EXIT ABOVE, trajectoires pop

Photo Anne Van Aerschot

Avec EXIT ABOVE after the tempest, Anne Teresa de Keersmaeker réactive son écriture à travers une trame musicale entre blues, rap et techno et en injectant des marches, des pas house et des figures de break à sa chorégraphie. Un nouveau dialogue subtil entre danse et musique, où la chanteuse Meskerem Mees et le musicien Carlos Garbin évoluent parmi les danseuses et danseurs sur scène. 

S’il faut retenir un axe de l’œuvre d’Anne Teresa de Keersmaeker, c’est peut-être sa relation à la musique. Depuis ses débuts dans les années 1980, la Flamande n’a cessé de frotter sa danse à de nouvelles partitions musicales et à une myriade de styles, de la musique contemporaine à la pop en passant par le jazz, invoquant Steve Reich, Joan Baez ou encore Bach. En apercevant les quatre guitares alignées sur le côté de la scène de la FabricA, on se doute qu’EXIT ABOVE, after the tempest compte, encore une fois, mettre la musique au centre. Dans cette dernière création, la chorégraphe explore des territoires blues, où jaillissent aussi punk et techno. Dans un nouveau dialogue entre musique et corps, elle déplie son écriture ciselée, où se mêlent marches et danses sociales, pour faire jaillir une danse émotionnelle et foisonnante.

« Il existe un tableau de Klee qui s’intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble s’éloigner de quelque chose qu’il fixe de son regard », lit-on sur scène. A l’instar de cet « ange de l’histoire », décrit dans ce texte du philosophe Walter Benjamin, les danseurs et danseuses semblent s’envoler sur le plateau, portés par le souffle et le timbre cristallin de la chanteuse Meskerem Mees. Elle y dévoile une poésie blues poignante, accompagnée par les riffs du guitariste Carlos Garbin. Au fil de ces morceaux – écrits et composés par les deux acolytes – corps de musiciens et de danseurs embrassent le même mouvement, presque sur un pied d’égalité au plateau.

La techno, le rap et le punk, qui surgissent tour à tour dans une succession de ruptures, dissipent cette atmosphère brumeuse. Se dessine un large panorama musical à l’éclectisme pop, aux allures de fresque. A l’instar de ce voyage dans le temps, l’écriture d’Anne Teresa De Keermaeker, progresse et se transforme, en faisant apparaître une variété de gestes connus. Sa danse, à la fois simple et émotive, se pare de marches, déclinées tout au long de la pièce : des pas déterminées face au public, façon Tragédie du chorégraphe Olivier Dubois, des cercles à reculons qui suivent les tracés de couleurs collés sur le sol, des courses à travers le plateau… Un parcours qui prend une dimension politique, faisant entre autres échos aux marches pour les droits civiques et à la portée contestataire du blues.

À travers son écriture, plus du côté de la danse contemporaine dont l’on se plaît à repérer les gestes phares, elle laisse aussi poindre les footwork de la house (jeux de jambes virtuoses propres à la cette danse de club), des pas de salsa, le break aux headspin fulgurants de Solal Mariotte (à plusieurs reprises soliste face au groupe). En invoquant ces styles hip-hop, sa danse se métamorphose, prend des allures pop, s’enracine dans le présent, en dialogue avec la trame musicale qui parcourt la pièce. Tout en conservant son ADN, Anne Teresa De Keersmaeker fait évoluer son vocabulaire chorégraphique, qui s’affirme dans une actualité mordante.

Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr

EXIT ABOVE after the tempest
Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker
Musique Meskerem Mees, Jean-Marie Aerts, Carlos Garbin
Créé avec et dansé par Abigail Aleksander, Jean-Pierre Buré, Lav Crnčević, José Paulo Dos Santos, Rafa Galdino, Nina Godderis, Solal Mariotte, Mariana Miranda, Ariadna Navarrete Valverde, Cintia Sebők, Jacob Storer et Carlos Garbin, Meskerem Mees (musique)
Scénographie Michel François
Lumière Max Adams
Costumes Aouatif Boulaich
Texte et paroles Meskerem Mees, Wannes Gyselinck
Texte d’ouverture Über den Begriff der Geschichte, Thèse IX, de Walter Benjamin
Dramaturgie Wannes Gyselinck
Direction des répétitions Cynthia Loemij, Clinton Stringer
Coordination artistique Anne Van Aerschot
Assistanat à la direction artistique Martine Lange
Administration de tournée Bert De Bock
Direction technique Freek Boey
Assistanat à la direction technique Jonathan Maes
Régie plateau Jonathan Maes, Quentin Maes, Thibault Rottiers
Régie son Alex Fostier
Direction costumes Emma Zune assistée de Els Van Buggenhout
Habillage Els Van Buggenhout
Couture Chiara Mazzarolo, Martha Verleyen

Production Rosas
Coproduction Concertgebouw Brugge, De Munt / La Monnaie (Bruxelles), Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, Internationaal Theater Amsterdam, Théâtre Garonne Scène européenne (Toulouse), Gie Fondoc Occitanie (Le Parvis Scène nationale de Tarbes, Scène nationale ALBI Tarn, Le Cratère Scène nationale d’Alès, Scène nationale Grand Narbonne, Théâtre Garonne)
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
Remerciements Baptiste Alexandre, Naomie Bentein, Bert De Swert, Michel Dierickx, Steven Fillet, Nicolas Fiszman, Ann-Sofie Merlier, Miet Ongena, Tom Pauwels, Jean-Luc Plouvier, Olivier Thys, Alexandra Verschueren
Cette production est réalisée avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge, en collaboration avec Casa Kafka Pictures – Belfius.
Rosas bénéficie du soutien de la Communauté flamande, de la Commission communautaire flamande (VGC), et de la Fondation BNP Paribas.

Durée : 1h30

Festival d’Avignon 2023
La FabricA
du 6 au 13 juillet, à 18h

Opéra de Lyon, La Biennale de Lyon
du 20 au 22 septembre

Scène nationale Carré-Colonnes, Bordeaux-Métropole
le 3 octobre

Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 25 au 31 octobre

Le Cratère Scène nationale d’Alès
le 15 mars 2024

Scène nationale d’Albi
le 19 mars

Le Parvis Scène nationale de Tarbes
les 22 et 23 mars

Scène nationale Grand Narbonne
le 26 mars

Opéra de Lille
les 5 et 6 avril