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Une Chauve-Souris assombrie au temps des camps

À la une, A voir, Besançon, Bobigny, Grenoble, Les critiques, Opéra

photo Elizabeth Carecchio OnP

A la MC93 de Bobigny puis en tournée, Celie Pauthe dirige les jeunes artistes en résidence à l’Académie de l’Opéra national de Paris dans une Chauve-Souris de Strauss sans flonflon et plus grave qu’à l’accoutumé.

Ses valses, ses mélodies populaires, toujours grisantes et étreignantes, la fantaisie, la folie même, de son intrigue faite de tromperies et quiproquos, ses personnages décadents mais forts en tempérament, tout concoure à faire de l’opérette de Johann Strauss fils un modèle du genre viennois.

La légèreté et la drôlerie ne sont pas absentes de la proposition scénique que fait Célie Pauthe mais le caractère presque boulevardier du livret est restitué fort discrètement et trop sagement. Son spectacle n’est pas irrigué de la fièvre attendue alors que la fête et l’ivresse sont totalement consubstantielles à l’oeuvre. C’est que la metteuse en scène, qui s’illustre au théâtre dans un registre sérieux (Müller, Bernhard, Racine, Duras, Angot… ) a choisi d’entrer dans l’oeuvre par une porte qui ne supporte le ton du pur divertissement. Elle recontextualise l’oeuvre en faisant écho à l’année 1944, date à laquelle des musiciens déportés au camp de concentration de Tezerin la jouèrent sous la direction de Wolfgang Lederer.

Célie Pauthe explique elle-même ce choix avant que ne retentisse l’ouverture si entraînante – sorte de pot pourri des grands airs à venir. Les interprètes apparaissent dans un espace traversé par le chaos et déclinent leurs identités. En voix off, elle raconte qu’au fil d’un travail de documentation sur l’oeuvre, elle découvre la judéité de Strauss dont Hitler adorait les valses et l’histoire de cette représentation atypique de La Chauve-souris. Elle décide de se rendre par deux fois à Tezerin. Sur le grand pan de mur défraîchi qui sert de fond de scène, défilent des images vidéos sans doute captées sur le vif, des paysages désolés, sans couleurs, le vide, le délabrement, l’environnement concentrationnaire. Ce crépuscule n’est pas hors sujet quand on prend acte que La chauve-souris est une fable certes bouffonne mais aussi annonciatrice à sa manière de la fin d’une époque, d’un monde. Relue sous l’éclairage du fait relaté, elle devient un édifiant manifeste de résistance, de survivance, au nazisme.

En assumant une réduction conséquente de l’oeuvre et un certain dénuement formel, la représentation, bien loin du luxe cossu dans lequel l’ouvrage a été donné pour la dernière fois à l’Opéra Bastille au début des années 2000, rend hommage à l’artisanat de fortune dont ont sans doute usé les prisonniers et célèbre la capacité salvatrice d’un art pauvre mais confiant à défier la désolation et la résignation.

Le spectacle bénéficie du fort abattage des interprètes de l’Académie de l’Opéra. Il faut dire combien la troupe homogène est pleinement investie, sans rencontrer trop de difficultés dans les scènes parlées et s’illustrant parfaitement à l’aise dans les passages chantés. Ils sont accompagnés par le chef Fayçal Karoui et sept musiciens qui prennent en charge la partition aménagée. Le son se fait forcément feutré comme pour un opéra de chambre. Sans l’habituelle opulence orchestrale, les plus belles pages sont toujours dansante, pleines de gaieté et de vivacité mais voilées d’une fine mélancolie, quelque chose d’un peu plus triste et amer. C’est un peu comme si La Chauve-souris avait été composée pour conjurer l’avenir sombre qui s’ouvre à elle et au monde.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

La Chauve-Souris
Mise en scène Célie Pauthe
Musique Johann Strauss
Livret Richard Genée
Karl Haffner D’après Roderich Benedix, Das Gefängnis (La Prison)
Direction musicale Fayçal Karoui
Collaboration artistique Denis Loubaton
Scénographie Guillaume Delaveau
Costumes Anaïs Romand
Lumières Sébastien Michaud

Les chanteurs et musiciens en résidence à l’Académie de l’Opéra national de Paris
Les musiciens de l’Orchestre Atelier Ostinato
Chœur Unikanti
Version de chambre pour sept instruments de Didier Puntos

Coproduction Académie de l’Opéra national de Paris, MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
Avec le soutien de Fondation Bettencourt Schueller — Mécène principal de l’Académie de l’Opéra national de Paris, Natixis — Mécène Fondateur de l’Académie de l’Opéra, Fondation Engie — Mécène Fondateur de l’Académie de l’Opéra.

Avec le soutien de Fondation Bettencourt Schueller — Mécène principal de l’Académie de l’Opéra national de Paris.

Durée: 3h avec entracte

– Les 2 Scènes à Besançon : du 3 au 5 avril 2019
– Théâtre Impérial de Compiègne : le 26 avril 2019
– Maison de la culture d’Amiens : du 15 au 17 mai 2019
– MC2 de Grenoble : du 22 au 24 mai 2019

15 mars 2019/par Christophe Candoni
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