« Le Voyage en Uruguay » : veau, vache, garçon

photo Juliette Parisot

Une partie de la joyeuse équipe de Monsieur de Pourceaugnac, toujours en tournée actuellement, se retrouve à la création d’un seul en scène au Lucernaire. Clément Hervieu-Léger signe le texte, Daniel San Pedro la mise en scène, et Guillaume Ravoire est seul en scène.

Mélange de ballots de paille et de panneaux de bois, le décor est à la fois étable et pont supérieur d’un navire. Il accompagne astucieusement l’histoire, celle de Philippe, garçon-vacher, escortant cinq bovins normands dans leur traversée de l’Atlantique en 1950 sur l’Aphar, à destination de l’Uruguay. De Rouge-Perriers à Montévidéo, deux mois d’une traversée éreintante pour le jeune homme, entre appréhension du départ, journal de bord quotidien et exaltation de l’arrivée.

Guillaume Ravoire interprète cette histoire dans un jeu assez rural, généreux et accentué. Il est l’homme sans expérience en partance pour le bout du monde. Ici, l’Uruguay, mais cela aurait pu être n’importe quel « pays lointain ». L’itinéraire compte plus que la destination. Entre émotion de la découverte de Rotterdam puis de l’ananas, on est capté par cette élégance dans l’interprétation et le langage imagé, tiraillé entre la métaphore de l’échappée du monde paysan et l’intense nostalgie conduisant au retour. Le sourire et l’espièglerie de Guillaume Ravoire font oublier les quelques faiblesses du texte.

De belles phrases, une histoire rêveuse mais une structure imprécise. Les souvenirs rassemblés par Clément Hervieu-Léger dans l’avatar de son grand père font se succéder émotion, nostalgie, humour, mais sans jamais suivre un parti pris jusqu’à son terme. C’est une alternance d’incises personnelles et de passages de cette vie racontée, enjolivée par celui qui l’a vécue mais aussi par celui qui s’en souvient, car « quand [il] est né, tout était déjà fini ». Derrière ses airs de voyage au long cours, le monologue initiatique laisse place à une histoire assez classique, de l’épopée d’Ulysse à la saga du Seigneurs des Anneaux : il a fait un long voyage à la découverte des merveilles du monde, mais il n’a jamais été aussi bien qu’en rentrant chez lui.

Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr

LE VOYAGE EN URUGUAY
de CLÉMENT HERVIEU-LÉGER
mise en scène DANIEL SAN PEDRO
avec GUILLAUME RAVOIRE
décor : AURÉLIE MAESTRE
lumière : ALBAN SAUVÉ
son : WILFRID CONNELL
costumes : CAROLINE DE VIVAISE
production : LA COMPAGNIE DES PETITS CHAMPS
co-production : CHÂTEAUVALLON – SCÈNE NATIONALE
co réalisation : THÉÂTRE LUCERNAIRE, LIEU PARTENAIRE DE LA SAISON ÉGALITÉ 3 INITIÉE PAR HF ÎLE-DE-FRANCE
CRÉATION LE 26 NOVEMBRE 2014 À LA SCÈNE NATIONALE DE CHÂTEAUVALLON
PARTENAIRES : DRAC NORMANDIE, MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, DÉPARTEMENT DE L’EURE, RÉGION NORMANDIE, ODIA-NORMANDIE ET MAIRIE DE PARIS
SOUTIENS : THÉÂTRE DE SURESNES – JEAN VILAR, DU CCN D’AQUITAINE – MALANDAIN BALLET, DU THÉÂTRE 13-PA R I S E T C . I . C . T. / THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD, EN PARTENARIAT AVEC LE FRENCH THEATER FESTIVAL-PRINCETON UNIVERSITY-USA
Durée: 1h10

Au Théâtre Le Lucernaire
DU 31 AOÛT AU 15 OCTOBRE 2016 DU MARDI AU SAMEDI À 2 1 H
– Du 04 au 08 novembre 2016 : L’Eclat, Pont Audemer (en décentralisation)
– 20 Janvier 2017 : Ploermel Communauté
– Du 24 au 29 Janvier 2017 : Scène Nationale d’Albi (en décentralisation)
– Le 3 février 2017 : Théâtre Maurice Sand, La Châtre
– Du 7 au 9 mars 2017 : Villes en Scène, Département de la Manche
– Mars 2017 : Aveyron Culture (en décentralisation)