Créée pour l’ouverture de la saison 2016/2017 au Théâtre National de Strasbourg, Iphigénie en Tauride achève sa tournée au Théâtre des Abbesses. On a eu énormément de mal à se passionner pour ce spectacle mis en scène par Jean-Pierre Vincent qui sent le théâtre d’un autre temps.
Jean-Pierre Vincent est une sorte de statue du Commandeur du théâtre de la deuxième partie du 20ème siècle. Il a permis à Stanislas Nordey de faire ses premiers pas sur un grand plateau aux Amandiers à Nanterre. L’actuel directeur du Théâtre National de Strasbourg ne l’a pas oublié en coproduisant ce spectacle. C’est tout à son honneur. Mais on a eu la désagréable impression en regardant cette pièce que le temps s’est figé dans les années 80 à l’apogée de la carrière de Jean-Pierre Vincent lorsqu’il monte Le Mariage de Figaro en 87, On ne badine pas avec l’amour en 88 ou Les Fourberies de Scapin en 1990 dans la cour d’honneur à Avignon avec Daniel Auteuil.
Le peintre Jean-Pierre Chambas continue d’accompagner le metteur en scène. Il a conçu une toile imposante et magnifique, un ciel ombrageux à la « Turner » caché par un arbre massif. Mais le théâtre aujourd’hui n’est plus celui là. On comprend le choix de Jean-Pierre Vincent de ne pas céder aux sirènes du théâtre d’aujourd’hui. C’est tout à son honneur, mais avec tout le respect qu’on lui doit, on s’est copieusement ennuyé.
On a tenté se raccrocher au jeu des acteurs que l’on aime, Cécile Garcia Fogel et Vincent Dissez. Mais il est froid et distant. Seul Pierre-François Garel dans le rôle de Pylade ose un peu de modernité
Quelques fauteuil claquent, des adolescents pouffent de rire en ce cachant derrière leurs écharpes pour ne pas perturber la représentation. Même le technicien aux lumières semble somnoler sur sa table: un moment d’absence et il rallume les lumières de la salle par erreur.
Alors il y a bien sûr le texte de Goethe et la force de ce personnage féminin libre qui irrite les puissants. Le texte est éclairant. « Je suis née aussi libre qu’un homme » dit-elle à la face du roi Thoas (Alain Rimoux). Mais Jean-Pierre Vincent le noie dans un esthétisme du passé.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Iphigénie en Tauride
Texte Goethe
Mise en scène Jean-Pierre Vincent
Avec Léa Chanceaulme, Vincent Dissez, Cécile Garcia Fogel, Pierre-François Garel, Thierry Paret et Alain Rimoux
Texte français Bernard Chartreux et Eberhard Spreng
Dramaturgie Bernard Chartreux
Assistanat à la mise en scène et à la dramaturgie Frédérique Plain et Léa Chanceaulme
Décor Jean-Paul Chambas
avec la collaboration de Carole Metzner
Lumière Alain Poisson
Costumes Patrice Cauchetier
Son Benjamin Furbacco
Maquillages Suzanne Pisteur
Coproduction Studio Libre, Théâtre National de Strasbourg, Théâtre du Gymnase, Marseille
Production déléguée Théâtre du Gymnase / Bernardines, Marseille
Création le 13 septembre 2016 au Théâtre National de Strasbourg
Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS.
Les textes (version en prose de 1779 et version versifiée de 1802) sont publiés chez L’Arche Éditeur.
Durée: 1h40Strasbourg du 13 sep au 25 sep 2016 – TNS
Lille du 5 au 9 octobre 2016 au Théâtre du Nord – Centre dramatique national
Marseille du 11 au 15 octobre 2016 au Théâtre du Gymnase
Béziers les 17 et 18 octobre 2016 au Théâtre sortieOuest
Belfort les 3 et 4 novembre 2016 au Granit – Scène nationale
Caen du 9 au 11 novembre 2016 au Théâtre de Caen
Genève (Suisse) du 15 au 19 novembre 2016 à la Comédie de Genève
Paris du 23 novembre au 10 décembre 2016 au Théâtre de la Ville
À voir vos impressions de spectateur semaine après semaine, je ne suis pas vraiment étonné que Goethe soit un peu trop pour vous – quant à votre maniement du style, il pemet de ne pas prendre au sérieux outre mesure vos jugements esthétiques. Du reste, avez-vous vu un seul Turner ?