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Iphigénie : Chloé Dabert se noie dans les flots raciniens

Agenda, Angers, Cherbourg, Décevant, Festival d'Avignon, Gennevilliers, Les critiques, Lyon, Rennes, Saint-Brieuc, Théâtre, Toulouse, Vannes

Photo Christophe Raynaud de Lage

Au Cloître des Carmes, la metteuse en scène de 42 ans, tout juste nommée à la tête de la Comédie de Reims, signe un spectacle sans saveur, à la proposition scénique et dramatique plus que limitée.

Chloé Dabert fait figure de nouvelle étoile montante du théâtre français. Lauréate du Festival Impatience 2014 avec Orphelins de Denis Kelly, programmée la saison passée au Vieux-Colombier avec J’étais dans la maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce, son ascension fulgurante l’a propulsée à la tête de la Comédie de Reims où elle prendra, en janvier prochain, la succession de Ludovic Lagarde. A la lumière de ce parcours éclair, son Iphigénie était donc attendu, très attendu, et autant dire, qu’au soir de la première, dans ce magnifique écrin du Cloître des Carmes, il a furieusement déçu.

Obsédée par la perfection des alexandrins raciniens, obnubilée par sa volonté de respecter à la virgule près la langue du dramaturge français, Chloé Dabert s’est enfermée dans une lecture scolaire, au pied de la lettre, de l’œuvre de Racine. Pourquoi monter cette pièce aujourd’hui ? Qu’a encore à nous dire le sacrifice de cette jeune femme, Iphigénie, que son père Agamemnon entend offrir à la déesse Diane pour à nouveau faire souffler les vents et pouvoir partir guerroyer à Troie ? Autant de questions qui, alors qu’elles relèvent de la seule responsabilité du metteur en scène, restent ici sans réponses. A trop vouloir entretenir un rapport quasi mathématique avec l’écriture de Racine, Chloé Dabert a cru qu’elle se suffisait à elle-même, que le tragique pouvait naître de sa simple expression. Elle a oublié de lui donner un sens, un cap, un but et l’a transformée en un carcan textuel dont les comédiens ont toutes les difficultés du monde à s’extirper.

Bénédicte Cerutti mise à part, tous semblent plus occupés à batailler avec les diérèses et les césures à l’hémistiche qu’avec les tourments des personnages qu’ils sont censés incarner. Déjà fluctuante dans J’étais dans la maison et j’attendais que la pluie vienne, la direction d’acteurs de Chloé Dabert est cette fois-ci totalement absente. Les comédiens, dont on avait pu apprécier le talent dans d’autres productions, sont livrés à eux-mêmes et débitent leurs tirades sans la moindre conviction. Agamemnon poussif, Yann Boudaud sombre dès les premiers vers, quand Servane Ducorps, un temps à la manœuvre, s’embourbe dans un registre caricatural à mesure que le malaise de Clytemnestre s’accroit. Fantomatiques Iphigénie et Achille, Victoire Du Bois et Sébastien Eveno ne laissent, quant à eux, jamais croire ni à leur amour, ni à leur désespoir.

Pour tenter d’occuper l’espace scénique, malgré leur présence défaillante, Chloé Dabert les force à opérer un inutile va-et-vient dans les étages d’un hideux mirador, pièce maîtresse d’un décor signé Pierre Nouvel qui, plutôt que de la sublimer, obère toute la beauté du Cloître des Carmes. Son sublime clocher masqué, ses magnifiques arcades dissimulées, l’un des plus beaux lieux du Festival d’Avignon s’en trouve dépoétisé. Aussi pertinent soit-il, noyé par les lumières malhabiles de Kelig Le Bars, cet ersatz de camp militaire situé entre la plage et la mer prend l’eau de toutes parts, cruel symbole d’un spectacle qui aura viré au triste naufrage.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Iphigénie
Avec Yann Boudaud, Bénédicte Cerutti, Victoire Du Bois, Servane Ducorps, Olivier Dupuy, Sébastien Eveno, Julien Honoré, Arthur Verret

Texte Jean Racine
Mise en scène Chloé Dabert
Scénographie et vidéo Pierre Nouvel
Lumière Kelig Le Bars
Son Lucas Lelièvre
Costumes Marie La Rocca

Production Cie Héros-limite
Coproduction Le Quai Centre dramatique national d’Angers-Pays de la Loire, Théâtre national de Bretagne, Festival d’Avignon, Espace 1789 Scène conventionnée pour la danse de Saint-Ouen, La Passerelle Scène nationale de Saint-Brieuc, L’Archipel Pôle d’action culturelle de Fouesnant-Les Glénan, Célestins Théâtre de Lyon, Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Avec le soutien du Ministère de la Culture Drac Bretagne, Région Bretagne, Conseil départemental de Seine Saint-Denis, Spedidam et pour la 72e édition du Festival d’Avignon : Adami
Avec l’aide du Centquatre-Paris
Avec la participation du Jeune Théâtre National
Durée: 2h15

Festival d’Avignon
Cloître des Carmes
Du 8 au 15 à 22h sauf le 15 juillet

T2G, Théâtre de Gennevilliers
Du 18 au 22 février 2019

Le Quai, CDN Angers Pays de la Loire
Du 26 février au 2 mars

Les Célestins, Théâtre de Lyon
Du 5 au 10 mars

Théâtre populaire romand, Le-Chaux-de-Fonds (Suisse)
Les 14 et 15 mars

La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc
Les 19 et 20 mars

Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France
Le 23 mars

Les Salins, Scène nationale de Martigues
Les 28 et 29 mars

Théâtre Anne de Bretagne, Vannes
Le 2 avril

Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
Les 5 et 6 avril

Théâtre de Chelles
Le 9 avril

L’Espace 1789, Saint-Ouen
Le 12 avril

Théâtre de la Cité, CDN Toulouse Occitanie
Du 16 au 19 avril

Le Trident, Cherboug
Les 29 et 30 avril

L’Archipel, Fouesnant
Le 10 mai

Théâtre nationale de Bretagne, Rennes
Du 15 au 22 mai

9 juillet 2018/par Vincent Bouquet
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2 réponses
  1. Baptiste
    Baptiste dit :
    9 juillet 2018 à 19 h 59 min

    Merci a toi de m’avoir concerté dans mon avis sur cette pièce qui à ma stupéfaction fut fortement appréciée.
    Cependant j’aimerais connaître l’avis des personnes qui ont aimé cette pièce.

    Répondre
  2. sami
    sami dit :
    20 juillet 2018 à 14 h 26 min

    un soulagement ! Ici pas de grandiloquence insupportable ;
    une épure , une simplicité ; on entend et comprend bien le texte ;
    j ai adoré cette sorte d  » applatissement  » que reproche certaines critiques ; pour moi , c est ça qu est genial …
    j ai adoré .

    Répondre

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