Nicolas Bouchaud est de retour au Théâtre de la Bastille cette semaine avec la reprise de Maîtres anciens (comédie) de Thomas Bernhard. Son livre Sauver le moment paru cet hiver chez Actes-Sud est toujours en librairie. Voici son interview Soir de Première.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Pas un trac qui paralyse mais une certaine tension mêlée à de l’excitation, oui.
Comment passez vous votre journée avant un soir de première ?
Je la passe à imaginer un autre spectacle que celui que je m’apprête à jouer.
Avez vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Presque rien. Juste vérifier une dizaine de fois que, de la loge au plateau, tout est bien en place.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier » ?
Je ne me souviens pas d’un moment précis où je me serais dit cette phrase. En revanche, je me souviens de m’être souvent demandé : comment j’allais faire ce métier ?
Premier bide ?
Cérémonie des « Molières ». Fin des années 80. Avec mon cours de théâtre, nous sommes chargés de jouer des saynètes un peu ringardes qui servent à faire la transition entre les différentes remises de prix. À un moment, je suis dans une nacelle, suspendu à cinq mètres du sol, déguisé en bon dieu avec une grosse barbe blanche. Je suis censé illustrer le prix de la meilleure mise en scène ! Lorsque Patrice Chéreau monte sur scène pour recevoir son « Molière », ma nacelle, elle, ne remonte pas, comme prévu, dans les cintres. Quelque chose se grippe et je reste bêtement suspendu au-dessus de la tête de Patrice Chéreau, avec ma toge, mes sandales et ma grosse barbe blanche. D’où ma réponse à la question précédente : non pas « Je veux faire ce métier » mais : « Comment vais-je bien pouvoir y arriver ? ».
Première ovation ?
Peut-être pas une ovation mais beaucoup d’enthousiasme pour « La vie de Galilée » de Brecht, mis en scène par Jean-François Sivadier, au Festival d’Avignon en 2002.
Premier fou rire ?
Pas le premier mais l’un des plus mémorable. En 1993, à Anvers, nous jouons « Enfonçures » de Didier Georges Gabily qui n’est pas précisément une comédie. Nous sommes trente sur le plateau. Dés le début du spectacle nous sommes pris d’un immense fou rire général, simplement parce que l’un d’entre nous s’est mis à parler, de façon inopinée, avec une petite voix très aiguë. Comme un couac au milieu d’un orchestre. Nous jouons tout le spectacle tête baissée pour ne surtout pas nous regarder. Nous essayons pendant une heure et demie de contenir cette immense vague de rire qui menace, à tout instant, d’engloutir la représentation.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Peut-être pas des larmes mais une grande émotion en voyant jouer Philippe Clévenot dans « Elvire Jouvet 40 » mis en scène par Brigitte Jacques.
Première mise à nue ?
« Gibiers du temps » de Didier-Georges Gabily. Catherine Baugué et moi sommes nus. La scène est très longue. Nous sommes loin des spectateurs. Tout se passe comme dans un rêve.
Première fois sur scène avec une idole ?
Je ne suis pas idolâtre. Mais j’ai eu cette chance étrange de jouer sous la direction du réalisateur américain Samuel Fuller. C’était son unique mise en scène théâtrale à partir des textes de Dorothy Parker. Passer du temps avec Fuller, le voir fumer ses cigares et nous raconter les tournages de « Quarante tueurs » ou de « Shock corridor » suffisait à mon bonheur.
Première interview ?
Je ne m’en souviens pas. Mais la dernière a commencé ainsi : « Alors ! Qu’est-ce que c’est pour vous être acteur ? ».
Premier coup de cœur ?
« Amphitryon », « Les Bacchantes », « Bérénice ». Kleist, Euripide, Racine, mis en scène par Klaus Michael Grüber.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !