Franchir la nuit, création de la Biennale de danse de Lyon en co-réalisation avec Le Bonlieu – Scène Nationale à Annecy porte un autre regard sur l’enfance. Poignant.
Quelques notes de piano, quelques mots lâchés : Etre un roi, être une reine. Héros d’un jour. Bowie donc ici susurré par Deborah Lennie-Bisson présente dans la fosse d’orchestre de l’Opéra de Lyon. Mais ce sont les enfants qui sont rois et reines dans Franchir la nuit. Ils viennent parfois de très loin migrants pour tout dire ou d’une banlieue proche, celle de Grenoble. Rachid Ouramdane a déjà travaillé la figure de l’exil, y compris intérieur, dans de précédents spectacles. Avec Franchir la nuit il y revient mais à une autre échelle : une vingtaine d’enfants de l’école le Verderet de Grenoble et 13 mineurs isolés venus d’Afrique ou d’Europe. S’ajoutent sur scène 5 danseurs proches de Ouramdane.
De cette « confrontation » va naître un motif repris tout au long de la pièce. La rencontre. Dans une des plus belles séquences de Franchir la nuit les interprètes soulèvent les enfants comme pour les protéger de l’eau environnante. Une véritable étendu d’eau avec mouvement de vague à la fois lieu de passage -et on le sait de naufrage dans certains cas- et horizon lointain. Cette scénographie est d’une singulière beauté : ainsi lorsque Annie Hanauer se tient seule au milieu de l’eau, son reflet projeté sur le mur de l’Opéra, on est saisi par l’évidence du dispositif. Mais ce décor mouvant est aussi la limite de Franchir la nuit contraignant la danse qui est surtout faite de courses ou de roulades au sol.
On sait qu’il n’est jamais facile de se risquer au pas de deux sur eau. Il faut chercher ailleurs la beauté grave de cette chorégraphie : on pense à cette ronde du début ou à cette partie de un deux trois soleil. Ou même aux saluts. En ligne la troupe regarde alors la salle et l’émotion affleure. Ces visages, jeunes, qui ont rarement le doit à pareille attention sont notre monde, notre futur. En ces temps un rien réactionnaires Franchir la nuit dit un autre espoir. Héros après tout.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Franchir la nuit
CONCEPTION ET CHORÉGRAPHIE Rachid Ouramdane
EN COLLABORATION AVEC Mehdi Meddaci
ASSISTANTE À LA CHORÉGRAPHIE Agalie Vandamme
MUSIQUE Deborah Lennie-Bisson
CONSTRUCTION DÉCORS Sylvain Giraudeau
LUMIÈRES Stéphane Graillot
SON Laurent Lechenault
COSTUMES Sigolène Petey
ATELIERS D’ÉCRITURE Fanny VuaillatAVEC Annie Hanauer, Deborah Lennie-Bisson, Ruben Sanchez, Leandro Villavicencio, Aure Wachter et une foule d’enfants
PRODUCTION CCN2 – CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE GRENOBLE
AVEC LE SOUTIEN DE LA FONDATION D’ENTREPRISE HERMÈS COPRODUCTION BONLIEU SCÈNE NATIONALE ANNECY / BIENNALE DE LA DANSE DE LYON / THÉÂTRE DE LA VILLE – PARIS / CHAILLOT – THÉÂTRE NATIONAL DE LA DANSE / THÉÂTRE NATIONAL DE BRETAGNE / FESTIVAL BOLZANO DANZA – TANZ BOZEN / JULIDANS – AMSTERDAM
Durée: 1hBonlieu à Annecy
14/09/18Opéra de Lyon
20/09/18
21/09/18Chaillot Théâtre National de la Danse
Sam 15 déc — 19h45
Mar 18 déc — 20h30
Mer 19 déc — 20h30
Jeu 20 déc — 19h45
Ven 21 déc — 20h3013 au 15 mars 2019
THÉÂTRE NATIONAL DE BRETAGNE – RENNES22 mars 2019
THÉÂTRE DE LORIENT – CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL28 mars 2019
COMÉDIE DE CLERMONT-FERRAND
4 avril 2019 COMÉDIE DE VALENCE
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