Philippe Decouflé dissèque le temps qui passe
Du quotidien répétitif et ses accords monocordes aux déhanchés extatiques sur des airs entraînants : Philippe Decouflé sonde notre rapport au temps qui passe dans son nouveau spectacle créé à la Scène nationale Carré-Colonnes de Saint-Médard-en-Jalles.
Les corps commencent par « se retrouver, se croiser et se décroiser », puis « dérapent et se mélangent » pour évoquer la marche, la routine journalière et le « sentiment de déjà-vu », explique Philippe Decouflé. Le chorégraphe, connu pour ses nombreuses créations contemporaines inventives et populaires, a cocréé Entre-Temps avec ses neufs danseurs, âgés de 38 à 72 ans, livrant des bribes de leur vie, sur et en dehors de la scène. « Chacun d’entre nous a un rythme différent et j’avais envie de confronter, un peu comme dans le film Fenêtre sur cour [d’Alfred Hitchcock, NDLR], tous les points de vue, la vision de plein de tranches de vie en même temps », précise-t-il.
Le spectateur navigue ainsi entre des évocations éclectiques allant du cinéma muet au ballet et à la revue de music-hall, en passant par le défilé de majorettes. Entre autres scénettes jubilatoires, teintées de folie douce, deux autres danseurs livrent à voix haute leurs découvertes marquantes, à l’adolescence, de danses bretonnes ou de la chanson La Isla Bonita de Madonna.
Mille histoires
Joie aussi de danser à n’importe quel âge de la vie comme en témoigne l’un des danseurs qui se demande si, « à 70 ans passés, c’est bientôt la retraite ? ». « Forcément, je ne peux pas danser comme je dansais à 20 ans. Et au lieu de me plaindre ou de dire ‘C’était mieux avant’, ce qui est intéressant, c’est de voir ce que ce corps raconte, de jouer avec et de ne pas être triste de vieillir », relate de son côté Dominique Boivin, qui avait collaboré avec Philippe Decouflé à ses débuts dans les années 1980.
« Cela parle des souvenirs de chacun, parce que ce sont des grands danseurs qui ont fait mille histoires », abonde le chorégraphe, qui a fait du « sur mesure » avec la vie de sa troupe de danseurs. « Tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice pendant deux ans, pour tirer les fils du passé » pour un résultat « épuré », « sensible » et « pas du tout nostalgique ». Quitte à s’éloigner d’abord un peu des créations burlesques et colorées qui ont fait sa marque de fabrique. Ici, les éléments de décors sont réduits au strict minimum et récupérés sur d’anciens spectacles, tout comme les costumes « recyclés et transformés ».
Le chorégraphe, qui avait révolutionné la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’Albertville en 1992, a également convié des danseurs amateurs « de tous les âges et de tous types de corps » à la fin de son spectacle, bercés par l’hymne disco I will survive de Gloria Gaynor, pour illustrer « le temps d’être ensemble ». Le spectacle partira ensuite en tournée, à la Biennale de la danse à Lyon et à La Villette à Paris, puis à Grenoble, Annecy, Antibes, Clermont-Ferrand, Caen et Luxembourg.
Karine Albertazzi © Agence France-Presse
Entre-Temps
Mise en scène et chorégraphie Philippe Decouflé
Avec Dominique Boivin, Meritxell Checa Esteban, Philippe Decouflé, Catherine Legrand, Éric Martin, Alexandra Naudet, Michèle Prélonge, Lisa Robert, Christophe Waksmann, Yan Raballand, la participation de volontaires amateur·ices, Gwendal Giguelay (piano)
Lumières et régie générale Begoña Garcia Navas
Décor Jean Rabasse, assisté d’Aurélia Michelin
Costumes Anatole Badiali
Musiques Gwendal Giguelay, Stéphane Monteiro, Guillaume Duguet, Sébastien Lagrange, Kraftwerk, Madonna, Laurie Anderson, Gloria Gaynor, Franz Liszt, Jean-Sebastien Bach, Jean-Philippe Rameau, Philip Glass
Montage des voix Alice Roland
Régie plateau Léon Bony
Régie lumière Grégory Vanheulle
Régie son et bruitages Guillaume Duguet
Accessoires Lahlou Benamirouche
Construction Guillaume Troublé, Léon Bony, Matthieu Bony
Costumiers Jean Malo, Jean Baptiste Arnaud-Coeuff, Aurélie Conti
Accessoires costumes Eugénie Delorme, Prisca Razafindrakoto
Peinture Katia Siebert, David Nouyrit, Sylvie Mitault, Margot Gillot, Jean Lynch Chauffeur Gilles MaronProduction déléguée Compagnie DCA / Philippe Decouflé
Coproduction En coursLa Compagnie DCA est une compagnie indépendante, subventionnée par le Ministère de la Culture (DRAC Île-de-France), la Région Île-de-France, le Département de la Seine-Saint-Denis ainsi que la Ville de Saint-Denis, où elle est implantée. Elle bénéficie également du soutien de la Caisse des Dépôts.
Scène nationale Carré-Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles
du 15 au 17 avril 2025
Châteauvallon-Liberté, Scène Nationale de Toulon
les 5 et 6 juin
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