Créé au FAB, Festival International des Arts de Bordeaux, BôPEUPL (nouvelles du parc humain) de Michel Schweizer est un spectacle étrange mais pas très pénétrant parce qu’à la frontière de l’insaisissable.
On aime beaucoup le travail de Michel Schweizer. Ses spectacles qui veulent n’en être pas, qui mettent sur scène des présences et tentent de les faire vibrer ensemble. On aime beaucoup son humour deuxième degré, son audace, son esthétique poétique et inclassable. On a beaucoup aimé Fauves (il y a presque dix ans déjà!). On vous a parlé ici aussi de La révolte des diables. Mais, ce dernier opus en date, BôPEUPL nous a trop décontenancés pour pouvoir l’apprécier.
Michel Schweizer procède de manière semblable d’un spectacle à l’autre. Il place sur scène des micro-communautés, qu’à la fois il regarde et dirige un peu pour faire spectacle de leurs interactions. Il s’appuie régulièrement sur des travaux philosophiques qui structurent son travail. Ici, Dominique Quessada a accompagné l’aventure artistique tout du long. Ses propos traversent par endroits la performance. Surtout, sa thématique de l’altérité et de la nécessité de renouer avec l’autre et avec le réel en ont nourri le développement. Au sujet de son statut, Schweizer dit : « Tout l’enjeu est que sa réflexion puisse se rendre accessible dans le contenu d’une forme spectaculaire, sans que celle-ci puisse apparaître comme une parole savante et frontale ». Le problème de ce spectacle a pour nous essentiellement résidé là : l’articulation entre la philosophie de Quessada et ce qui nous était donné à voir n’était pas claire. Pour le dire plus simplement, plus directement, BôPEUPL nous a paru décousu, traversé de quelques fulgurances, mais nous laissant dans l’impossibilité de construire un sens, une réflexion d’ensemble.
Sur scène, après des enfants, des ados ou des acteurs handicapés de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche, Michel Schweizer avait choisi ses nouveaux invités dans la catégorie artistes. Majoritairement masculine et d’un âge mur, cette communauté était néanmoins peuplée de personnalités différentes. La jeune Aliénor Bartelmé, chanteuse et musicienne s’était déjà jointe aux ados de Cheptel en 2017. Marco Berettini et Frédéric Tavernini sont des danseurs chorégraphes bien connus du circuit. Jérôme Chaudière est lui issu de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche. Franck Micheletti aux platines et Patrick Bedel aux allures de berger, slameur ancien agriculteur d’Ardèche complétaient le groupe.
Une première séance filmée relatait leur premier repas pris ensemble, en communauté. Puis les artistes apparaissaient un par un sur scène. Dans une forme de présentation sobre qui a glissé de plus en plus vers le spectaculaire. Chorégraphies, musiques, mémorable prise à parti du public par Frédéric Tavernini tranchant sur les productions plus directes et pas moins touchantes de Patrick Bedel et de Jérôme Chaudière. Quelques conflits se sont esquissés. Des liens ténus sont apparus. Des personnalités se sont esquissées. Et le spectacle a glissé un peu lentement vers sa fin sans que l’on comprenne vraiment où tout cela nous conduisait. Le plaisir de se laisser aller à une approche sensible, intuitive, de se raccrocher à quelques bribes, à quelques fragments ne parvenant pas à prendre le pas sur la sensation d’ensemble d’un projet trop insaisissable.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
BôPEUPL [Nouvelles du parc humain]
Conception, direction Michel Schweizer
Avec Aliénor Bartelmé, Patrick Bedel, Marco Berrettini, Jérôme Chaudière, Frank Micheletti, Frédéric Tavernini.
Avec la collaboration du philosophe Dominique Quessada
Lecture des textes Pascal QuéneauCollaboration artistique Cécile Broqua
Scénographie Éric Blosse et Michel Schweizer
Travail vocal et musical Dalila Khatir
Photographie Ludovic Alussi, Frédéric Desmesure, Antoine Herscher
Création vidéo Manuelle Blanc
Création lumière Éric Blosse
Conception sonore Nicolas Barillot
Régie générale et suivi de la construction décor Jeff Yvenou
Construction décor Michel Petit
Accompagnants Johann Daunoy, Justine Olivereau, Gwendal WolfProduction 2021 LA COMA
Coproduction Les 2 scènes, scène nationale de Besançon I La Ménagerie de Verre I Le Théâtre d’Arles scène conventionnée d’intérêt national, art et création – nouvelles écritures I CCN de Nouvelle-Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques – Malandain Ballet Biarritz I Scène nationale Carré-Colonnes/Bordeaux Métropole I La Manufacture, CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux . La Rochelle I L’Onde Théâtre, centre d’art, scène conventionnée pour la Danse, Vélizy-Villacoublay I Espaces Pluriels, scène conventionnée danse, Pau I OARA (Office Artistique Nouvelle-Aquitaine) I Le ZEF, scène nationale de Marseille I Centre national de danse contemporaine, Angers dans le cadre de l’Accueil Studio I Centre chorégraphique national de Caen en Normandie dans le cadre d’une Bourse d’écritureAccueil en résidence et soutien Centre national de danse contemporaine, Angers dans le cadre de l’Accueil Studio I Théâtre de l’Oiseau-Mouche, Roubaix I Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France.
Crédit photo Frédéric Desmesure
Durée : 1h20
13, 14, 15 et 16 octobre 2021
La Manufacture CDCN Nouvelle-Aquitaine, FAB24 octobre 2021
T2G, Théâtre de Gennevilliers – CDN6 janvier 2022
L’Onde théâtre – centre d’art – Vélizy-Villacoublay12, 13 et 14 janvier 2022
Théâtre de Lorient, centre dramatique national18 janvier 2022
Espaces Pluriels, Pau6 et 7 avril 2022
Les 2 scènes, scène nationale de Besançon
Monsieur Demey, je partage votre avis sur le spectacle.
Je vous conseille de lire Jiddu Krishnamurti à propos de « l’observateur est l’observé »; car votre langage, votre facon d’approcher le spectacle, est aussi pauvre/riche que Bopeupl l’a été pour moi. Etes vous sur de vouloir faire des critiques de spectacle? Bien à vous, Marco Berrettini (avec 2 R et 2 T)