Israel Galván et Niño de Elche avaient électrisé la Semaine d’Art en Avignon à l’automne 2020 avec ce spectacle. Leur Mellizo doble réinvente le flamenco contemporain, sous la forme d’un cabaret tout en noirceur à l’énergie bouillonnante.
Israel Galván se reconcilie avec le public d’Avignon. En 2018, sa Fiesta dans la Cour d’honneur avait divisé les festivaliers, les spectateurs partant bruyamment par grappes, manifestant leur mécontentement en tapant sur les marches du gradin du Palais des Papes, comme une réponse à la radicalité de son flamenco. Ce week-end, il a en a été différemment, le public de la salle Benoît XII a ovationné Israel Galván et Niño de Elche à chacune des représentations.
Francisco Contreras Molina, dit Niño de Elche donne le la dès les premières secondes du spectacle, avec un chant qui nous place dans l’arène de Seville, au cœur d’un corrida. Il fait résonner de sa voix puissante les hourras du public dans la Plaza de Toros de la Maestranza. Israel Galván traduit chorégraphiquement ses paroles. Vêtu d’une longue tunique noir, les ongles vernis de la même couleur, arborant des bottes blanches et noires au design contemporain, le danseur ondule.
Le plateau est quadrillé par l’ingénieux dispositif sonore de Pedron Léon et Manu Prieto. Des micros captent chacun des pas frappés au sol, les sons amplifiés résonnent dans la salle. Les chants de Niño de Elche sont à la fois plaintifs et déchirants. Il ponctue ses paroles de borborygmes et d’onomatopées. La langue est scandée, slamée, psalmodiée. Il hypnotise Israel Galván, transporté dans un flamenco frénétique. Un cyclone s’abat dans la salle.
Israel Galván revêt un tablier noir, de ceux que portent les ouvriers dans les mines de charbon. Il écrase avec les pieds des gravillons dans l’obscurité. Un nuage de poussière l’entoure, il se frotte contre les graviers au sol. Les sons stridents de la matière hérissent les oreilles, au rythme d’un puissant chant arabo-andalou qui se déroule telle une prière laïque. Puis le silence laisser retomber la tension, avant un dernier chant, La Malena. Un hommage à la grande chanteuse Magdalena Seda Loreto morte en 1956. « Viva Sevilla » crie Niño de Elche, la lumière rouge s’allume sur le plateau pour une dernière danse, une sévillane, qui fait le pont entre le flamenco traditionnel et celui contemporain de ce Mellizo doble extatique.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Mellizo doble
Avec Israel Galván, Niño de ElcheConception et direction artistique Israel Galván et Niño de Elche
Chorégraphie Israel Galván
Musique Niño de Elche
Lumière Benito Jiménez
Son Pedro Léon
Régie plateau Balbi ParraManagement Marcos Avilès
Production déléguée Carole FierzProduction
Israel Galván Company
Avec le soutien de l’Instituto Nacional de las Artes Escénicas y de la Música (INAEM) du ministère de la Culture et des Sports d’EspagneEspace Cardin de la Ville de Paris
du 1 au 9 février 2023
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