Thomas Condemine est artiste associé à La Comédie Poitou-Charentes, le Centre dramatique national dirigé par Yves Beaunesne. Il revisite le Figaro du XVIIIe siècle de Beaumarchais. Son Figaro s’appelle Allan, il est coiffeur de formation. Repéré par un metteur en scène, il est devenu comédien, interprété ici par Allan-Élie Triffault.
Le jour où Mario – metteur en scène – est allé se faire coiffer les cheveux dans le salon d’Allan, c’est le choc : tel Eric Rohmer avec Fabrice Luchini. Il a vu en lui le héros de sa nouvelle création, « Les Noces de Figaro ». Pour nous raconter cette histoire, Allan-Élie Triffault jongle entre deux époques. Lui, découvrant les coulisses d’un nouveau monde fascinant, où les sentiments joués sont si forts qu’ils débordent sur la vie réelle, puis le même Allan, dix ans plus tard, bien intégré dans ce milieu mais en instance de divorce avec celle qui jouait alors Suzanne, lors de leur première rencontre. Il est seul chez lui, sous pression du metteur en scène, il fuit, désillusionné, cherchant une inspiration qui semble l’avoir quitté.
Le spectacle est divertissant, amusant, très drôle et bien mené par un Élie Triffault survolté, simple, Stan Smith aux pieds. Il est tous les personnages de la troupe. D’un geste ou d’une intonation il passe de l’un à l’autre. Doté de bien moins de moyens que la situation qu’il singe, il nous fait découvrir les arcanes de la création théâtrale française avec talent, ironie et un certain cynisme. Une mention particulière doit être attribuée à son personnage de Mario, metteur en scène pseudo-révolutionnaire espagnol, militant, caviar en bouche, pour un « inconfort nécessaire à une bonne création ».
On regrette cependant quelques longueurs. Le spectacle a du mal à trouver sa fin et une cohérence globale. Aussi, on reste loin des questions soulignées par les concepteurs du spectacle : où sont la liberté et la révolte revendiquées ? Même en cherchant bien, elles n’apparaissent pas. Enfin, l’intérêt disparaît quand Élie Triffault entre dans les citations de Beaumarchais, probablement à cause du sur-jeu qu’appellent les personnages.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
FIGARO
J’AURAIS MIEUX FAIT DE RESTER COIFFEUR
mise en scène Thomas Condemine
distribution Elie Triffault
LUMIÈRES : BAPTISTE LECHUGA
RÉGIE GÉNÉRALE : BAPTISTE BUSSY
VOIX ENREGISTRÉES : YVES BEAUNESNE, LOU CHAUVAIN ET CLAUDE BERNARD PÉROT
PRODUCTION : LA COMÉDIE POITOU-CHARENTES – CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL, AVEC LE SOUTIEN DE LA DRAC NOUVELLE – AQUITAINE,
DE LA RÉGION NOUVELLE AQUITAINE ET DE LA VILLE DE POITIERS
CORÉAL I SATION : THÉÂTRE LUCERNAIRE, LIEU PARTENAIRE DE LA SAISON ÉGALITÉ 3 I N I T I É E PAR HF ÎLE-DE-FRANCE
SOUTIENS : LES TRÉTEAUX DE FRANCE – CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL E T LE THÉÂTRE D’ANGOULÊME – SCÈNE NATIONALE
REMERCIEMENT S : LOU CHAUVAIN ET CLAUDE BERNARD PÉROT
Durée : 1h15Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
Du 30 novembre 2016 au 14 janvier 2017
Du mardi au samedi à 19h
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