Artiste en résidence à la Cité musicale-Metz pour une deuxième saison, Emanuel Gat présente sa nouvelle création à Metz. La musique y tient, comme toujours, une place prépondérante. Ici ce sont les deuxième et troisième actes de l’opéra Tosca de Puccini, dans la version enregistrée en 1965 avec l’immense Maria Callas, avec lesquels le chorégraphe israélien développe un dialogue chorégraphico-théâtral. La belle et sanguine héroïne, créée au théâtre par Sarah Bernhardt, est plongée dans une atmosphère dramatique, issue d’un travail spécifique sur les lumières. Créées par le chorégraphe, celles-ci sont directement inspirées des lieux où la pièce a été conçue : le Studio du Gouverneur de l’Arsenal de Metz et le studio Cunningham de Montpellier.
Contrairement à ce que j’ai pensé pendant de nombreuses années, je vois désormais la chorégraphie (la pratique, les processus et les objets qui en résultent, les œuvres, les événements et toutes les autres manifestations qu’elle peut avoir), comme quelque chose dont la logique et les caractéristiques s’apparenterait au Big Bang. Quelque chose en constante expansion. Une fractale à trois (quatre?) dimensions, voyageant simultanément dans toutes les directions (dimensions?).
C’est un changement majeur par rapport à la perception linéaire et évolutive que j’en avais auparavant : quelque chose qui se déplace du point A au point B vers C et ainsi de suite, collectant au passage des informations, ajustant, ajoutant, révisant, évoluant sur un tracé clair vers un point dans le futur (que cela concerne le processus global et les pièces distinctes).
En regardant en arrière (de haut en bas, sur les côtés et au milieu), je commence à réaliser que cette perception linéaire qui était la mienne n’est qu’un fragment. Une sorte de vision-tunnel au milieu d’un champ radicalement plus large d’événements et de possibilités.
Dans cet espace / situation / événement tridimensionnel et cinétique, le temps ainsi que les idées et les perceptions acquises deviennent fluides et flexibles. Tout peut bouger à tout moment de toutes les manières possibles et dans n’importe quelle direction. Pourtant, étonnamment, rien n’est aléatoire. Une cohérence d’une autre nature émerge, qui semble correspondre davantage à «comment les choses sont».
Début janvier, nous nous sommes retrouvés en studio pendant dix longues journées, après une nouvelle annulation des représentations programmées à l’Arsenal – Cité musicale de Metz. Au terme de ces dix jours, après un processus de création assez improbable et seulement trois mois après la première de #LOVETRAIN2020, une nouvelle œuvre existait pleinement et avec elle, une myriade de nouvelles réalisations.
J’ai le privilège d’avoir les meilleurs compagnons possibles pour ce genre de voyage dans le temps et l’espace. Certaines portes ne s’ouvrent que lorsque certaines conditions sont réunies, et uniquement avec les bonnes personnes: Michael Loehr, Emma Mouton, Thomas Alfred Bradley, Sara Wilhelmsson, Ichiro Sugae, Juhász Péter, Gilad Jerusalmy, Eglantine Bart, Rob Bridger, Rindra Rasoaveloson, Eddie Bruno Oroyan.
Plus rien n’est étrange dans la réalité actuelle. J’imagine que le fait que pour la première fois en 26 ans de travail, j’ai créé une nouvelle pièce sans avoir la moindre idée de quand et où elle sera présentée, ni de ses partenaires co-producteurs, ne semble plus si étrange.
D’abord on fait, ensuite on voit – une bonne devise pour notre temps.
Emanuel Gat
Act II&III or The Unexpected Return Of Heaven and Earth
Emanuel Gat
Musique : Giacomo Puccini, Tosca, Act II & III (enregistrement de 1965, dirigé par Georges Prêtre).
Interprétation : Maria Callas (Tosca), Carlo Bergonzi (Carvadossi), Tito Gobbi (Sciarpa)Chorégraphie, set et lumières : Emanuel Gat
Direction technique : Guillaume Février
Son : Frédéric DuruCréé avec et interprété par : Eglantine Bart, Thomas Bradley, Robert Bridger, Gilad Jerusalmy, Péter Juhász, Michael Loehr, Emma Mouton, Eddie Oroyan, Rindra Rasoaveloson, Ichiro Sugae, Sara Wilhelmsson
Company Manager : Marjorie Carré.
Coordinatrice de production : Antonia AudayUne production d’Emanuel Gat Dance, co-produit par Arsenal – Cité Musicale, Metz, Festival Montpellier Danse 2022, Bolzano Danza 2022. Emanuel Gat Dance bénéficie du soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur au titre de compagnie conventionnée, de la Région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Conseil Départemental des Bouches du Rhône. Première résidence de création à l’Arsenal – Cité Musicale, Metz, janvier et octobre 2021 et à l’Agora-Cité Internationale de la Danse, Montpellier, septembre 2021.
Arsenal – jeudi 7 oct. 2021 – 20h
28-29 octobre, Act II&III – Tanz Festival Rhein-Main, Frankfurt LAB, Frankfurt
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