Le metteur en scène japonais Satoshi Miyagi ouvre la 71ème Festival d’Avignon dans la Cour d’honneur avec Antigone dans une version japonaise. Un spectacle très zen et dépouillé dans lequel la tragédie grecque rencontre le théâtre traditionnel japonais. Moment de quiétude, et parfois d’ennui.
Satoshi Miyagi a réservé des surprises pour le public d’Avignon. Il a d’abord glissé quelques notes de Messe pour le temps présent, dans la partition musicale en hommage à Pierre Henry, décédé dans la nuit de mercredi à jeudi. Puis les premières minutes du spectacle sont en français. Les comédiens résument la pièce de Sophocle, sur le ton de la comédie, un sacré tour de force pour cette troupe qui vient de Shizuoka, au pied du mont Fuji, salué par une première salve d’applaudissements.
La mise en scène de Satoshi Miyagi est apaisante et très chorégraphiée, beaucoup plus calme et tempérée que celle du Mahābhārata présentée en 2015 dans la carrière Boulbon. Les silhouettes blanches des comédiens, cintrés dans des costumes aux allures de carapaces, glissent sur un miroir d’eau qui couvre toute la largeur de la cour d’Honneur. Le texte est récité, mimé. Les ombres des personnages sont projetées sur le mur de la Cour d’honneur à la manière du théâtre d’ombre indonésien.
Satoshi Miyagi a souhaité ancrer son Antigone dans le bouddhisme japonais. « Dans le bouddhisme japonais on retrouve cette pensée de ne pas diviser les gens, mais au contraire de les rassembler de manière très égalitaire. Il n’y a pas de jugement final après la mort » explique le metteur en scène du SPAC (Shizuoka Performaing Arts Center). La lenteur des tableaux invite à la méditation poétique.
La partition musicale signée Hiroko Tanakawa est un petit bijou : une boucle de percussions enivrante digne des plus compositeurs de la musique répétitive. On aurait envie de l’écouter toute la nuit. La mise en scène un peu trop systématique de cette belle représentation iconographique a mis en joie le public de la Cour sous le charme de cette féérie aquatique qui n’est cependant pas à la hauteur d’un début de Festival dont on attend qu’il nous questionne beaucoup plus sur l’état du monde. Le meilleur est à venir !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Antigone
Texte Sophocle
Traduction Shigetake Yaginuma
Mise en scène Satoshi Miyagi
Musique Hiroko Tanakawa
Scénographie Junpei Kiz
Lumière Koji Osako
Costumes Kayo Takahashi
Coiffure et maquillage Kyoko Kajita
Assistanat à la mise en scène Masaki Nakano
Avec Asuka Fuse, Ayako Terauchi, Daisuke Wakana, Fuyuko Moriyama, Haruka Miyagishima, Kazunori Abe, Keita Mishima, Kenji Nagai, Kouichi Ohtaka, Maki Honda, Mariko Suzuki, Micari, Miyuki Yamamoto, Moemi Ishii, Momoyo Tateno, Morimasa Takeishi, Naomi Akamatsu, Ryo Yoshimi, Soichiro Yoshiue, Takahiko Watanabe, Tsuyoshi Kijima, Yoji Izumi, Yoneji Ouchi, Yu Sakurauchi, Yudai Makiyama, Yukio Kato, Yuumi Sakakibara, Yuya Daidomumon, Yuzu Sato
Production
Production Shizuoka Performing Arts Center
Coproduction Festival d’Avignon
Avec le soutien de la Japan Foundation et de la Spedidam pour la 71e édition du Festival d’Avignon
Avec l’aide du Kanagawa Arts Theatre
Spectacle en japonais surtitré en français
Durée : 1h35Cour d’honneur du Palais des papes
Création 2017
Du 6 au 12 juillet sauf le 9
A 22h
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