Retour sur scène pour Judith Chemla après le succès en 2016 de Traviata, vous méritez un avenir meilleur, sur des arrangements de Florent Hubert, qu’elle retrouve pour Mélisande, aux origines de la pièce de Maeterlinck et de l’opéra de Claude Debussy, avec cette fois-ci à la mise en scène, Richard Brunel, le directeur de l’Opéra de Lyon. Créée à la MC2 à Grenoble, la pièce est présentée au Théâtre de la Renaissance à Oullins avant les Bouffes du Nord à Paris.
Avez-vous le trac les soirs de première ?
(Rires) Bah ouais, ouais carrément ! J’ai tellement le trac, c’est chaud. Waouh ! (Rires)
Dans les faits, je ne suis pas paralysée par le trac. C’est vertigineux, mais j’aime ça.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
J’absorbe de la lumière autant que possible et de bonnes énergies.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Je peux m’inventer des petits rituels, mais ce n’est jamais les mêmes. Je peux en avoir, mais ça change en fonction des spectacles.
La première fois où tu t’es dit : je veux faire ce métier ?
C’était devant les pensionnaires d’une maison de retraite après un stage d’été, mon premier stage de théâtre, j’avais 14 ans. Et donc je saluais avec mes camarades de stage devant toutes ces têtes blanches, et en saluant, je me suis dit : c’est exactement ça que je vais faire toute ma vie. Ce n’est pas que j’en avais envie, c’est que je savais que c’est ce qu’il allait m’arriver.
Premier bide ?
Je ne sais pas si j’ai déjà eu des bides. (Rires) Il y a une seule fois dans ma vie où j’ai eu honte en montant sur scène, car je ne savais pas vraiment ce que je foutais là. Ça m’est arrivé qu’une fois, mais je n’ai pas vraiment connu de bide.
Première ovation ?
(Avec un ton faussement assuré)
Mais j’ai toujours eu des ovations ! C’est quoi cette question ? (Rires)
Premier fou rire ?
Ce n’est pas le premier, mais il y en a un dont je me souviens particulièrement qui était atroce. J’ai joué L’annonce faite à Marie qui est une des pièces qui m’a le plus bouleversée, j’étais toujours dans des états émotionnels très puissants et un jour, au lieu de pleurer, j’ai ri, j’ai tellement ri. Je ne pouvais plus m’arrêter de rire.
Premières larmes que tu as eues en tant que spectatrice ?
Devant un film. Ces premières larmes m’ont renvoyées vraiment à ma condition de future femme, artiste, c’était devant le Camille Claudel de Bruno Nuytten, avec Adjani. Camille Claudel que je voyais dans cet abandon, cette dévotion, cet acharnement au travail et sa ferveur, Adjani est traversée littéralement par les passions et la condition de cette femme. Je savais qu’elle me parlait de quelque chose d’extrêmement profond qui me concernait.
Première mise à nu ?
C’est grâce à Emmanuel Mérieux. Il m’a dépouillé notre ami Emmanuel. On préparait De beaux lendemains de Russell Banks et on travaillait dans ma cuisine comme face caméra. On a très peu répété sur le plateau mais beaucoup dans la cuisine. J’étais enceinte, et puis il me disait : « Non, non mais arrête ne me fais pas tous les personnages. Pas besoin du Muppet Show. Je veux savoir ce que ça lui fait à elle ! Laisse-toi traverser par les courants profonds du texte ! » Donc il m’a débarrassé des fausses idées qu’on a sur un personnage ou une phrase, il faut la laisser circuler en soi.
Première fois sur scène avec une idole ?
(Éclats de rires) oh putain, je n’ai pas d’idole, merde, fait chier. (Rires) J’ai aimé mes partenaires. C’est quoi une idole ?
Première interview ?
Je ne m’en souviens pas du tout.
Premier coup de cœur ?
Pour un journaliste ? (Rires) de quel coup de cœur parlons-nous ? Je n’ai que ça des coups au cœur.
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