Le théâtre de La Pépinière accueille la nouvelle pièce de Philippe Claudel mise en scène par Morgan Perez, « Parle moi d’amour ». Présentée comme un « cri amoureux », où un couple « se dit tout sans détours », on assiste en fait à une interminable dispute où la grossièreté et la violence ont remplacé les souvenirs d’autrefois. Sous couvert d’humour cinglant, on assiste en fait à une pièce d’une extrême vulgarité n’ayant rien à envier au pire du café-théâtre des années 80-90.
Avant même que la conversation ne débute, le couple Caroline Silhol–Philippe Magnan apparaît comme ces maris et ces femmes qui, au premier regard, semblent devenus différents l’un à l’autre. Ils rentrent d’un dîner de travail lorsque la dispute commence – pour la 4e fois de la semaine –, ils se rendent compte que toute leur vie commune n’a été qu’une illusion. Face à ce constat déprimant et suscitant forcément une réaction violente, ils arrivent à faire preuve d’une certaine ironie et même d’élégance de la part de Caroline Silhol.
Dès les premiers échanges, on constate qu’on est venu voir du vulgaire. Quels sont les premiers prétextes à l’engueulade ? Beaucoup de clichés, des reproches sur le comportement de l’un et de l’autre, lui est trop à genou devant son patron, elle se laisse draguer par les collègues. Puis les clichés s’empilent, tour à tour untel est une « tapette », l’autre a une sœur « qui a la grâce d’une guichetière SNCF », avant de s’avouer que cela fait 30 ans qu’ils « s’emmerdent » l’un et l’autre.
En texte conçu comme un défouloir d’une rare violence, tout y passe : les parents, le travail, les enfants et la psychanalyse de madame. Quelques situations décrites sont drôles – notamment des vacances en Corse passées chez le patron de Monsieur. Mais elles sont légèrement gâchées par l’empilement de vannes et d’insultes (bien malin sera celui qui arrive à compter le nombre de « salope »). Il faut l’avouer, une large partie du public ne se prive pas de rire aux larmes, après tout, cachés dans la pénombre de la salle, personne ne nous le reprochera. Et finalement, ils s’excusent comme deux enfants pris en faute. « Parle moi d’amour » permet finalement à La Pépinière de se transformer en Théâtre des 2 Ânes, la politique et le recul en moins.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
PARLE-MOI D’AMOUR
De Philippe CLAUDEL
Mise en scène Mogan PEREZ
Avec Caroline SILHOL et Philippe MAGNAN
Durée : 1h15Théâtre de la Pépinière
Depuis le 7 février 2017
du mardi au samedi à 21h et samedi à 16h
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