Cette création était très attendue. Elle est imprime la nouvelle ère qui s’est ouverte au Théâtre National de Strasbourg avec la nomination de Stanislas Nordey. Je suis Fassbinder est une pièce sur l’actualité écrite par Falk Richter. L’auteur allemand fait dialoguer ses mots avec l’univers cinématographique de Fassbinder.
Falk Richter est également co-metteur en scène de ce spectacle sans concession sur l’état de l’Europe aujourd’hui. Des attentats de Charlie et du Bataclan, à la montée de l’extrême droite en Europe, en passant par la crise des réfugiés ou les évènements à la gare de Cologne au nouvel an, cette pièce est au cœur de l’actualité. Un geste rare sur un plateau en France. « Ce n’est pas dans la tradition française, cela existe en Angleterre et en Allemagne » explique Stanislas Nordey. « En France nous sommes les héritiers de Racine et de Claudel. Notre rapport au théâtre est plus littéraire. On a très peu de pièces qui parlent de la guerre d’Algérie. » Lui souhaite parler au public de ce qui nous entoure, ce sera l’un des points forts de son projet artistique.
Stanislas Nordey et Falk Richter ont déjà collaboré ensemble. En 2010 au Festival d’Avignon, ils avaient mis en scène My Secret Garden, spectacle très personnel, basé sur le journal intime de Falk Richter et sur son adolescence. Dans Je suis Fassbinder, l’auteur dresse le constat d’une Europe en crise. La mise en scène alterne des extraits de films célèbres de Fassbinder rejoués par les comédiens tous excellents autour de Stanislas Nordey (Thomas Gonzalez, Judith Henry, Éloise Mignon et Laurent Sauvage qui est aussi artiste associé au TNS).
Le plateau est un empilement de praticables de plusieurs hauteurs, recouverts de tapis de laine blanc, dans une ambiance forcément très années 70. D’innombrables photos de films sont posées telles des reliques dans tous les recoins du décor, des extraits entrent en confrontation avec des images d’actualité sur les écrans vidéo. A travers l’univers de Fassbinder, la pièce raconte le monde d’aujourd’hui. Si Fassbinder a « rêvé le bonheur » dans une Europe en construction aujourd’hui que peut-on espérer de cette Europe qui se radicalise avec ces gouvernements de droite aux discours populistes « quasi fascistes » comme le souligne Falk Richter. Les personnages de « Je suis Fassbinder » ne donnent aucune réponse. Ils constatent un état de fait.
Cette pièce coup de poing fait réfléchir. Elle va faire débat. Elle va aussi provoquer le mécontentement car elle sait être provocante notamment lorsque Thomas Gonzalez se ballade nu, le slip baissé sur ses genoux, gambadant sur ses taillons aiguilles, en faisant tourner son sexe dans tous les sens. Heureusement il reste encore aujourd’hui la liberté sur un plateau de faire cela dans la joie et la bonne humeur.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Je suis Fassbinder Création
Texte Falk Richter*
Mise en scène Stanislas Nordey et Falk Richter
Traduction Anne Monfort
Avec Thomas Gonzalez
Judith Henry
Éloise Mignon
Stanislas Nordey
Laurent Sauvage*
Collaboratrice artistique Claire-Ingrid Cottanceau
Dramaturgie Nils Haarmann
Scénographie et costumes Katrin Hoffmann
Assistanat aux costumes Juliette Gaudel
Assistanat à la scénographie et aux costumes Fabienne Delude (élève de l’École du TNS)
Lumière Stéphanie Daniel
Musique Matthias Grübel
Production Théâtre National de Strasbourg En coproduction avec le Théâtre national de Bretagne, Théâtre Vidy-Lausanne, MC:2 Grenoble.
Durée: 1h55Rond-Point
5 – 28 avril 2019
du mardi au samedi, 20h30 – dimanche, 15h – Relâche : les lundis et le 21 avril
Aucun débat. Aucun mécontentement. Ennuis c’est tout.
On n’en veux déjà plus. C’est fatiguant triste de très mauvais goût. Tellement bas de plafond.