Germaine Acogny et Mikaël Serre livrent une pièce cinglante et teintée d’ironie pour alerter sur la construction d’un port marchand à Toubab Dialaw au Sénégal. Un projet qui met en danger la population mais aussi l’Ecole des Sables, centre de la danse contemporaine africaine, dénoncé dans un ensemble fourre-tout.
Au milieu du désert, elle fait danser la lune, le soleil et les étoiles (c’est comme ça qu’elle nomme les fesses, la poitrine et le pubis). Grande figure de la danse contemporaine africaine, la chorégraphe Germaine Acogny créait en 2004 l’Ecole des sables, carrefour de la danse en Afrique à Toubab Dialaw, au Sud de Dakar. Là, elle a développé une esthétique où s’entrelacent les techniques de danse africaine avec des influences de danses qu’elle a traversé dans sa carrière, grâce à une approche du mouvement lié à la nature environnante.
Dès 2018, elle alertait sur projet de construction d’un grand port marchand (le port de Ndayane), qui menace ce centre névralgique de la danse africaine, en même temps que l’écosystème de ce petit port de pêche. Dialaw Project, mis en scène avec Mikaël Serre, dénonce ce désastre annoncé dans une forme théâtrale constellée de vidéo, qui dénonce au passage les effets du néo-colonialisme et la complexité des liens entre Afrique et Occident. L’ensemble est brut de décoffrage et un poil fourre-tout. Celles et ceux qui s’attendaient à voir de la danse vont être déçus.
Un jeune diplomate qui excelle dans l’art de la langue de bois devant une présentation powerpoint, un dialogue musclé entre les allégorie de l’Union Européenne et de l’Afrique, une tirade sur les paradoxes d’être issu de la diaspora africaine lors d’un séjour en Afrique… Dialaw Project soulève une myriade de questions sur les effets actuels du colonialisme de manière frontale, explicite, souvent teinté d’ironie. Sur un grand écran, les paysages de Toubab Dialaw sont projetés, en alternance avec certaines scènes jouées sur scène (notamment l’intimité d’un lit) mais aussi le visage de Germaine Acogny, qui apparait comme une figure énigmatique, presque spirituelle. Un ensemble très chargé, pour véhiculer un message on ne peut plus clair : la construction du port équivaut à une catastrophe sociale. La danse est quasiment absente de la pièce. Comme pour dire que ce projet est synonyme de la disparition de la danse d’Acogny ?
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Dialaw Project
Conception Fluide Ensemble
Mise en scène Mikaël Serre
Textes de Hamidou Anne, Ian de Toffoli & le Fluide Ensemble
Dramaturgie Jens Hillje
Assistante à la mise en scène Anaïs Durand Mauptit
Collaboration artistique Ninon Leclère
Auteur et mythologue Ian de Toffoli
Auteur et politologue Hamidou Anne
Scénographie John Carroll
Costumes Jah Gal Doulsy
Vidéo Martin Mallon
Musique Ibaaku & Antonin Leymarie
Lumières et direction technique John Carroll
Avec Germaine Acogny (en vidéo), Hamidou Anne, Anne-Elodie Sorlin, Pascal Beugré-Tellier, Stéphane Soo MongoProduction Le Fluide Ensemble
Coproduction Le Monfort Théâtre, Théâtre de la Ville-Paris, Africologne, Festival «Perspectives» Saarbrücken, Les Théâtres de la ville de Luxembourg, CDN Théâtre des 13 Vents, Théâtre-Cinéma de Choisy-le-Roi.
Résidence de création au Sénégal Jant-Bi, L’Ecole des Sables, Toubab Dialaw
Résidence de création en Europe : LE CENTQUATRE-PARIS, Le Montfort Théâtre, Paris
Aide à la commande d’écriture Les 13 Vents CDN de Montpellier
Avec le soutien de l’Institut Français, de l’AFD et du Fonds Transfabrik – Fonds franco-allemand pour le spectacle vivant,
Avec le soutien à la diffusion de la Ville de Paris
Projet soutenu par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, et par le Ministerium für Kultur und Wissenschaft des Landes Nordrhein-Westfalen
Remerciements à l’Opéra national de Lorraine pour la mise à disposition d’un élément scénique, au Théâtre de la Ville, à la cie La Part des AngesDurée 1h40
du 19 au 23 décembre 2023
Les Abbesses Théâtre de la Ville
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