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Guillaume Barbot donne des ailes à l’enfance

Aix en provence, Angers, Coup de coeur, Jeune public, Les critiques, Lille, Paris, Saint-Denis, Théâtre

© Marie Charbonnier

Avec Icare, Guillaume Barbot signe une fable d’aujourd’hui qui puise à la racine du mythe son motif principal et aborde le lien parent-enfant avec justesse et sensibilité. Un spectacle éblouissant et total porté par des interprètes en état de grâce.

Disons le tout de go, ce spectacle est un ravissement. Guillaume Barbot s’adresse au jeune public avec une forme transdisciplinaire qui mêle théâtre, musique live et dimension circassienne. Et convoque le mythe d’Icare dans une fable contemporaine d’une infinie délicatesse. D’abord il y a le décor, cette impressionnante maison bancale et ajourée à cour et cette autre structure à jardin qui représente l’école. Les deux se font face, deux versants du vivre ensemble, d’un côté le lieu de l’intime, le foyer familial, de l’autre, l’espace public et social, le lieu de l’apprentissage et de la sociabilisation. Icare est un garçon de 4 ans et demi et l’on sait à quel point le demi est important à ces âges où grandir est une perspective pressante, un enjeu majeur pour sentir sa valeur et sa place dans le monde. Icare vit seul avec son père dans une maison dont la toiture est endommagée. Et l’orage menace. Cette maison en soi est un théâtre et raconte tant. Penchée, ouverte à tous les vents, elle semble solide et fragile à la fois, et son intérieur déploie un arsenal d’accessoires ingénieux, un réseau d’objets mobiles à base de caisses, de cordes charriant des paniers en osier, une cabane ludique où les lits sont suspendus, hamac ou balancelle, un labyrinthe digne d’un inventeur fantaisiste et éclairé, d’un architecte savant à l’imaginaire puissant (émanation du père et dans son ombre portée, de la figure mythologique de Dédale).

C’est cette esthétique de la suspension qui infiltre toute la dramaturgie du spectacle, au sens propre ou figuré. Suspension du temps, la nuit, entre deux journées qui s’enchaînent et se répètent presque à l’identique (les séquences de petit déjeuner sont savoureuses), suspension musicale aussi (le spectacle est rythmé par la sublime partition à la viole de Gambe de Margaux Blanchard), suspension des corps bien sûr puisque dans ce décor qui s’élève en hauteur, les interprètes passent leur temps à monter et descendre quand il ne s’agit pas de s’élancer dans les airs. Car c’est là l’enjeu de la pièce : Icare, à la récré, se fait moquer car il n’ose pas sauter du muret. Situation banale et dramatique de l’enfance. Comment dépasser sa peur ? Et puis il y a son père qui tente de l’aider et tâtonne entre sa propre inquiétude et l’envie d’accompagner son émancipation. Le cours de la vie en somme et le noyau du lien parent-enfant, c’est autour de ces motifs intemporels que tourne Icare, entre chutes et envols, frein et élan. Au centre de la scénographie, un trampoline offre un espace d’expérimentation à l’enfant, un tremplin pour rebondir, une piste pour s’envoler et les images générées sont de toute beauté.

Guillaume Barbot imagine un conte d’aujourd’hui en puisant dans le mythe. Sa ligne narrative est claire, épurée, tout se joue dans la finesse et la justesse du lien entre le père et l’enfant. Les dialogues sont vifs, aussi drôles que touchants. Et les comédien.nes irrésistibles. Olivier Constant en papa tourmenté prouve une fois de plus à quel point il est un interprète admirable, capable de se glisser dans tous les imaginaires, il insuffle à la représentation un mélange de tension et de douceur et fait de cet homme aux prises avec la paternité autant que la filiation (inénarrables coups de fil du grand-père) un être sensible dont l’appréhension fait monter le ton, que la vitalité rend comique, que la tendresse rend bouleversant. A ses côtés, en garçonnet intrépide qui se voit pousser des ailes, Clémence de Felice, tient son rôle avec l’intensité de l’enfance, elle bondit, court, enfreint l’interdit, jubile de grandir et son corps élastique impressionne dans sa partition acrobatique. Elle est la caution poétique du spectacle, sa dynamique physique. Elle a l’éclat et les tempêtes de cet âge dit d’opposition, ses revirements d’humeur, ses obsessions, ses envies fracassantes, son capital attachant au maximum du curseur. C’est un duo qui fait des étincelles, fonctionne du tonnerre et marque en profondeur jeunes et moins jeunes spectateurs.

Agrémenté de touches d’ombres chinoises magiques, où oiseaux et enfants prennent vie dans la lumière, saupoudré d’adresses public pertinentes et bien dosées, habillé de costumes symboliques et expressifs, Icare est avant tout un objet scénique magnifique qui ravit les regards et soulève le cœur, une fable merveilleuse sur l’ambivalence d’être parent, sur ce qu’il y a à réparer chez soi pour pouvoir accompagner plus petit que soi, et surtout, sur la phénoménale aptitude des enfants au dépassement de soi et l’éblouissement qu’elle génère chez ses parents. Dans le monde de Guillaume Barbot, tous les enfants ont des ailes et ce spectacle est un cadeau avant Noël.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Icare
texte, mise en scène Guillaume Barbot
jeu Olivier Constant, Clémence de Felice, Margaux Blanchard, en alternance avec Ronald Martin Alonso
dramaturgie, collaboration à l’écriture Agathe Peyrard
création musicale et création sonore Les Ombres – Margaux Blanchard et Sylvain Sartre – avec le concours de la maitrise de l’IRVEM
création vidéo, magie Clement Debailleul – avec l’aide de Romain Lalire, Antoine Meissier, Phillipe Beau
regard chorégraphique Johan Bichot
scénographie, dessins Benjamin Lebreton
lumières Nicolas Faucheux
costumes Aude Desigaux
construction décor Atelier des Couteaux Suisse (Bretagne)
production Cie Coup de Poker / coproduction Dieppe Scène nationale, Scène nationale d’Albi-Tarn, Théâtre de Chelles, Le Tangram – Scène nationale d’Évreux, La Machinerie – Théâtre de Vénissieux, Points Communs – Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau, Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN / avec le soutien de l’Orange Bleue (Eaubonne), du Département de Seine-et-Marne, de la région Île-de-France, de la Spedidam / la Cie Coup de Poker est conventionnée par la DRAC Île-de-France, et associée au Théâtre de Chelles, à Dieppe Scène nationale

Durée : 55 min
A partir de 6 ans

Du 19 décembre 2023 au 7 janvier 2024
Théâtre Paris Villette à Paris (75)

12 et 13 janvier 2024
Théâtre et cinéma Georges Simenon

à Rosny-sous-Bois (93)
17 au 19 janvier 2024

Le Quai – CDN à Angers (49)
25 janvier 2024

Culture Commune, Scène Nationale du Bassin Minie
du Pas de Calais à Loos en Gohelle (62)

Du 1er au 3 février 2024
Théâtre de Villefranche-sur-Saône (69)

8 et 9 février 2024
Théâtre du Bois de l’Aune à Aix-en-Provence (13)

16 et 17 février 2024
Théâtre le Sémaphore de Port-de-Bouc (13)

Du 19 au 23 février 2024
Théâtre Durance de Château-Arnoux (04)

27 février 2024
Théâtre de Béziers (04)

4 et 5 mars 2024
Théâtre Jacques Carat de Cachan (94)

16 avril 2024
L’atelier à spectacle de Vernouillet (28)

Du 2 au 4 mai 2024
Les passerelles à Pontault Combault (77)

Du 22 au 25 mai 2024
Théâtre Gérard Philipe, CDN de Saint-Denis (93)

1 janvier 2024/par Marie Plantin
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