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Castellucci nous arrache des larmes

A voir, Agenda, Festival d'Avignon, Les critiques, Paris, Rennes, Théâtre, Villeneuve d'Ascq

© Klaus Lefebvre

Un intérieur chic, blanc, au fond le visage du christ nous observe. C’est le Salvatore Mundi peint par Antonello da Messina. « J’ai été littéralement saisi par ce regard qui plonge dans nos yeux, explique Romeo Castellucci. J’ai marqué une pause, très longue, qui n’avait rien de naturelle et j’ai compris qu’une rencontre s’opérait ». La rencontre à laquelle nous invite Castellucci est assez marquante et ne laisse personne insensible. Celle d’un père malade et de son fils dévoué. Le père souffre de dysenterie, il se vide de ses excréments en permanence. Castellucci ne nous épargne rien, ni la merde qui transperce les couches du vieil homme, ni l’odeur âcre de l’excrément qui vous soulève le chœur. Le texte (qui tient sur une feuille recto-verso donnée dans le programme) est susurrée. 

On est dans l’intimité de ce couple père-fils. Castellucci nous montre une réalité que l’on a parfois beaucoup de mal à regarder en face : la vieillesse, la maladie. Le fils est à bout. Le fils implore Jésus qui ne fait rien. Il lave son père une première fois, le change, puis le lave une deuxième fois, avant d’abdiquer et le laisser nager dans ses excréments sur son lit.  Des enfants balancent alors de rage des grenades en plastique sur le visage du christ qui se met à pleurer. « L’idée de me servir de ces grenades, explique Castellucci m’est venue d’une photo de Diane Arbus. Si ces jouets heurtent le visage de Jésus, c’est pour mieux le solliciter, l’invoquer dans une nouvelle et nécessaire forme de passion ». La toile peinte est déchirée par un alpiniste (référence à Inferno donné en 2008 dans la Cour d’Honneur) qui laisse découvrir « You are my shepard – Tu es mon berger, puis You are not my shepard – Tu n’es pas mon berger ». Impuissant devant les drames qui se nouent, le Christ ne peut rien faire. Un spectacle d’une profonde humanité. 

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr 

Plus d’informations : www.raffaellosanzio.org 

SUL CONCETTO DI VOLTO NEL FIGLIO DI DIO 

(Sur le concept du visage du fils de Dieu) 

conception et lumière Romeo Castellucci 

musique Scott Gibbons 

conception et réalisation des objets Istvan Zimmermann, Giovanna Amoroso 

avec Gianni Plazzi, Sergio Scarlatella et Dario Boldrini, Silvia Costa, Silvano Voltolina 

production Socìetas Raffaello Sanzio 

coproduction Festival d’Avignon, Theater der Welt 2010 (Essen), deSingel International Arts Campus (Anvers), Théâtre national de Bretagne (Rennes), The National Theatre (Oslo), Barbican London 

and SPILL Festival of Performance, Chekhov International Theatre Festival (Moscou), Holland Festival (Amsterdam), Festival d’Athènes-Épidaure, Festival GREC de Barcelone, International Theatre 

Festival DIALOG Wroclav (Pologne), Belgrade International Theatre Festival-BITEF, Spielzeit’europa Berliner Festspiele, Théâtre de la Ville-Paris, Romaeuropa Festival, Theatre Festival SPIELART 

München, Le Maillon Théâtre de Strasbourg Scène européenne, Théâtre Auditorium de Poitiers Scène nationale, Peak Performances @ Montclair State (États-Unis) 

durée 1h – première en France 

OPÉRA-THÉÂTRE AVIGNON 

20 21 22 23 25 26 Juillet 2011 À 19H 

Théâtre de la Ville – Paris 

Du 20 au 30 octobre 

Le 104 

Du 2 au 4 novembre 

Théâtre National de Bretagne – Rennes 

Du 10 au 11 novembre 

La Rose des Vents – Villeneuve d’Ascq 

Les 29 et 30 décembre 

24 juillet 2011/par Stéphane Capron
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