Stéphane Braunschweig revient à Molière avec l’Ecole des femmes. Il retrouve l’un de ses acteurs fétiches, Claude Duparfait, inquiétant Arnolphe face à la douce Agnès. Une réussite.
Arnophle soigne son corps dans une salle de sports. Il est de ses quinquas qui a peur de vieillir et de ne plus séduire les femmes. Alors il pédale sur son vélo d’appartement pour conserver la forme avec son ami Chrysalde (le toujours excellent Assane Timbo) qui désapprouve la façon dont Arnolphe a traité Agnès depuis sa naissance. Arnolphe, prédateur sexuel du 17e, qui a jeté son dévolu sur l’enfant dès ses 4 ans, un pédophile en puissance qui n’a jamais franchi le pas, mais qui a fait élever Agnès dans l’ignorance de la vie, pour se la réserver le jour du mariage. Odieux personnage qui imagine des stratagèmes pour repousser le prétendant, Horace, interprété avec panache par Glenn Marausse.
Claude Duparfait campe un Arnolphe inquiétant, tourmenté. On perçoit de l’instabilité dans ses réactions, mais aussi une violence retenue. Le comédien poursuit un compagnonnage avec Molière et Stéphane Braunschweig débuté en 2003 au TNS avec Le Misanthrope, puis en 2008 avec le Tartuffe qui lui vaut le Molière du meilleur comédien en 2009 pour son rôle magnifique d’Orgon. Face à lui, Suzanne Aubert est une Agnès frêle, un ange fragile et innocent, en résistance et qui fait tourner en bourrique Arnophle. Stéphane Braunschweig renforce l’importance du rôle avec de très belles séquences filmées par Maïa Fastinger. On la voit notamment sur son lit avec le petit chat, avant qu’il ne meure, faisant glisser sur son corps les lames tranchantes d’un ciseau.
Habitué à des scénographies monumentales, Stéphane Braunschweig fait le choix de la simplicité. Le décor est sombre, grillagé, il s’enfonce dans une perspective vers la chambre d’Agnès, lieu de son enfermement. Lorsqu’Arnolphe ferme violemment le rideau et s’isole avec Agnès, notre cœur se soulève, on craint le pire pour la jeune fille. Stéphane Braunchweig n’a jamais mis autant de noirceur et de tension dans l’un de ses spectacles. Au dernier acte, tous les éléments de décors disparaissent, à part une vitre qui elle aussi finira pas laisser les comédiens seuls face à l’immensité du plateau nu. Il ne reste alors que l’acteur et les alexandrins de Molières. Dernières images saisissantes et glaçantes d’un spectacle magnifiquement dirigé par le directeur de l’Odéon.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
L’École des femmes
de Molière
mise en scène Stéphane Braunschweig
avec
Suzanne Aubert,
Laurent Caron,
Claude Duparfait,
Glenn Marausse,
Thierry Paret,
Ana Rodriguez
et Assane Timbo
scénographie Stéphane Braunschweig
collaboration artistique Anne-Françoise Benhamou
assistante à la mise en scène Clémentine Vignais
costumes Thibault Vancraenenbroeck
collaboration à la scénographie Alexandre de Dardel
lumière Marion Hewlett
son Xavier Jacquot
maquillages/coiffures Karine Guillem
vidéo Maïa Fastingerproduction Odéon-Théâtre de l’Europe
coproduction Théâtre de Liège
avec le soutien du Cercle de l’Odéondurée 1h50
9 novembre – 29 décembre – Odéon 6e
Tournée 2019
8 et 9 janvier / La Coursive – Scène nationale La Rochelle
15 au 19 janvier / La Comédie de Clermont-Ferrand – Scène nationale
29 et 30 janvier / Bonlieu – Scène nationale Annecy
5 au 8 février / Théâtre de Liège
6 au 9 mars / La Comédie de Saint-Étienne – Centre dramatique national
20 au 22 mars / Les Théâtres – Marseille
28 et 29 mars / Besançon Franche-Comté – Centre dramatique national
23 au 26 mai / Théâtre Dijon Bourgogne – Centre dramatique national
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