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« Cœur Poumon », Daniela Labbé Cabrera en quête d’oxygène

Les critiques, Limoges, Moyen, Paris, Théâtre



© Franck Frappa



Dans Cœur Poumon, Daniela Labbé Cabrera explore l’univers de la réanimation pédiatrique. Mêlant fiction et documentaire, paroles de soignants et de parents, théâtre et musique, elle peine à trouver sa voie et à donner pleinement vie à son sujet pourtant porté par une belle distribution.

Est-ce parce qu’il se trouve des vertus réparatrices que le théâtre se frotte régulièrement au milieu hospitalier ? Parce qu’au contraire il mesure ses insuffisances par rapport aux structures dédiées au soin, ou encore par simple curiosité d’une institution envers une autre ? Peut-être aussi du fait de la porosité de ces deux univers, à l’occasion des nombreux ateliers ou autres dispositifs d’intervention artistique sur le terrain ? Chaque artiste, chaque spectacle devrait avoir sa ou ses réponses. Alexander Zeldin par exemple, dans Une mort dans la famille (2022), abordait le milieu de l’Ehpad de la même façon que tous les microcosmes qui l’ont intéressé jusque-là dans ses spectacles : comme un endroit depuis lequel regarder nos sociétés, dans leurs dysfonctionnements autant que dans leurs solidarités. Dans En addicto qui sera bientôt créé dans le cadre du Festival d’Automne, Thomas Quillardet annonce quant à lui vouloir partager son empathie envers les patients du service d’addictologie d’un hôpital où il a été en résidence, et « radiographier nos liens ». Dans Cœur Poumon, la metteure en scène Daniela Labbé Cabrera, d’origine chilienne mais basée à Paris avec sa compagnie I am a bird now , entre quant à elle dans le monde de la réanimation pédiatrique par trop de portes à la fois pour réussir l’immersion souhaitée.

On pénètre dans le service de réparation des jeunes cœurs par ses coulisses, ses attentes. Anne-Élodie Sorlin, en tenue d’infirmière, fume en bord de plateau. Le temps silencieux de la combustion de la cigarette, son corps qui s’essaie en vain à la décontraction, son regard fixe donnent à imaginer la nature des nuits à l’intérieur de l’hôpital. Puis arrive Julie Lesgages, dont l’attitude indique d’emblée que son personnage n’est pas du même côté que la fumeuse, qu’elle n’en est pas, elle, de la grande maison aux couloirs blancs où la vie et la mort livrent un combat de chaque instant. Du moins, il n’en est plus. Cette visiteuse du soir, Mona, a jadis passé des semaines dans le service de l’infirmière, où le cœur de son nouveau-né hésitait sur la marche à suivre. Dès son entrée en jeu, nous quittons précipitamment les silences et les interstices de l’hôpital pour franchir la barrière des mots et de la fiction. C’est la première des nombreux passages d’un angle à l’autre, d’une esthétique à une autre qui se succèdent dans Cœur Poumon. Sans entrer en friction les unes avec les autres, ce qui aurait été une manière d’en faire battre l’organe vital, les nombreuses composantes du spectacle se croisent comme des voisins qui n’ont pas grand-chose à se dire dans un escalier trop étroit.

Nul suspense quant au sort du bébé de Mona et son mari (Bastien Ehouzan) : on apprend sans tarder qu’il est devenu un enfant plein de santé. Les angoisses, les épreuves traversées par le couple nous sont donc à priori données à voir, dans un jeu aussi réaliste que la belle scénographie de Sallahdyn Khatir, par pur intérêt pour les chemins de la douleur empruntés par ceux qui donnent naissance à un être mal parti pour l’existence. Mais là encore, cette souffrance s’exprime à travers des scènes dont la brièveté et la grande économie de paroles empêchent Mona et son époux d’accéder à une singularité suffisante pour accéder au rang de personnage. On reste alors dans le vestibule de leurs épreuves. La recherche d’épure que l’on peut voir dans le traitement des caractères, qui sont plutôt des figures, est elle aussi contrariée. Ouvrant chacune des quatre parties de la pièce, des témoignages de médecins et de malades, prononcés par les comédiens face public, amènent du détail alors que la fiction en manquait. Certaines de ces paroles qui donnent à saisir le processus de fabrication de la pièce s’adressent à la Mona d’après la maladie, qui s’introduit de nuit dans le lieu de ses cauchemars pour questionner celles et ceux qui y travaillent sur leur métier. Peu crédible, ce retour sur les lieux du supplice et du sauvetage opère davantage comme un obstacle à la compréhension du monde décrit que comme un révélateur.

Ce spectacle aux couches trop nombreuses n’est pourtant pas dénué de qualités. Ses cinq acteurs – en plus des trois cités plus tôt, Hugues Dangréaux et Marie Rahola – parviennent à passer d’un rôle à l’autre sans jamais quitter la retenue qui leur permet d’éviter tout pathos, tout sentimentalisme exacerbé. Les images du spectacle, délicatement éclairé par Jérémie Papin, sont ciselées, surtout lorsque les comédiens s’attardent à reconstituer des scènes de bloc ou d’autres situations de travail, accompagnées parfois par le piano joué par Marie Rahola, qui lorsqu’elle n’incarne pas une infirmière est une ancienne patiente devenue musicienne. C’est dans ces lents passages où le geste médical se fait théâtre que Cœur Poumon bat le mieux.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Cœur Poumon

Texte et mise en scène de Daniela Labbé Cabrera

Avec : Hugues Dangréaux, Bastien Ehouzan, Julie Lesgages, Marie Rahola, Anne-Elodie Sorlin

Dramaturgie : Youness Anzane

Assistanat à la mise en scène : Léa Casadamont

Scénographie, construction : Sallahdyn Khatir

Création vidéo : Franck Frappa

Lumières : Jérémie Papin

Costumes : Élise Le Du

Son, musique : Julien Fezans

Collaboration artistique : Youness Anzane, Constance Arizzoli, Dr Fanny Bajolle, Kevin Le Berre, Dr Claudio Zamorano

Accessoires : Léa Casadamont, Daniela Labbé Cabrera

Régie générale : Ladislas Rouge

Travail corporel : Cécile Robin-Prévallée

Régie lumière et vidéo : Bartolo Fillippone

Administration, production :  Émilie Leloup – Formica production

Diffusion : Nacera Lhabib

Production, coordination : Alexandre Gilbert

Presse : Catherine Guizard – La Strada & Cies

Production Collectif I am a bird now en coproduction avec Les Francophonies – des écritures à la scène, le Théâtre Jean Lurçat – scène nationale d’Aubusson en partenariat avec le Théâtre de l’Union – CDN de Limoges, Le Vivat – scène conventionnée d’intérêt national art et création – Armentières, le Théâtre de la Vallée de l’Yerres, le TAG – Grigny avec le soutien en résidence de Montévidéo – Marseille, du Théâtre du Parc – scène pour un jardin planétaire – Paris, du Théâtre de l’Échangeur – Bagnolet, du Relais avec le soutien de l’Adami, de la région Ile-de-France, de la DRAC Ile-de-France au titre de l’aide à la production, du conseil départemental de l’Essonne, du soutien du fonds d’insertion pour jeunes artistes dramatiques – DRAC et région Sud en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête. Le collectif I am a bird now est soutenu par la région Ile-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle

Durée : 2h10

Francophonies – des écritures à la scène/ Théâtre de l’Union – CDN de Limoges
Les 29 et 30 septembre 2023

Théâtre de la Tempête – Paris
Du 4 au 25 novembre 2023

Espace culturel Boris Vian – Les Ulis
Le 23 janvier 2024

Théâtre Jean Lurçat – Scène nationale d’Aubusson
Le 8 février 2024

4 novembre 2023/par Anaïs Heluin
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