La chorégraphe Dalila Belaza dévoile Au coeur, où elle partage la scène avec les Lous Castelous de Sénergues, un groupe de danse traditionnelle du nord de l’Aveyron. Sublimés par un jeu d’ombres et de lumières, ils esquissent de nouveaux territoires de danse en confrontant et en mêlant leurs danses, au festival Parallèle à Marseille.
Depuis plus de vingt ans, Dalila Belaza est interprète dans les pièces signées par sa sœur, Nacera, référence de la scène contemporaine française. Des spectacles qui donnent corps à l’abstraction, dans des chorégraphies répétitives, où le plateau est plongé dans une obscurité quasi-totale. Pour Au Coeur (2021), elle tisse un dialogue intrigant avec un groupe de danse traditionnelle aveyronnaise, Les Lous Castelous basés à Sénergues. Dans une obscurité enveloppante et un poil inquiétante, qui fait écho à l’esthétique des pièces où elle a dansé, la chorégraphe convoque la danse traditionnelle sur des terrains d’expérimentations formels, qui créent de nouveaux espaces de danse.
Sur le plateau très sombre du KLAP, des silhouettes se dessinent. Ce sont des femmes et des hommes en tenues traditionnelles – jupe noire ou rouge, bas blancs, châles et bonnets pour elles, chemise, gilet, foulard noué autour du cou et chapeau pour eux, chaussés de souliers ou sabots – qui avancent au ralenti dans l’obscurité. On dirait des santons, le buste bien droit, presque rigide, ou peut-être des automates échappés d’un parc d’attraction fantôme, tant leur démarche est synchronisée et saccadée. Au milieu de ces soldats en habits folkloriques, il y a Dalila Belaza, à la tenue noire ample, qui ondule dans le fond de la scène, esquissant des gestes fluides. Ces deux entités qui évoluent dans un même espace, sont portées par l’ambiance sonore sourde, où l’on reconnaît des tintements d’un clocher.
En 2019, Dalila Belaza rencontre le groupe de danse aveyronnaise, avec qui elle entame un dialogue en danse. Au Coeur, transcrit cette rencontre, où chacune et chacun s’est invité à tour de rôle sur son terrain. Dans cet espace partagé, ils explorent des rythmiques, parfois très lentes et retenues, parfois bien scandées par les sabots ou les souliers, enveloppés par le jeu d’ombre et de lumière à la densité presque palpable. Dalila Belaza fait des allers-retours entre sa propre danse et celle du groupe, dont elle épouse le rythme. Si les tenues folkloriques surprennent de prime abord (plutôt rares sur les scènes contemporaines), la rencontre entre leurs danses (très éloignées) fait jaillir des similitudes. Les Lous Castelous y semblent projetés dans une modernité, déconnectée du poids d’un folklore, peut-être parce qu’ils pénètrent dans un endroit hors du temps et de l’espace, où déambule Dalila Belaza, tel un électron qui papillonne dans le groupe. Ensemble ils créent un nouveau style, une nouvelle danse qui naît de ces frottements et hybridations. Tout en restant connectés à l’endroit d’où chacune et chacun vient, ils ouvrent tout un champ de possibles.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Au cœur de Dalila Belaza
Interprétation Dalila Belaza, Didier Cassan, Benoit Clot, Lucie Clot, Eric Delouvrier, Roger Puech, Audrey Serieye, Ginette Visseq, Guy Visseq, Ludovic Clot
Conception lumière Rodrigue Bernard et Dalila Belaza
Régie lumière Rodrigue Bernard
Conception son Dalila Belaza
Arrangement sonore et régie son Tristan Viscogliosi
Production Association Jour
Coproduction Théâtre de la Ville – Paris; CCN-Ballet national de Marseille dans le cadre de l’accueil studio / Ministère de la Culture ; La Place de la Danse – CDCN Toulouse / Occitanie dans le cadre du dispositif Accueil Studio
Soutiens Fondation d’entreprise Hermès ; DRAC Île de France – aide à la création chorégraphique ; Région Occitanie dans le cadre du dispositif d’aide à la création ; Ville de Rodez ; CCM Conques Marcillac
Accueil en résidence CCN – Ballet national de Marseille dans le cadre de l’accueil studio / Ministère de la Culture ; Théâtre des 2 Points / MJC Rodez ; Centre Européen de Conques
Mise à disposition de studio CND-Pantin ; Espace multiculturel du Nayrac ; La Ménagerie de Verre dans le cadre de Studiolab.
Durée 45 minutes
Festival Parallèle, KLAP
28 janvierAvant-scène Cognac
4 marsPavillon Noir, Aix-en-Provence
1er et 2 avril
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