La Scala ouvre mardi 11 septembre, au 13 Boulevard de Strasbourg, à deux pas de la Porte Saint-Martin et de la Renaissance, face au Comédia et au Théâtre Antoine. La Scala, théâtre privé d’intérêt public imaginé par Mélanie et Frédéric Biessy redevient un lieu culturel. Olivier Schmitt, ancien rédacteur en chef au Monde et désormais conseiller artistique de La Scala raconte l’histoire du lieu dans un livre passionnant, L’Intégrale des ombres. La Scala Paris, paru cet été aux Editions Actes Sud.
Construit en 1873, le théâtre La Scala s’est métamorphosé au fil des siècles. Il a été tout d’abord l’un des cafés-concerts les plus courus de Paris jusqu’en 1935. On peut s’en apercevoir dans l’ouvrage d’Olivier Schmitt avec la reproduction d’un dessin de G.Guiaud datant de 1881 où l’on voit une foule impressionnante sur le boulevard de Strasbourg le soir du 14 juillet, amassée devant une scène installée sur le trottoir devant La Scala.
Le Concert de La Scala doit son nom à l’admiration de sa première propriétaire Marie-Reine Rameau pour La Scala de Milan. A son ouverture en décembre 1873, la salle compte 1400 places et se distingue par sa coupole de verre à 35 mètres en surplomb du parterre qui laisse apercevoir le ciel. On l’appelle d’ailleurs: le « théâtre à ciel ouvert« . On peut y voir des revues populaires et des tours de chants des artistes les plus en vue de l’époque: Yvette Guilbert, Polin, Fréhel, Mistinguette…Aristide Bruant, encore peu connu, écrit une chanson sur La Scala en 1877, tandis que Felix Mayol va devenir la super-star du café-concert. Olivier Schmitt raconte comment il séduit Marcel Proust. Le romancier vient à La Scala « pour l’agilité de son corps« .
Si La Scala ne présente jamais d’opéra, elle se lance tout de même dans des spectacles d’envergure, comme en 1874, Ki-Ki-Ri-Ki,une revue japonaise, avant Lumière électrique en 1879 qui célèbre la fée électricité. La guerre de 14 viendra briser l’esprit de la Belle Epoque. La Scala devient à partir de 1918, un théâtre de Vaudevilles dans lesquels on peut y voir le jeune Raimu. L’âge d’or du café-concert s’émousse même si Proust continue de fréquenter assidûment le théâtre.
Il devient un cinéma Art déco en 1936. Le plafond est conservé, mais un peu baissé, les balcons et les coursives sont détruits. Premier film à l’affiche, Un mauvais garçon de Jean Boyer avec Danielle Darieux. On peut y voir en exclusivité des films de Tati, Godard ou Luis Buñuel. En 1977 il devient le premier multiplexe de Paris avec 800 fauteuils et 5 écrans sur lesquels sont projetés des films… pornographiques. Olivier Schmitt a déniché quelques affiches croquignolettes de l’époque, comme Charlotte mouille sa culotte ou La Comtesse est une pute. En 1999, la Caisse mutuelle des retraites complémentaires agricoles cède les murs. La Scala est rachetée par une église baptiste brésilienne, malgré une forte mobilisation populaire emmenée par le producteur de cinéma Maurice Trinchant. Jean Tiberi, alors Maire de Paris, refuse le premier permis de construire, l’Eglise est classée au rang des sectes par les députés, et en 2001, Bertrand Delanoë classe La Scala qui ne pourra devenir qu’un lieu culturel. En 2006, l’Eglise vend les murs. Il faut attendre 10 ans avant que Mélanie Biessy et Frédéric Biessy n’achètent La Scala. Une nouvelle histoire va s’écrire à partir de la semaine prochaine !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
L’Intégrale des ombres. La Scala Paris
OLIVIER SCHMITT
RICHARD PEDUZZI – ILLUSTRATEUR
ANTOINE DE GALBERT – PRÉFACIER
Hors collection
Septembre, 2018 / 19,6 x 25,5 / 182 pages
ISBN 978-2-330-10799-4
prix indicatif : 43, 00€
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