Adèle Haenel est Anna, une amie que Kate a connu il y a vingt ans et qu’elle va présenter à Deeley, son mari. Dans « Old Times », de Pinter, rien n’est clair ni limpide. Les acteurs font ce qu’ils peuvent avec ce texte aux multiples couches de compréhension possible.
Deeley et Kate, couple d’âge mûr incarné par Marianne Denicourt et Emanuel Salinger, attendent l’arrivée d’Anna, la seule amie que Kate avait il y a 20 ans. Oui mais voilà : Anna est déjà sur scène et entend la conversation. Bien plus jeune que le couple, elle semble ne pas avoir changé depuis deux décennies. Rapidement, elle prend part à l’échange et de l’attente de son arrivée on passe à l’égrenage de souvenirs. Mais tout cela ne semble pas vraiment naturel, ni désiré…
La situation est-elle réelle ? A quelle époque celle-ci se déroule ? Les strates chronologiques semblent se mêler pour jouer du passé au présent et finalement définir une conception du temps propre à la pièce de Pinter. Le couple semble parfois gêné en regardant Anna. Est-elle morte ? Le portrait qu’elle dresse de Kate au fil de la pièce semble éloigné de la réalité. Peut-être qu’Anna n’est en fait qu’une partie de Kate que Deeley a connu il y a 20 ans et que le couple tente de retrouver par un jeu amoureux ?
Des souvenirs, il semble ne rester que les émotions. Un vécu qui apparaît et disparaît comme le flux et reflux de la mer. La lumière change en fonction des points de vue et souvent, l’ironie semble cacher un drame profond.
Difficile de suivre le fil de Old Times, à la fois dialogue et succession d’émotions vécues. Le spectateur doit inventer des liens pour tenter de franchir l’aporie, il est normal qu’une partie du public décroche. Mais, par ailleurs, on est saisi par le jeu des acteurs, notamment Emmanuel Salinger et Marianne Denicourt qui incarnent bien leurs rôles de personnages troubles et troublés, on est moins convaincu par Adèle Haenel, Anna, qui manque de nuances. Cette sensation double se retrouve à l’échelle du spectacle entier, un moment où l’on passe des nimbes de l’envoûtement à des flots d’ennui d’une minute à l’autre. Sur 1h20 de spectacle, c’est un peu regrettable…
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Old Times
Texte de Harold PINTER
Texte français de Séverine MAGOIS
Mise en scène de Benoit GIROS
Avec Marianne DENICOURT, Adèle HAENEL et Emmanuel SALINGERDurée : 1h20
Théâtre de l’Atelier
A PARTIR DU 29 MARS 2016
Du mardi au samedi à 21h00
Matinée le dimanche à 15h00
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