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Anaïs Nin au supplice

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Elise Vigier crée Anaïs Nin au miroir d'Agnès Desarthe au Festival d'Avignon 2022
Elise Vigier crée Anaïs Nin au miroir d'Agnès Desarthe au Festival d'Avignon 2022

Photo Christophe Raynaud de Lage

Au Festival d’Avignon, Élise Vigier et Agnès Desarthe tentent de brosser par la bande le portrait de l’autrice franco-cubaine, mais accouchent d’un objet théâtral largement confus.

Disons-le tout de go : Anaïs Nin au miroir est une déception. Prometteur sur le papier, le projet d’Elise Vigier avait, a priori, tout pour réussir, tant la metteuse en scène a su prouver, par le passé, qu’elle savait manier, avec doigté, l’exercice du portrait théâtral – de James Baldwin et Richard Avedon (Baldwin – Avedon : Entretiens imaginaires) à Franz Kafka (Le monde et son contraire). Las, au long des 2h15 qui lentement s’écoulent au Théâtre Benoît-XII, cet objet, fondé sur un texte d’Agnès Desarthe librement inspiré des Nouvelles fantastiques et des journaux d’Anaïs Nin, s’effondre pratiquement à tous les étages – notamment dramaturgiques – jusqu’à devenir largement confus. Au sortir, le mystère qui entoure l’autrice franco-cubaine reste alors plein et entier, conforme à celui qu’elle a, au long de son existence, patiemment cultivé.

Sa figure avait pourtant de quoi inspirer, tant cette femme semble avoir vécu plusieurs vies en une. Née en 1903, à Neuilly, d’un père espagnol, pianiste et compositeur, et d’une mère franco-danoise, fille du consul du Danemark à La Havane, cette autrice cosmopolite part habiter aux Etats-Unis alors qu’elle n’a que onze ans. Modèle, puis danseuse espagnole à la fin de son adolescence, elle se marie, à vingt ans, avec un banquier-graveur-cinéaste, Hugh Guiler, alias Ian Hugo, et revient vivre, dans la foulée, en France où elle rencontre, notamment, Henry Miller. Célèbre pour ses journaux intimes qu’elle tient scrupuleusement de 1914 à 1977, elle est également appréciée pour ses oeuvres érotiques – où elle met particulièrement l’accent sur la bisexualité féminine – et compte parmi ses amis et/ou amants Antonin Artaud, Otto Rank, Edmund Wilson, Gore Vidal ou encore James Agee.

Mais, plutôt que de s’attaquer frontalement à ce personnage en dehors des sentiers battus, et s’adonner à une biographie linéaire, Agnès Desarthe et Elise Vigier préfèrent, et on ne peut, dans l’idée, pas leur reprocher, en passer par la bande et officier à la manière d’artistes pointillistes. Pour cela, elles mobilisent une troupe de comédiens qui répètent un spectacle de cabaret autour de la vie et de l’oeuvre d’Anaïs Nin, qu’ils entendent invoquer et convoquer comme on réveillerait un spectre depuis trop longtemps endormi. Sans se douter que l’autrice est déjà parmi eux, qu’elle se mêle à leur jeu et s’incarne en eux, la petite bande tente alors de « passer de l’autre côté du miroir », et espère, par le truchement du théâtre, trouver dans ses nouvelles fantastiques et ses journaux intimes une matière à jouer qui lui permettrait de mieux dessiner les traits de cette femme qui voyait l’art et l’écriture comme un levier d’émancipation.

Las, on peine à croire qu’il y ait vraiment une autrice à la manœuvre derrière ce spectacle qui semble tout droit sorti d’une mauvaise expérience d’écriture de plateau, tant le niveau affiché est faible, très faible, trop faible pour ne pas s’égarer, et nous égarer, en route. La batterie de questions posées par Agnès Desarthe et Elise Vigier – « Est-elle vraiment aussi libre et provocatrice qu’on le pense ? Où est sa vérité, où commence sa fiction ? » – restent alors largement sans réponse, et, à force de tirer à hue et à dia, la pièce perd le Nord et s’égare dans les méandres de la mémoire. Tout juste Elise Vigier parvient-elle à installer une atmosphère où l’inquiétude le dispute à l’étrangeté, où les frontières entre le réel et l’illusion, le vrai et le faux, ne cessent de se brouiller. Au plateau, les comédiens, à commencer par Ludmilla Dabo et Dea Liane, ne déméritent jamais, mais ils ne peuvent pas faire de miracle aux commandes de ce substrat insuffisamment charpenté, où la magie, au-delà des petits numéros, peine à opérer.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Anaïs Nin au miroir
Texte Agnès Desarthe librement inspiré des Nouvelles fantastiques et des journaux d’Anaïs Nin
Mise en scène Élise Vigier
Avec Ludmilla Dabo, William Edimo, Nicolas Giret-Famin, Louise Hakim, Dea Liane, Makita Samba, Nanténé Traoré, Élise Vigier, le musicien Marc Sens, et à l’image Flavien Beaudron, Marc Bertin, Stéphane Bouteiller, Marie Cariès, Hannarick Dabo, Ôma Desarthe, Marcial Di Fonzo Bo, Gérard Lange, Luis Saldanha, Wandrille Sauvage, Philippe Sicot, Claude Thomas, Steven Tulmets, et les musiciens Louison Audouard, Appolinaire Bertrand-Martembault, Julio De Siqueira, Johan Godard, Léo Zerbib
Assistanat à la mise en scène Nanténé Traoré assistée de Flavien Beaudron
Musique Manusound et Marc Sens
Scénographie Camille Faure, Camille Vallat
Lumière Bruno Marsol
Films Nicolas Mesdom
Costumes Laure Mahéo
Maquillages, perruques Cécile Kretschmar
Habillage Marion Régnier
Effets magiques Philippe Beau en collaboration avec Hugues Protat
Chorégraphie Louise Hakim

Production Les Lucioles (Rennes), La Comédie de Caen Centre dramatique national de Normandie
Production déléguée Les Lucioles (Rennes)
Coproduction Festival d’Avignon, Théâtre Dijon Bourgogne Centre dramatique national, Comédie de Colmar CDN Grand Est Alsace, La Passerelle Scène nationale de Saint-Brieuc
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Avec le soutien de la Spedidam
Remerciements au Château de Fontaine-Henry, au Bato, à Martial Bourcet

Durée : 2h15

Festival d’Avignon 2022
Théâtre Benoît-XII
du 9 au 16 juillet

Comédie de Caen, CDN de Normandie
du 11 au 14 octobre

Théâtre Dijon-Bourgogne, CDN
du 19 au 22 octobre

Théâtre de la Tempête, Paris
du 10 novembre au 11 décembre

La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc
les 7 et 8 mars 2023

10 juillet 2022/par Vincent Bouquet
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