Julie Duclos porte à la scène un sordide fait divers survenu à Scotswood en Angleterre il y a presque 50 ans. Mayday est un spectacle très maîtrisé mais qui manque d’aspérité.
A la Colline, la trop vaste scène s’apparente à un plateau de tournage. D’ailleurs, l’écriture scénique utilisée par Julie Duclos emprunte beaucoup au cinéma : l’esthétique réaliste, la fragmentation des scènes et de l’espace, l’utilisation de bandes Super 8, de la musique et des silences… Par des moyens filmiques conséquents, la metteure en scène restitue l’histoire vraie et douloureuse d’une fillette criminelle déclarée deux fois coupable d’homicides involontaires. Sortie de prison à 23 ans, Mary Bell tente, sous une nouvelle identité, de se reconstruire une existence. Mais le passé n’est pas mort. Il s’impose dans la scénographie très belle et délabrée qui figure la maison abandonnée – un bloc de béton aux murs lézardés ou écroulés – où deux enfants ont été étranglés.
L’héroïne de la pièce se présente à deux âges de sa vie. Elle est jouée par Alix Riemer en fillette mutine et explosive et Marie Matheron en femme mature et tourmentée. La première fait sa folle, court et hurle pour exprimer son besoin d’exutoire, la seconde somnole dans son salon en proie aux souvenirs qui la hantent. D’autres femmes apparaissent : sa mère, sa grand-mère, chacune appartenant à un espace-temps qui lui est propre comme son petit monde impénétrable.
Pris à rebours, les épisodes du passé tentent d’élucider le moteur du geste meurtrier, délivrent des informations capitales comme l’absence des pères, le désœuvrement des mères, la maltraitance et la violence quotidiennes, l’exclusion sociale, la stigmatisation et la marginalité du noyau familial.
Tous les ingrédients du spectacle de genre sont réunis par Julie Duclos qui installe justement une atmosphère lourde et anxiogène, ni sensationnaliste ni édulcorée. Pour autant, il manque de l’inconfort et de l’intranquillité à cette nouvelle création, de quoi heurter, bousculer, déranger les spectateurs à l’abri du risque tant tout semble tenu et trop retenu.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
MAYDAY
Dorothée Zumstein / Julie Duclos (France)
texte Dorothée Zumstein
mise en scène Julie Duclos
avec Maëlia Gentil, Vanessa Larré, Marie Matheron, Alix Riemer, Bino Sauitzvy
scénographie Hélène Jourdan
lumière Jérémie Papin, Mathilde Chamoux
musique Krishna Levy
chorégraphie Bino Sauitzvy
vidéo Quentin Vigier
son Quentin Dumay
costumes Marie-Cécile Viault
assistanat à la mise en scène Calypso Baquey
régie Plateau Marie Bonnemaison
régie générale Mathilde Chamoux
production Laure Duqué
Création au CDN de Normandie-Rouen le 1er février 2017.
Production : Cie l’In-quarto – Coproductions : La Colline / théâtre national, Le CDN de Normandie-Rouen, le CDN de Besançon Franche-Comté, Le CDN d’Orléans/Loiret/Centre, Célestins-Théâtre de Lyon (en cours) – Avec le soutien de la Comédie de Reims / CDN – Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National.Durée : 1h45
CDN de Rouen
1er et 2 février 2017
Mercredi 1er et jeudi 2 à 20hThéâtre National de la Colline
du 23 février au 17 Mars 2017
du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30
Audiodescription mardi 7 et dimanche 12 mars 2017
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