Après s’être confronté à Cendrillon ou au Petit chaperon rouge, Joël Pommerat présente en tournée Contes et légendes. De son côté, Emma Dante présente Fable pour un adieu à la Colline qui s’inspire de La Petite Sirène d’Andersen à partir de mercredi. La semaine prochaine, Emmanuel Demarcy-Mota met en scène une nouvelle version d’Alice traverse le miroir de Fabrice Melquiot à partir du 14 décembre. L’ensemble de ces spectacles s’adresse aux enfants. Alors pourquoi les contes sont-ils encore si important aujourd’hui ?
Des travaux – inédits – de Denis Jeffrey, professeur au département d’étude sur l’enseignement à l’université Laval, soulignent l’intérêt de faire connaître les contes aux enfants, de par leur important bagage symbolique.
Les contes pour enfants ont remplacé les rites de passage des sociétés anciennes. Ils racontent les défis que les jeunes doivent relever pour devenir adultes. Dans les sociétés traditionnelles, ce passage était fortement ritualisé. Les anciens accompagnaient les jeunes pas à pas. Ils leur faisaient subir des épreuves morales et physiques pour les tester. Puis ils leur transmettaient des savoirs sur le sens de l’existence et sur la place qu’ils allaient occuper dans la société.
Les bienfaits pédagogiques des contes sont nombreux. Ils apprennent à mobiliser les forces intérieures, leur courage, leur audace pour parvenir à l’âge des responsabilités. En toute vraisemblance, les contes initient les enfants au mystère de la mort et au sens de la vie. Ils leur apprennent aussi à faire face à la séparation, à la solitude, à l’abandon, à la souffrance, à l’insécurité et au destin. Les contes expriment à leur manière les angoisses les plus profondes des enfants, ce qui leur permet de les identifier, de les affronter et de les neutraliser.
Dans les mythologies anciennes, le monstre est un symbole du ventre maternel. Lors du rite de passage à l’âge adulte, les initiés doivent retourner dans le ventre maternel pour renaître à leur nouvelle vie d’adulte, comme lorsque Pinocchio se fait dévorer par la baleine. Le monstre imaginaire, qui peut être un loup, un dragon ou un ogre, avale les enfants et les restitue avec une nouvelle identité d’adulte.
La transformation de soi nécessite de passer par un ailleurs. Cet ailleurs est devenu, pour la jeunesse contemporaine, un chemin, une quête, un itinéraire lors duquel ils apprennent à se voir autrement. Voilà pourquoi il est important d’aller au théâtre voir des contes !
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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