Une petite table en formica, des guirlandes, des vierges en plastique, un portrait de Jésus encadré, c’est dans l’intérieur modeste d’une « mama » italienne que se déroule le « Stabat Mater » d’Antonio Tarantino. A l’origine le « Stabat Mater » est un texte religieux (13ème siècle) qui raconte la souffrance de Marie lors du Martyr du Christ. En France on connait la version de Jean-Pierre Siméon – « Stabat Mater furiosa » un long poème sur la guerre. Ici Antonio Tarantino, peu connu en France, a écrit sur la mort d’un fils. Sa mère Marie va crier l’injustice. « C’est donc le récit de cette femme qui court les commissariats à la recherche de son fils disparu avant de le retrouver à la morgue…explique Antonio Tarantino. Pas de véritables explications concernant cette mort, car aucune ne lui a été révélée. J’ai tenté d’accompagner cette femme au commissariat pour qu’on lui explique ce qui avait pu se passer après l’arrestation de son fils, mais il faut bien avouer que les employés de la police sont restés extrêmement vagues. Conclusion : on n’a jamais pu élucider les raisons de cette mort. ». Annie Mercier qui a joué avec les plus grands metteurs en scène, de Roger Planchon à Charles Tordjman, et récemment avec Stéphane Braunschweig (elle était Dorine dans son « Tartuffe ») a choisi d’incarner cette Marie, et de jouer un texte exigeant et difficile. La ponctuation est rare, l’écriture reste en suspend et impose à Anne Mercier de se jeter à corps perdu dans ce phrasé comme si l’on devait se jeter d’un précipice ou d’une falaise (ce que fera peut-être cette femme à qui l’on a pris son fils unique). Le texte est exigeant et impose une rythmique rapide :
« et sa femme qu’est une fleur
mais quelle fleur fleur
c’est une fleur de merde
une fleur de merde cette cuve »
La voix d’Annie Mercie est captivante, l’on retient son souffle à chaque syllabe, à chaque mot énoncé. Chaque mot devient une souffrance pour cette mère abandonnée. Malgré un texte qui reste parfois abscond, Annie Mercier est touchante, elle nous emmène dans cette Italie perdue, où l’on sent le souffle de la Mafia. Lorsqu’elle se retrouve en fin de nuit, dans un dancing abandonné sur les bords du Pô, l’on se croirait dans un film en cinémascope. Elle se réfugie dans ce tout petit espace créé au centre de la scène, comme un gros plan sur la vie de cette femme.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Pour profiter de l’offre sceneweb – jusqu’au samedi 17 avril inclus : 1 place achetée/1 place offerte soit 15 euros la place au lieu de 30 euros. Il suffit de réserver uniquement par mail à l’adresse stabat@mesurepourmesure.com et bien indiquer »opération sceneweb »
Bio d’Antonio Tarantino.1938 Naît le 10 avril à Bolzano, d’un père sous-officier d’artillerie et d’une mère au foyer. Etudes élémentaires et moyennes dans de nombreuses villes. à partir de 1950 A Turin, suit un cours de graphisme publicitaire à l’institut Vittorio Veneto. Apprend l’art de design en fréquentant un cours du maître Raffaële Pontecorvo (1953-1954). Années 60 S’engage dans un groupe de correspondants politiques qui se réclament des principes originels du communisme. Participe à différentes expositions collectives. Années 70 Exerce la profession libérale de peintre dans un atelier de Turin. Années 80 Série d’installations dans son atelier et expositions à Turin et à Rome. 1992 A l’âge de 53 ans, entame sa carrière d’écrivain. Reçoit plusieurs récompenses. Ses pièces sont mises en scène dans plusieurs villes et lors de festivals de théâtre. Stabat Mater a été publié à l’intérieur de la « Tétralogia delle cure » intitulée Quatro atti Profani, Milan, Ubulibri, 1997. La première représentation a eu lieu à Rome au Théâtre Vascello le 16 mai 1994, dans une mise en scène de Cherif, avec Piera Degli Espositi.
Stabat Mater
d’Antonio Tarantino
traducteur Michèle Fabien – édition « L’Arche éditeur »
mise en scène
Eric-Gaston Lorvoire
avecAnnie Mercier
Décor Alain Denize
Lumières Christian Mazubert
co-production
EL. Théâtre / NINI Compagnie
Stabat Mater
d’Antonio Tarantino
Durée: 1h
Théâtre le Lucernaire – Centre National d’art et d’essai
53, rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
à partir du 10 mars 2010
du mardi au samedi à 21 h 30
Spectacle créé pendant le Festival Off d’Avignon 2009 au Théâtre des Halles. Voir mon article sur le site Rue du Théâtre.