Sophie Lecarpentier met en scène avec beaucoup de finesse ce texte cocasse de l’américain Steven Berkoff. Elle parvient à rendre délicieuse une langue qui est souvent triviale. Un exploit.
Que se passe-t-il dans nos têtes ? Tout se mélange. Il y a ce que l’on dit à haute voix. Il y a ce que l’on pense et que l’on conserve en nous. Dans Kvetch (écrite en 1986) Steven Berkoff fait tout dire à ces personnages. Et c’est ce qui est cocasse. Jorge Lavelli a été le premier en France à mettre en scène cette pièce à la Colline en 1992 (avec une sacrée distribution: Christiane Cohendy, Jean-Luc Moreau, Hugues Quester et Jean-Claude Jay).
Ces Kvetch ce sont nos peurs et nos tracas. « J’ai peur du Sida, du Zika, que l’on découvre que j’ai un compte en Suisse » dit un personnage au début de la pièce. Ce sont nos démons, nos voix intérieurs et nos fantasmes. Et en la matière Frank le mari (Fabrice Cals) rêve de Hal son collègue de travail (Stéphane Brel) quand il fait l’amour avec sa femme (Anne Cressent). Il finira par surmonter son Kvetch et vivre son homosexualité. On rit devant la grossièreté de la belle-mère qui pète à table (Julien Saada).
Florian Zeller a copié l’idée de Steven Berkoff dans L’envers du décor, mais avec beaucoup moins de finesse. Là où l’écriture de Zeller est grossière, celle de Berkoff est sensible. Là où la mise en scène de Daniel Auteuil est lourde, celle de Sophie Lecarpentier est légère. Avec juste 4 chaises d’école basiques, un grand drap, et une belle harmonie de costumes en noir et rouge, elle a su traduire l’esprit de cette comédie satirique avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Les quatre comédiens sont virevoltants et aériens. Ils sont guidés par le violon alto de Bertrand Causse qui donne le tempo à ce spectacle exquis.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Kvetch
Texte | Steven Berkoff
traduit de l’anglais par Geoffrey Dyson et Antoinette Monod
Stéphane Brel | Hal, l’ami de Frank
Anne Cressent | Donna, la femme de Frank
Fabrice Cals | Frank
Julien Saada | un grossiste, client de Frank et la belle-mère de Frank
Bertrand Causse | Musicien live – Alto
avec la participation amicale de Elisabeth Catroux et David Migeot
remplacement exceptionnel de Fabrice Cals par Adrien Michaux à Rouen.
Travail corporel | Yano Iatrides puis Nathalie Hervé
Lumières | Orazio Trotta
Sons | Tom Ménigault
Costumes | Nathalie Saulnier
Production | Compagnie Eulalie
Coproduction | Espace Philippe Auguste / Vernon
Avec le soutien | du Conseil Régional de Haute-Normandie – de la DRAC Haute-Normandie – de la SPEDIDAM – du Théâtre de l’Ouest Parisien / Boulogne-Billancourt et de la Ménagerie de Verre / Paris dans le cadre du Studiolab2 au 28 février 2016 à 18h30 | Théâtre du Rond-Point | PARIS (relâche les lundis et dimanche 7 février 2016) –
Juillet 2016 | Festival de Théâtre | FIGEAC
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