna Garanča, deux voix on ne peut plus onctueuses et volumineuses, deux tempéraments de feu, l’une en Elisabeth de Valois, magnifique amoureuse éplorée, l’autre en fantastique Eboli devenue femme d’armes, piquante et prédatrice coacheuse de jeunes escrimeuses qu’elle butine à l’occasion. Dans le rôle-titre, Jonas Kaufmann qui donne la version italienne de l’opéra depuis une décennie et notamment à Salzbourg avec Anja Harteros, se présente dans une forme resplendissante. Scéniquement habitué aux personnages dépourvus d’héroïsme (et pieds nus), confère son hésitant et touchant Lohengrin dans la lecture psy de Claus Guth, il se met dans la peau d’un Don Carlos à l’allure anodine (un petit pull blanc en col V façon sportif du dimanche) et aux tendances suicidaires, tout tremblotant et chancelant. La projection est plus retenue qu’autrefois, le timbre obscurci, ce qui n’empêche des aigus fulgurants, mais le ténor ténébreux apporte une grande intelligence musicale et interprétative doublée d’une sensibilité écorchée dans une incarnation du « Prince au cœur sombre » qui laisse bouche bée. Avec toujours ce côté un peu monolithique dans l’expression, Ludovic Tézier est un admirable Posa doté d’un style plein de noblesse. Enfin, Ildar Abradzakov fait un Philippe II qui ne manque pas de charisme.

Avec des chanteurs aussi impressionnants, Verdi flamboie sur scène tandis que dans la fosse, Philippe Jordan, comme grisé par la monumentalité caractéristique du grand opéra français, se laisse aller au pompiérisme à travers une succession de brusques effets soudainement interrompus par d’incompréhensibles suspens apathiques. Un orchestre sonore, aux timbres claires et vibrionnants bien valorisés dans les soli instrumentaux, fait entendre un Don Carlos quasi complet, correspondant à la version qui fut livrée par le compositeur en 1866 à l’Opéra de Paris, commanditaire de l’œuvre, sans le ballet traditionnellement placé à l’acte III. On reste suspendu à l’adieu de Rodrigue magnifiquement interprété en un souffle long et un legato caressant, puis au duo final donné tout en retenue, où chaque note, chaque intonation se réfugie tragiquement dans des pianissimi résignés. L’émotion emporte tout. Le chant est bel et bien le triomphateur de la soirée.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

DON CARLOS
Giuseppe Verdi
LIVRET
Joseph Méry, Camille du Locle
D’APRÈS
Friedrich Schiller,
Don Carlos, Infant von Spanien
En langue française
Surtitrage en français et en anglais
DIRECTION MUSICALE Philippe Jordan
MISE EN SCÈNE Krzysztof Warlikowski
DÉCORS ET COSTUMES Małgorzata Szczęśniak
LUMIÈRES Felice Ross
VIDÉO Denis Guéguin
CHORÉGRAPHIE Claude Bardouil
DRAMATURGIE Christian Longchamp
CHEF DES CHOEURS José Luis Basso
Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
PHILIPPE II Ildar Abdrazakov
DON CARLOS Jonas Kaufmann (10 > 28 oct.), Pavel Černoch (31 oct. > 11 nov.)
ÉLISABETH DE VALOIS Sonya Yoncheva (10 > 28 oct.), Hibla Gerzmava (31 oct. > 11 nov.)
LA PRINCESSE EBOLI Elīna Garanča (10 > 28 oct.), Ekaterina Gubanova (31 oct. > 11 nov.)
RODRIGUE Ludovic Tézier
LE GRAND INQUISITEUR Dmitry Belosselskiy
THIBAULT Ève-Maud Hubeaux
DÉPUTÉS FLAMANDS Tiago Matos, Michal Partyka, Mikhail Timoshenko, Tomasz Kumiega, Andrei Filonczyk, Daniel Giulianini
UNE VOIX D’EN HAUT Silga Tīruma
LE COMTE DE LERME Julien Dran
UN HÉRAUT ROYAL Hyun‑Jong Roh

Durée : 4h40 avec deux entractes

OPÉRA BASTILLE
Reprise du 25 octobre au 23 novembre 2019

Avec Filippo II :
René Pape

Don Carlo :
Roberto Alagna
25 oct. > 11 novembre
Michael Fabiano
14 > 23 novembre

Rodrigo :
Étienne Dupuis

Il Grande Inquisitore :
Vitalij Kowaljow

Un frate :
Sava Vemić

Elisabetta di Valois :
Aleksandra Kurzak
25 oct. > 11 novembre
Nicole Car
14 > 23 novembre

La Principessa Eboli :
Anita Rachvelishvili

Tebaldo :
Eve-Maud Hubeaux

Una Voce dal cielo :
Tamara Banjesevic

Il Conte di Lerma :
Julien Dran

Deputati fiamminghi :
Pietro Di Bianco
Daniel Giulianini
Mateusz Hoedt
Tomasz Kumiega
Tiago Matos
Danylo Matviienko

Un Araldo :
Vincent Morell

18 octobre 2017/par Christophe Candoni
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