La plasticienne et metteuse en scène Aurélia Ivan propose un objet hybride, Si la voiture est fétiche, l’accident de l’est pas, au Théâtre de la cité internationale. Une réflexion composite sur la place de la voiture dans notre société.
Après La chair de l’homme en 2009, Cap au pire en 2016 et Aujourd’hui en 2018, la metteuse en scène, interprète et plasticienne Aurélia Ivan présente sa nouvelle création transversale au Théâtre de la cité internationale. La scénographie est également signée de la main de Sallahdyn Khatir, pour leur deuxième collaboration. D’origine roumaine, Aurélia Ivan s’est formée à l’Ecole supérieure nationale des arts de la marionnette de Charleville-Mézières. Son travail se positionne donc à la croisée du théâtre de marionnettes et des arts plastiques. Avec cette nouvelle création l’artiste propose une réflexion autour de l’“objet-sacré” par excellence : la voiture. Symbole de liberté et d’individualisme, la voiture questionne l’artiste bien au-delà des considérations écologiques contemporaines.
Sur scène trônent d’étranges sculptures translucides surplombées d’un mur de béton troué d’alvéoles. Des briques transparentes au sol réfractent les lumières stroboscopiques des phares de voitures… Un accident vient-il d’avoir lieu ? Sommes-nous sur la piste d’un stand de crash test ? Les sculptures sont en réalité des moulages réalisés à partir d’éléments de voitures dissociés d’une voiture : une aile, le toit… Dans ce décor, les bruits de moteurs sont omniprésents et nous accompagneront tout au long de la pièce.
Trois tableaux vont s’enchaîner, comme trois actes, encadrés d’un prologue et d’un épilogue. Les attributs de la performance artistique ne sont jamais loin : en guise d’introduction Aurélia Ivan s’approche du bord de scène, un liquide fumant (de la glycérine végétale) entre les mains, qu’elle déverse dans un cadre photo. Le mélange vient capturer la photographie d’un accident de voiture en noir et blanc, qui vient s’imprimer en négatif sur la glycérine solidifiée. Ce sera le propos métaphorique de la pièce : étudier, en négatif, l’empreinte que laisse la voiture dans nos vies et dans nos corps. Comment celle-ci façonne-t-elle nos villes, notre rapport au temps, au déplacement, aux loisirs, à la consommation et aux autres ? Comment renouer avec nos territoires, les rendre habitables et non plus circulables ? “La voiture est un signe, elle est un mode d’expression de tas de choses, elle est une scène, elle est un théâtre” explique Aurélia Ivan tout en effectuant un pas de deux avec le capot d’une Renault 4L. L’artiste ploie sous le morceau de tôle, deux fois plus quand qu’elle, joue avec la lumière qu’il reflète. Lutte ou valse ? On ne sait plus très bien.
Aurélie Ivan est accompagnée sur scène de la voix de contreténor du jeune et époustouflant Virgile Pellerin et de Bogdan Hatisi. Leurs corps sont sans cesse entravés par des éléments plastiques, on ne les distingue qu’à travers des vitres ou des plexiglas. Ici pas de personnages, mais plutôt des porte-voix d’extraits d’un corpus composé principalement de deux essais philosophiques : Jeux – Les cahiers de médiologie, de Jean Baudrillard (philosophe et théoricien français) et L’idéologie de la bagnole, d’André Gorz (journaliste et essayiste).
Avec “Si la voiture est fétiche, l’accident ne l’est pas”, Aurélia Ivan pose côte-à-côte les arts plastiques, le chant lyrique et la philosophie. Est-ce suffisant pour faire théâtre ? La question reste ouverte, l’artiste nous propose une réponse bien à elle, transversale et hybride, à travers un langage scénique déroutant, où la matière est au centre du propos.
Fanny Imbert – www.sceneweb.fr
Si la voiture est fétiche, l’accident ne l’est pas
conception et mise en scène Aurelia Ivan
seront cités dans le spectacle des extraits de Jean Baudrillard, André Gorz et de L’Autoguide Rousseau
sculptures et espace Aurelia Ivan et Sallahdyn Khatir
avec la participation de Loraine Mercier
créé en collaboration avec Bogdan Hatisi et Virgile Pellerin
Préparation et laboratoires Dalila Khatir
son Nicolas Barillot, Antoine Pinçon, Samuel Chabert
lumière Sallahdyn Khatir
regard extérieur Johnny Lebigot
assistante artistique Maria Gamboa
régie générale Philippe Jasko
direction de production Antoine Blesson
administration de production Jason Abajo
production Tsara
coproduction Le Quartz scène nationale de Brest, Théâtre de la Cité internationale – Paris, Les Bords de Scènes – Théâtres et Cinémas – Juvisy-sur-Orge, Espace Lino Ventura – Garges-lès-Gonesse, Les Passerelles – Scène de Paris-Vallée de la Marne – Pontault-Combault, L’Onde Théâtre Centre d’art de Vélizy-Villacoublay, Théâtre de Vanves scène conventionnée d’intérêt national.
avec le soutien de la DRAC Île-de-France – ministère de la Culture, de la Région Île-de-France, du Conseil départemental du Val-de-Marne, du Conseil départemental de l’Essonne, de la SPEDIDAM, d’Arcadi, de la Ville de Lardy, de la Scène de recherche – ENS Paris-Saclay et de la Fileuse – Friche artistique de Reims.
en partenariat avec le groupe Renault – Centre technique de Lardy et l’ENS Paris-Saclay
L’association Tsara est soutenue par la Région Île-de-France au titre de la Permanence Artistique et Culturelle.
Création le 18 novembre 2022 au Collectif 12 à Mantes-la-Jolie
Durée 1h20
Théâtre de la Cité Internationale
du 5 au 17 décembre 2022
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