Suzanne de Baecque se forme d’abord à la Classe Libre du Cours Florent, puis, en 2018, intègre la promotion 6 de l’École du Nord. Au cours de sa dernière année d’études, elle écrit Tenir Debout qui devient rapidement un succès et la propulse sur le devant de la scène. À la Cité européenne du théâtre Domaine d’O, à Montpellier, elle incarne Annie, la jeune fille du roman d’Annie Ernaux, Mémoire de fille, dans une mise en scène de Sarah Kohm.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Oui, et un trac terrifiant. Quand j’entre en scène pour jouer un spectacle pour la première fois devant un public, je me dis que je ne vais pas tenir le choc, que je vais retourner en coulisses, prendre mon sac et partir en courant. C’est une sensation vraiment très concrète. Heureusement, à peine ai-je prononcé les premiers mots ou regardé un spectateur dans les yeux, que cette pensée disparaît que et la joie arrive !
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
J’aime répéter jusqu’aux dernières heures avant une première. Comme ça, j’ai l’impression d’être vraiment dans le travail et qu’il y a une vraie continuité entre les répétitions et la représentation.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Le maquillage et l’habillage sont vraiment des rituels pour moi, voire des moments de détente avant d’entrer en scène. Je fais aussi de l’écriture automatique : sur une feuille, je pose toutes les pensées qui me viennent. Cela me permet de faire le vide et d’entrer dans mon rôle.
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
Je crois que je dis depuis que j’ai 8 ans cette phrase : « Je veux être actrice ». C’est vraiment un désir très profond, et depuis l’enfance. Mais il y a quand même eu un spectacle qui a tout déclenché : Notre terreur de Sylvain Creuzevault. J’étais en seconde, en option théâtre. On était allés voir le spectacle à La Colline. J’ai été fascinée par les acteurs, toute cette inventivité et leur plaisir de jouer, mais aussi, et surtout, par la façon dont des jeunes gens s’interrogeaient devant nous par le biais du théâtre sur leur rapport à la politique et à notre propre Histoire. Je suis ressortie de la salle très émue. J’avais vu quelque chose d’essentiel. Ce « Je veux être actrice » résonnait encore plus fort. Mon rêve était devenu en une soirée plus concret.
Premier bide ?
À l’École du Nord, nous avions fait un stage de clown avec l’immense Gilles Defacque. J’ai pris pas mal de bides, et j’ai même adoré ça. J’ai découvert que le bide était une situation ou un état à explorer sur scène. Dans mes propres spectacles, j’aime jouer avec un certain humour qui se rapproche du « malaise ». Je trouve que cela crée de l’ultra-présent, une forme d’émotion, et une grande complicité avec le spectateur.
Première ovation ?
La première de La Seconde Surprise de l’amour de Marivaux, mise en scène par Alain Françon, reste un souvenir inouï.
Premier fou rire ?
J’ai eu beaucoup de fous rires avec Vincent Dedienne, Anne Benoît et Antoine Heuillet sur le spectacle Un chapeau de paille d’Italie au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Ce sont des souvenirs galvanisants. J’aime faire ce métier pour les belles rencontres qu’il crée.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
Mes premières larmes ont été pour le cinéma. J’ai vu assez jeune Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, et j’ai beaucoup pleuré. Je me souviens n’avoir pas su très bien analyser mon émotion, mais comprendre qu’il se passait quelque chose de très fort en moi.
Première mise à nu ?
À chaque fois que je monte sur scène, c’est comme une première mise à nu. J’espère être pour toujours en mouvement dans mon travail, et que cette sensation, affolante et délicieuse, ne me quitte jamais.
Première fois sur scène avec une idole ?
Hervé Vilard, cet été, au Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph, au Festival d’Avignon. Quand même, c’était quelque chose. (rires)
Première interview ?
Un portrait dans la rubrique « Repérée » de Télérama. Un article écrit par Joëlle Gayot. L’entretien (au téléphone) m’a beaucoup marqué. Quand le coup de téléphone a retenti, j’étais dans une rue très bruyante, alors je me suis réfugiée dans le sous-sol d’un parking pour être au calme. Endroit assez insolite pour une première interview.
Premier coup de cœur ?
Les acteurs de la distribution de Notre terreur de Sylvain Creuzevault. Je me rappelle notamment de la performance magnifique de Vladislav Galard en Saint-Just.


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