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Charte : les autrices en quête d’égalité

Actu, Théâtre
Charte Egalité Autrices
Charte Egalité Autrices

Photo Blandine Le Cain / Flickr

Les Etats Généraux des Ecrivaines et Ecrivains de Théâtre et les Ecrivains Associés de Théâtre ont mis au point une charte « Egalité des Autrices de Théâtre » afin de rétablir la parité entre les dramaturges.

En décidant de ne monter que des textes d’autrices jusqu’à la fin de son mandat, « voire au-delà », le directeur du TNS, Stanislas Nordey, a mis le doigt sur l’un des points noirs du monde culturel : le manque criant de parité entre les autrices et les auteurs de théâtre. Afin d’y remédier dans la durée, les Etats Généraux des Ecrivaines et Ecrivains de Théâtre (EGEET) et les Ecrivains Associés de Théâtre (EAT) ont mis au point une charte « Egalité des Autrices de Théâtre » – qui s’accompagnera prochainement d’une charte sur la rémunération et d’une autre sur l’éducation artistique et culturelle – fondée sur les travaux d’une commission Autrices composée d’une vingtaine de professionnels.

Le constat, qui repose sur le huitième Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication paru en mars 2020, sur un rapport du Conseil national du Livre et sur une série d’enquêtes conduites auprès de comités de lecture, parait, dans un premier temps, plutôt heureux puisque 57% des aides publiques à l’écriture ont été accordées à des autrices en 2018. Sauf qu’à l’étape de la programmation, la proportion de femmes diminue de moitié, tout comme le nombre de textes d’autrices édités. « Pour les autrices, c’est la double peine puisque moins elles sont jouées, moins elles sont publiées », observe la romancière, Dominique Chryssoulis. Afin de réinstiller une dose d’égalité, le charte édicte une batterie de mesures : une composition paritaire des comités de lecture, l’anonymisation des textes proposés, des textes retenus nourrissant davantage la programmation des théâtres concernés, une communication sur le pourcentage de textes de femmes et d’hommes reçus et retenus par les comités de lecture, sur les candidatures de femmes et d’hommes reçues et retenues pour les lieux de résidence et sur les manuscrits de femmes et d’hommes reçus et publiés par les maisons d’édition.

Depuis 2010, aucun Molière de l’auteur n’a été remis à une femme

Sur le volet programmation, les membres de la commission Autrices observe des difficultés d’accès des auteurs et autrices au plateau s’ils ne sont pas eux-mêmes metteurs ou metteuses en scène. Selon le rapport de Stéphanie Chaillou sur « La place des écritures contemporaines et des auteurs dramatiques vivants francophones », 61% des textes programmés en 2016-2017 sont ceux d’autrices ou d’auteurs eux-mêmes metteurs ou metteuses en scènes. 16% procèdent d’une écriture de plateau et 55% de textes pré-existants. Seuls 28% des textes programmés en 2016-2017 ont été écrits par des autrices. « Pis, dans la liste des 10 auteurs dramatiques les plus joués, il n’y a que des hommes et, depuis 2010, aucun Molière de l’auteur n’a été remis à une femme », souligne Sylvie Chenus, autrice, comédienne, formatrice, sociétaire de la SACD et membre du bureau des E.A.T en charge des deux comités de lecture.

Surtout, le revenu moyen perçu à la SACD va à 25% aux autrices et à 75% aux auteurs. Ainsi, 77% de l’argent consacré au spectacle vivant va aux hommes, puisque, dans les CDN, seuls 15% des spectacles sont le fait de femmes et 8% des moyens de production leur sont octroyés. La charte propose donc une éga-conditionnalité des financements pour l’ensemble des structures labellisées : toute structure labellisée avec de l’argent public devrait avoir une programmation paritaire, le financement de celle-ci devrait être conditionnée à la progression de l’égalité femmes/hommes, les dispositifs d’accompagnement vers le plateau, et d’aide à l’écriture ou à la création, devraient respecter les règles de parité, la présence et le renouvellement d’autrices ou d’auteurs associés devraient être systématisés dans le respect des règles de parité dans tous les théâtres publics, quant aux candidatures de duos autrices/auteurs, metteurs/metteuses en scène à la tête des institutions, ils devraient être encouragés dans le respect des règles de parité.

Une transmission paritaire

Or, sur ce dernier point, il y a urgence : selon un décompte réalisé à partir des données fournies par le Ministère de la Culture, en 2020-2021, 1 homme avait été nommé à la tête d’un théâtre national (Rachid Ouramdane à Chaillot) et aucune femme, 5 à la tête d’un Centre dramatique national (Cédric Gourmelon à Béthune, Benoit Lambert à Saint-Etienne, David Bobée à Lille, Nasser Djemaï au TQI et Christophe Rauck aux Amandiers) contre 2 femmes (Pascale Daniel-Lacombe à La Comédie Poitou-Charentes et Julia Vidit à La Manufacture), et 5 à la tête d’une scène nationale (Elie Commins au Lieu Unique, Grégory Cauvin au Carreau, Thierry Bordereau à l’ACB, Arnaud Meunier à la MC2 Grenoble et Maël Grenier au Carré) contre 3 femmes (Séverine Bouisset aux Gémeaux, Christine Malard à Aubusson et Maïté Rivière au Quartz).

En amont, le milieu scolaire a aussi son rôle à jouer pour transmettre le travail des autrices aux plus jeunes. « La valorisation du matrimoine peut être une bonne solution pour offrir des modèles aux autrices, sortir du triumvirat Molière-Corneille-Racine, et permettre à ces mêmes autrices de devenir des classiques et d’accéder à la postérité », recommande l’actrice, autrice, dramaturge, metteuse en scène et chercheuse française Aurore Evain. Dans les manuels scolaires, comme dans les textes étudiés dans les Ecoles supérieures de théâtre, l’autrice Agnès Marietta remarque un manque de parité. Elle déplore, notamment, qu’aucune femme ne soit inscrite au programme de la spécialité théâtre dispensée dans les lycées. La charte préconise donc de sensibiliser les équipes pédagogiques aux stéréotypes sexistes, de leur fournir une bibliographie paritaire avec des auteurs et des autrices de théâtre classique et contemporain, que les écoles supérieures de théâtre donnent à leurs élèves un corpus paritaire de textes et qu’elles veillent à la parité chez les intervenants et les intervenantes, y compris dans les références citées en cours d’histoire du théâtre. « Il faut également prendre garde aux stéréotypes sexistes véhiculés par certains personnages, comme Lady Macbeth, qui peuvent enfermés les jeunes comédiennes dans certains rôles », conclut la maîtresse de conférences à l’université Paris 8, Raphaëlle Doyon.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

12 mars 2021/par Vincent Bouquet
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