« Darius » a été créée au Théâtre du Chêne Noir dans le Off en juillet 2016 avec Clémentine Célarié et Pierre Cassignard, ce texte, lauréat du prix Durance-Beaumarchais SACD 2014, est une correspondance entre un grand parfumeur déchu et une mère qui cherche à faire vivre à son fils une vie exaltante, malgré le handicap et la fin proche.
Bien souvent, on ignore que le sens qui interagit le plus avec la mémoire est l’odorat. Les parfums sont les réceptacles les plus durables de nos souvenirs. Le fils de Claire, victime d’une maladie dégénérative, n’a plus que deux sens en fonction : l’odorat et le toucher. Elle a l’idée de s’adresser à Paul, afin de lui demander de faire revivre à son fils, par les odeurs, les nombreux voyages qu’il a vécus durant le temps où il pouvait se déplacer librement. Après quelques hésitations, Paul accepte, non pas par empathie mais par défi. Il va ainsi créer « Rochefort sous la pluie », « Rome », « Métro parisien » ou encore « TGV », avant que les règles du jeu ne changent et que Darius demande à ce que soient créées des odeurs d’endroits où il n’est jamais allé, pour continuer à voyager, jusque dans son imaginaire…
Jean-Benoît Patricot s’est fixé un sacré défi de créer une pièce sur les parfums ! Par ses expressions, le texte est littéraire avec quelques accents proustiens dans ses idées et son approche des sens. Les personnages bourgeois (elle est directrice de recherche au CNRS et il est un parfumeur « à l’ancienne »), ne sont pas pour autant stéréotypés. Clémentine Célarié incarne une femme forte, « toujours du côté de la vie », joyeuse malgré l’épée de Damoclès qui plane au dessus de la tête de son fils. Dans « Darius », pas de sensiblerie, quelques surprises et même un peu d’humour.
Ces deux personnages vivent une jolie histoire qui, par sa thématique, effleure des thèmes importants de notre société : les sens, le traitement des handicapés jusqu’à leur sexualité, lorsque Paul accepte de créer « Chiara », du nom de la prostituée qui a fait connaître à Darius sa première expérience.
Le spectacle est agréable, on se laisse prendre et le plaisir olfactif est communicatif. Anne Bouvier aidée de la scénographie Emmanuelle Roy crée une ambiance élégante à plans successifs construite autour d’un bel orgue à parfum en bois. L’envoûtement est complété par la musique de Raphaël Sanchez, oscillant entre Erik Satie et Alexandre Desplat.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
« Darius » de Jean-Benoît Patricot
Mise en scène d’Anne Bouvier, avec Clémentine Célarié, Pierre Cassignard
Scénographe/Plasticienne : Emmanuelle Roy
Musique : Raphaël Sanchez
Lumières : Denis Koransky
Durée : 1h20Du 24/01/2017 au 30/04/2017
Du mardi au samedi à 19h00
Le dimanche à 18h00
Attention aux relâches sur ce spectacle
Théâtre des Mathurins
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