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La saine et salutaire révolte d’Antigone

À la une, Cherbourg, Lille, Théâtre

photo Jérôme Lefevre

Dans la mise en scène chorégraphique de Emma Gustafsson et Laurent Hatat, Antigone de Sophocle donne à réfléchir sur l’exercice du pouvoir en résonnant avec l’actualité.

C’est la troisième création signée conjointement par Emma Gustafsson et Laurent Hatat avec la compagnie anima Motrix. Les artistes poursuivent leur compagnonnage autour d’une forme scénique mélangeant le jeu théâtral et la danse. Le texte et le corps ne font plus qu’un langage prompt à mettre en évidence la nécessaire et radicale résistance à la domination politique et sociale parfois subie par les individus. Après l’adaptation d’Histoire de la violence d’Édouard Louis, ils proposent un retour aux mythe fondateur d’Antigone, une figure emblématique de résistance et de désobéissance dans la mesure où l’héroïne tragique lutte contre l’autorité tyrannique et arbitraire de son oncle le roi au mépris de sa propre vie.

En plein contexte de grogne sociale à laquelle répond une insistance inexplicable de la part du pouvoir à ignorer les réclamations de justice formulées par le peuple, Antigone redouble de pertinence. Au texte antique traduit par Irène Bonnaud et Malika Hammou vient s’ajouter une commande faite à Julie Ménard qui fournit quelques allusions elliptiques mais suffisamment directes à l’époque actuelle et ses besoins de transformations. Les costumes, certes ordinaires et peu avantageux, participent également à l’ancrage de la pièce dans le temps présent. C’est à l’évidence une Antigone atemporelle et universelle qui se laisse découvrir dans l’incarnation de Mathilde Auneveux. La jeune comédienne adopte avec aisance la fière allure d’une sportive de combat en crop top et survêtement de training. Elle est entourée par un Chœur omniprésent que forment les acteurs, quand ils ne campent le personnage dans lequel ils sont distribués, tantôt murés dans la solitude et le silence, tantôt formant une meute quasi animale.

La mise en scène témoigne d’une intelligence sensible du texte mais aussi d’une main un peu lourde dans la concrétisation des idées au plateau. Le travail contient des pas de danse qui mettent bien en évidence les rapports de force inhérents à l’intrigue et aux parcours des personnages. Portée par le mouvement, cette version d’Antigone paraît paradoxalement un peu figée dans les images ciselées et d’une beauté profondément dramatique qui sont proposées ;  dans un jeu solaire et sauvage qui suinte une énergie volontiers « brute », sans excès de grandiloquence, mais assez stagnant, invariant, à l’instar de la création musicale qui le soutient.

Les comédiens ne quittent pas le plateau. Ils évoluent sur un tapis de cendres dispersées qui s’offrent comme le symbole d’un monde en voie d’extinction. A mesure d’être foulée, piétinée, la poussière recouvrant le sol aussi noir que la terre et le deuil s’éparpille et s’envole pour progressivement dévoiler une âpre couleur rouge-sang qui rend compte d’un recours politique à la violence et à la cruauté impossible à dissimuler. Le roi Créon est dessiné comme une figure dangereuse, dérangeante, au point qu’aucun acteur ne semble vouloir de son plein gré se sacrifier pour le défendre, ou du moins l’endosser, jusqu’à ce que se déclare volontaire Sylvie Debrun, une actrice droite, fine et robuste, pleine d’une inflexible autorité et en même temps déboussolée. En décidant de refuser irrévocablement les honneurs funéraires à Polynice taxé d’avoir été un criminel, et en se laissant prendre au piège de l’inopportune ténacité avec laquelle il s’enferme dans la surdité et la cécité, Créon incarne un certain personnel politique qui, à vouloir faire régner l’ordre, laisse se propager le chaos. L’écho à la situation actuelle est criant. Il nous reste semble-t-il encore beaucoup à apprendre des tragiques antiques.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Antigone de Sophocle
Traduction
Irène Bonnaud et Malika Hammou
augmentée de textes commandés à Julie Ménard

Conception et mise en scène Emma Gustafsson & Laurent Hatat

Avec
Mathilde Auneveux,
Flora Chéreau,
Sylvie Debrun,
Bouba Landrille Tchouda,
Claire-Lyse Larsonneur,
Samir M’Kirech

Assistant à la mise en scène Mathias Zakhar

Création musicale Laurent Pernice

Création lumière Anna Sauvage

Régie générale et plateau Roméo Rebiere

Régie son Marie Mouslouhouddine

Régie lumière tournée José Havard Strano
Administration et production
Henri Brigaud et Elena Le Junter
Diffusion
Prima donna – les2bureaux.fr Pascal Fauve

Presse Murielle Richard

​Production anima motrix
anima motrix est conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Hauts-de-France et la Région Hauts- de-France
Coproduction (en cours)
Le Trident – scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin DSN – Dieppe Scène Nationale
Escher Theater – Luxembourg
Château Rouge, scène conventionnée – Annemasse
Soutiens (en cours)
La Faïencerie – Théâtre de Creil
Théâtre du Nord – CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France

Théâtre des Calanques – Marseille
KLAP Maison pour la danse – Marseille

Le Manège – SN de Maubeuge
Avec le dispositif d’insertion de l’École du Nord, soutenu par la Région Hauts-de-France et le Ministère de la Culture
Avec la participation artistique de l’ENSATT

Durée : 1h45

​22 et 23 mars 2023
Le Trident – Scène Nationale de Cherbourg-en-Cotentin

du 29 mars au 5 avril 2023
Théâtre du Nord – CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France

31 mars 2023/par Christophe Candoni
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