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A Bergman Affair : The Wild Donkeys abandonne le feu sous la glace

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

Photo Guido Mencari

Au Monfort Théâtre, le jeune collectif fondé par Olivia Corsini et Serge Nicolaï, deux collaborateurs de longue date d’Ariane Mnouchkine, délaie l’intensité du roman de l’artiste suédois dans une mise en scène trop sophistiquée.

« On ne peut pas faire violence à la vérité sans que ça tourne mal. » Écrite à la craie en fond de scène, cette phrase, au caractère sentencieux, peut résumer à elle seule l’essentiel de l’œuvre d’Ingmar Bergman. Comme la plupart des personnages de l’artiste suédois, Anna est déchirée entre la vérité et le mensonge. Héroïne bergmanienne par excellence, cette quadragénaire ne s’y retrouve plus. Mère de famille, malheureuse en mariage, elle a décidé de se jeter dans les bras de Tomas, un jeune étudiant en théologie qu’elle prend pour amant.

Dans Entretiens privés, dont s’est largement inspiré le jeune collectif The Wild Donkeys pour créer A Bergman Affair, son histoire commence le jour de sa rencontre fortuite avec le pasteur Jacob. A cet « oncle » qui s’est imposé comme le confident de la famille, Anna confesse qu’elle est une épouse infidèle. Une situation qui la plonge dans un profond trouble et la précipite dans une série de conversations avec les trois hommes de sa vie – son pasteur, son mari et son amant – en quête d’une voie à suivre pour trouver ce qui est le meilleur pour elle, et non le meilleur pour tous.

Pour projeter ce parcours intime, Serge Nicolaï a choisi un dispositif resserré, où sont réunis, sur la grande scène du Monfort, comédiens et spectateurs. Postés sur des gradins – pour le moins inconfortables – on s’attend à sentir le souffle de ces discussions douloureuses, à en capter l’audace, mais aussi la souffrance. Las, le metteur en scène, par ailleurs membre du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, ne parvient jamais à transcender le roman de Bergman, à creuser les aspérités les plus sulfureuses de cette transgression, celle d’une femme qui, malgré le poids du religieux, veut à tout prix s’accomplir. Figé par un parti-pris sophistiqué, voire prétentieux, le jeu des comédiens, au lieu de rebondir sur l’intensité du texte, s’abandonne sur des rives psychologisantes. Lestés par un dispositif de sonorisation qui n’était pas au point le soir de la première, tous se complaisent dans une attitude glacée, sous laquelle le feu du désir peine à percer.

Sans lecture claire, ni travail scénographique particulièrement captivant, A Bergman Affair ne dépasse jamais le stade de la banale histoire d’infidélité, comme le théâtre en compte tant, alors que Bergman avait esquissé des pistes autrement plus pertinentes – l’émancipation d’une femme des années 20, le désir dévorant, la vérité comme dogme, le carcan d’un religieux omniprésent jusque dans la profession commune des trois hommes, pasteurs en exercice ou en devenir – qui restent ici en jachère. Son énergie, Serge Nicolaï a préféré la placer dans une curieuse référence au théâtre de marionnettes japonais, le Bunraku. Pris dans leurs discussions, les comédiens se voient saisis par un manipulateur qui tente de faire parler leur corps. Scéniquement audacieux, le procédé est trop didactique dans son principe, et trop grossier dans son exécution, pour ne pas sombrer dans l’artificialité. Ces confrontations, naturellement au corps-à-corps, n’en réclamaient pas tant.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

A Bergman Affair
d’après Entretiens privés d’Ingmar Bergman
de The Wild Donkeys

Mise en scène, Serge Nicolaï
Collaboratrice, Gaia Saitta
Avec Olivia Corsini, Gérard Hardy, Andrea Romano et Stephen Szekely
Adaptation et dramaturgie, Serge Nicolaï, avec l’aide de Clément Camar-Mercier, Marcus Baldemar et Sandrine Raynal Paillet
Création lumière, Elsa Revol et Marco Giusti

Scénographie, Serge Nicolaï
Créateur son, Emanuele Pontecorvo
Production Wild Donkeys, Porto Alegre Em Cena
Avec le soutien de L’Aria, Les Subsistances Lyon, La Corte Ospitale Rubiera, Il Funaro Pistoia et l’aide de la Spedidam.
Remerciements : Julie Anne Stanzak, Elsa Révol, Igor Rienzetti, Sara Valenti, Jonathan Foussadier, Ariane Bégoin, Nicolas Charrier, Benoit Guillouet, Camilla Bevilacqua, Ariane Mnouchkine, Les Tréteaux de France, Sonia Leplat et Romain Colson de la MPAA ainsi que leurs équipes, Alexandre Roccoli.
Les œuvres théâtrales d’Ingmar Bergman sont représentées en langue française par l’agence DRAMA – Suzanne Sarquier en accord avec la Fondation Bergman et l’Agence Josef Weinberger Limited à Londres.

Durée : 1h30

Monfort Théâtre, Paris
Du 12 au 23 mars 2019

14 mars 2019/par Vincent Bouquet
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1 réponse
  1. Baumann Florence
    Baumann Florence dit :
    14 mars 2019 à 22 h 04 min

    À voir de toute urgence si vous désirez éprouver quelques « vols de l’ange ». Un chef d’oeuvre de justesse & d’émotion retenue, dans une esthétique parfaitement maîtrisée.
    L’esprit Bergmanien plane tout le long de la pièce, et esquisse une ambiance parfois fantomatique, parfois drolatique et souvent déchirante. Jeux de lumières sensibles pour donner à voir l’intime, magnifiques tableaux et jeux d’acteurs justes, cette création emporte vers la vérité qui libère les êtres. A mon sens, un chef d’œuvre d’humanité et d’humilité autant par sa forme que par son texte.

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