Créé au Luxembourg, le Jungle book de Bob Wilson est arrivé en France pour l’ouverture des Nuits de Fourvière. Un déferlement de couleurs qui a ravi le public lyonnais. Le metteur en scène texan a réuni une distribution remarquable. Les images sont féeriques. Le spectacle, encore un peu frais techniquement, devrait être à son apogée lors de son arrivée à Paris au 13e Art dans le cadre de la saison du Théâtre de la Ville.
Les dix lettres de jungle book dessinées de la main de Bob Wilson s’affichent en néon sur un rideau de scène en patchwork coloré fait de bâches en plastique et de cordages. Un côté bricolé qui n’a rien à voir avec le reste du spectacle, où tout est conçu au millimètre. Chaque tableau est croqué avec minutie. Le metteur en scène texan livre une version du livre de Rudyard Kipling qui lui ressemble, avec ces couleurs saturées si caractéristiques, ces éléments de décor qui apparaissent comme des logos et cette maîtrise de l’espace inégalée.
Bob Wilson a auditionné 2000 acteurs avant de composer sa distribution, un travail titanesque pour cette production du Théâtre de la Ville imaginée par son directeur Emmanuel Demarcy-Mota et par Pierre Bergé. Il a trouvé des pépites parmi les jeunes pousses de la scène française. Le rôle mythique de Mowgli a été confié à Yuming Hey. Fraîchement diplômé du Conservatoire, il a déjà joué sous la direction de Mathieu Touzé et de Pascal Rambert, mais aussi dans la série phénomène de Netflix, Osmosis. Son corps ondule sur la scène, léger comme une bulle, traversant avec agilité l’espace, il passe de l’enfance à l’âge adulte avec brio. Il est entouré de comédiennes magnétiques. Aurore Deon qui a joué sous la direction de Matthieu Roy et de Rébecca Chaillon dans le rôle de l’éléphante et Olga Mouak que l’on pu voir chez Eva Doumbia dans celui de la panthère Bagheera. François Pain-Douzenel, 1m86 et 150kg en impose dans le rôle de l’ours Baloo, à la voix de Tom Waits. On reconnait aussi la belge Nancy Nkusi qui a joué avec Milo Rau dans le spectacle culte Radio Hate. Naïs El-Fassi, Roberto Jean, Gaël Sall et le circassien anglais Jo Moss en singe bondissant complètent cette distribution rayonnante.
La musique a été confiée au duo folk surréaliste CocoRosie, composé de Sierra et Bianca Casady, habituées à l’univers de Bob Wilson. Leur partition est un voyage musical composé de tubes dont le Law of the jungle qui reste bien ancré dans les têtes des spectateurs après la reprise lors des saluts. Les chansons façon buble gum, s’insèrent magnifiquement bien dans une scénographie aux couleurs chatoyantes et saturées. Le texte en français, composé de phrases martelées, éclaire la dramaturgie sans écraser ce qui fait la force de ce spectacle: une comédie musicale intelligente pour tout public.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le livre de la jungle
ROBERT WILSON / COCOROSIE
(Jungle Book) d’après RUDYARD KIPLING
Conception, décors, lumières et mise en scène, Robert Wilson
Musique, CocoRosie
Costumes Jacques Reynaud
Collaboration à la mise en scène Charles Chemin
Collaboration aux décors Annick Lavallée-Benny
Collaboration aux lumières Marcello Lumaca
Design sonore Nick Sagar
Maquillage Manuela Halligan
Avec Aurore Deon, Naïs El-Fassi, Yuming Hey, Roberto Jean, Jo Moss, Olga Mouak, Nancy Nkusi, François Pain-Douzenel, Gaël Sall
Musiciens Douglas Wieselman (Direction musicale), Asya Sorshneva, Tez (en cours)
Production Théâtre de la Ville-Paris
Coproduction Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Les Nuits de Fourvière, Lyon, Dûsserldorfer Schauspielhaus, Dûsseldorf, de Singel, Anvers, Teatro della Toscana, Florence, Manchester International Festival
En association avec EdM Productions – Elisabetta du Mambro
Production Création Théâtre de la Ville-Paris
Coproduction Les Théâtres de la Ville de Luxembourg – Les Nuits de Fourvière, Lyon – Düsseldorfer Schauspielhaus, Düsseldorf – Manchester International Festival – Teatro della Toscana, Florence – deSingel, Anvers (en cours)
En association avec EdM Productions – Elisabetta di Mambro
Duré: 1h30Théâtre du Châtelet
Du 30 oct au 20 nov 21
Mais quelle déception ce livre de la jungle! Le summum de l’art contemporain dans ce qu’il a de plus mauvais. Une « tête d’affiche » comme metteur en scène et la critique se meurt… Des musiciens de qualité c’est sûr. Un metteur en scène qui a peut-être parfois montré ailleurs un peu de génie. Et c’est tout. Des textes inaudibles, une langue anglaise assassinée, des gesticulations intenses pour combler un grand vide. Une chorégraphie absente. Des comédiens délaissés, perdus qui n’incarnent vraiment pas grand chose. De nombreux autres spectateurs paraissaient forts dubitatifs, mais quelle tristesse d’en voir une grande partie fuir face au doute et à la moindre pensée critique pour cacher leur mal-être dans des réactions si consensuelles. Coincé au milieu d’une rangée je n’ai osé partir avant la fin (ce que d’autres ont fait) même si cela m’a titillé une bonne dizaine de fois pendant la première demie-heure déjà. Mais au moins j’ai tout vu, je peux donc me permettre: attention aux 100% de critiques encensentes par rapport à ce spectacle. Nombreux pourraient être déçus. Et pour ma part je vous assure c’est la pire chose à laquelle j’ai assisté depuis de nombreuses années…